Depuis le succès des sagas Le Triangle Secret et Le Décalogue, on ne compte plus les séries signées par plusieurs dessinateurs réunis sous la maîtrise d’œuvre d’un unique scénariste. Qu’il s’agisse d’albums à multiples dessinateurs ou de séries où chaque opus est confié à un metteur en scène différent, de nombreuses séries franco-belges multi-auteurs ont vu le jour ces dernières années. Et la tendance est loin de s’essouffler, comme nous le démontre ce dossier signé Brieg F. Haslé, initialement paru dans le hors-série proposé par la revue [dBD] lors du Salon du Livre de Paris en mars dernier…
À l’aube des années 2000, face à la déferlante des mangas aux frais de traduction et de publication peu coûteux - qui investirent en 2007 le tiers des ventes BD (sources : Gilles Ratier / ACBD ) -, quelques auteurs et éditeurs se sont demandés comment accélérer leur production sans perdre en qualité. La commune et excellente idée de deux auteurs des éditions Glénat allait inaugurer un nouveau phénomène dans le monde éditorial du 9e art : les séries signées par un scénariste en compagnie de plusieurs dessinateurs…
© Manuel F. Picaud / Auracan.com |
Qu’elle est loin l’époque des Hergé et autre Willy Vandersteen qui créaient leurs albums avec une batterie d’assistants, de décoristes, de documentalistes, d’encreurs, de coloristes… réunis au sein d’un studio de création. Certes, de nos jours, certains auteurs sont toujours assistés, mais rares sont les studios : l’on peut songer à l’équipe qui pérennise l’œuvre de Jean Graton et, dans une moindre mesure, à « l’écurie Martin » qui développe les aventures d’Alix et autres Lefranc, Jhen, Orion ou Loïs. Si certaines plumes « historiques » de la bande dessinée - comme Albert Uderzo, Tibet ou Gilles Chaillet - sont aujourd’hui secondées par quelques assistants et encreurs, nombreux sont les créateurs à toujours œuvrer dans la solitude de leur atelier. Comment, alors, accélérer le rythme des publications ? Faire comme en Asie ou aux États-Unis où des batteries de créateurs anonymes abattent des planches à la chaîne ? Non, la tradition littéraire et graphique de la BD européenne y perdrait son âme et les lecteurs ne suivraient pas. Solution : mettre plusieurs dessinateurs sur une même série.
Les pionniers
Tout commence fin des années 1990 du côté des éditions Glénat. Deux scénaristes maisons - Didier Convard et Frank Giroud - mettent au point, chacun de leur côté, une ambitieuse idée. Un déjeuner avec son éditeur permettra à Didier Convard d’évoquer un vieux projet de roman enfoui dans un tiroir. Passionné par ce que lui raconte l’auteur de Neige, Jacques Glénat propose alors à Convard d’adapter en BD son projet. Du Triangle Secret - une passionnante enquête ésotérique se passant de nos jours, et de façon simultanée, à Paris et à Rome, riche de flash-back historiques - émerge la forme future des albums.
« Du fait de la construction même de mon histoire, se souvient Didier Convard, avec ces nombreux flash-back, tout en évoquant des amis comme André Juillard, Patrick Jusseaume ou Jean-Charles Kraehn, l’idée de confier le dessin à plusieurs auteurs est arrivée. C’est ainsi que différents dessinateurs se sont vus attribuer une partie du récit ».
Paraissent d’avril 2000 à mars 2003 les sept tomes du Triangle Secret. Sous la coordination de l’éditeur Henri Filippini, Convard, maître d’œuvre de la saga, distribue les rôles : le jeune Denis Falque - choisi car « son dessin, très clair, très détaillé, très simple, permettait de faire la liaison avec celui des autres dessinateurs » - dessine les parties contemporaines où agissent les personnages principaux ; Pierre Wachs réalise les scènes se déroulant de nos jours au Vatican ; Christian Gine assume tous les flash-back bibliques où le Christ et ses compagnons apparaissent. Tandis qu’André Juillard imagine l’ensemble des couvertures de la saga et que Paul réalise toutes les couleurs « par souci d’unité », plusieurs dessinateurs sont invités à créer chacun un long flash-back historique présent dans chaque tome : Gilles Chaillet (T1), Éric Stalner (T2), Jean-Charles Kraehn (T3), Patrick Jusseaume (T4), André Juillard (T5), Christian Gine se voyant confier des épisodes bibliques plus longs sur les deux derniers épisodes.
De son côté, Frank Giroud met en place les ressorts - nombreux et complexes - du récit qui le fera entrer dans la cour des scénaristes « bankables ». Pour créer les dix tomes du Décalogue - une saga débutant de nos jours et remontant l’histoire jusqu’en 632, distillant tome après tome les dix commandements de l’Islam, et présentant la particularité narrative d’être lue dans les deux sens -, l’idée de confier chaque épisode à un dessinateur différent mûrit rapidement dans l’esprit du scénariste.
« Le fait, remarque Giroud, que chaque dessinateur n'ait eu à s'occuper que d'un seul album m'a permis de travailler avec des gens dont j'adorais le travail, mais qui n'auraient jamais pu, faute de temps, se lancer à mes côtés dans une série traditionnelle. »
Mettant en place la liste idéale des créateurs avec qui il souhaite travailler, Giroud en contacte une quarantaine :
« Seuls deux ou trois ont refusé par manque d'intérêt, les autres n'ont pas réussi à se libérer. Surtout lorsque Jacques Glénat a décidé de sortir la série, non plus sur trois ans, comme prévu au départ, mais sur deux. Certains dessinateurs très tentés par l'aventure se sont alors désistés, comme Ferrandez, Rossi ou Labiano. »
C’est ainsi - et c’est souvent une marque de fabrique de ces séries à multi auteurs - que Le Décalogue (10 épisodes parus de janvier 2001 à janvier 2003) bénéficie d’un générique exceptionnel : Joseph Béhé (T1), Giulio De Vita (T2), Jean-François Charles (T3), TBC (T4), Bruno Rocco (T5), Alain Mounier (T6), Paul Gillon (T7), Lucien Rollin (T8), Michel Faure (T9) et Franz (T10).
Surfant sur le succès de ces deux séries, Glénat publie plusieurs ouvrages revenant sur les univers abordés et les genèses de leurs créations : Dans le Secret du Triangle, Géométrie mortelle et Le XIe Commandement, trois études signées par l’historien Luc Révillon. Mais ces deux phénomènes éditoriaux ne s’arrêtent pas là. Comme l’on pouvait s’y attendre, des suites indirectes sont mises en chantier. Question : création artistique ou opportunisme éditorial ? Des témoignages récoltés auprès des intéressés, alors que les « premières saisons » (pour parler en terme télévisuel) de leurs séries étaient en cours, nous font pencher pour la première solution.
Frank Giroud nous déclarait ainsi en janvier 2001 :
« Tous les personnages du Décalogue ne meurent pas tous, loin de là ! Qui peut dire ce qu'ils deviendront plus tard ? Les personnages d'un album pourraient devenir les personnages secondaires d'une autre histoire. Cela permettrait d'avoir un autre regard sur Le Décalogue… ».
C’est ainsi que Giroud inaugure dès 2006 deux séries parallèles : Le Légataire, l’histoire du personnage principal du premier volet du Décalogue (dessins signés Joseph Béhé et Camille Meyer) et Les Fleury-Nadal, une saga à la Rougon-Macquart où certains personnages bénéficient d’albums dédiés : Ninon par Lucien Rollin, Benjamin par Daniel Hulet… Notons que ces nouvelles déviations ne remportent cependant pas le même succès critique et commercial que la série mère dont ils sont issus.
Quant à Didier Convard, il nous avait confié avoir l’idée d’une seconde saison dès le départ : « La concrétisation des quatre tomes d’I.N.R.I. dépendait du succès rencontré par Le Triangle Secret ». C’est ainsi que Convard enchaînera avec I.N.R.I. de 2004 à 2007, une tétralogie dessinée par Denis Falque et Pierre Wachs - sans oublier l’illustre André Juillard pour les couvertures - et un one-shot en août 2006, Hertz, dessiné par les mêmes Falque et Juillard. I.N.R.I. s’étant révélé être un beau succès éditorial, une troisième époque est annoncée pour avril 2009 : Les Gardiens du Sang.
À la différence de la précédente saison, cette nouvelle déviation est un souhait de l’éditeur :
« Une volonté que j’ai partagée avec lui, précise Convard, par goût pour cet univers, et aussi parce que plusieurs dessinateurs des flash-back du Triangle Secret avaient envie de poursuivre l’aventure… notamment Patrick Jusseaume et André Juillard. Et rendons à César ce qui lui revient : c’est Henri Filippini qui m’a fait remarquer qu’il faudrait raconter l’histoire des Gardiens du Sang, soulignant également que cela faisait un excellent titre ! »
L’histoire des Gardiens du Sang sera contemporaine, « le récit se déroulant essentiellement dans le milieu de la génétique. Nous retrouverons le principe de flash-back » dont le premier sera assuré par Patrick Jusseaume, chaque tome étant composé de 44 planches signées Falque et de dix planches de flash-back réalisées par un dessinateur invité. Couvertures d’André Juillard : on ne change pas une équipe qui gagne !
Un phénomène généralisé
Il n’est plus un grand éditeur de bande dessinée qui n’ait aujourd’hui sa série à auteurs multiples. Pionnier du genre, Glénat développe le concept et multiplie les séries : Voyageur, Uchronie[s], Les Gardiens du Sang, L’ultime Chimère… mais n’est plus le seul sur ce lucratif marché éditorial. Tour de la question et de ce qui se mijote chez les uns et les autres…
Fort de l’immense succès du Décalogue (dont les ventes dépassèrent celles du Triangle Secret), Frank Giroud a signé Quintett chez Dupuis, une intéressante suite mise en images par Cyril Bonin (T1), Paul Gillon (T2), Steve Cuzor (T3), Jean-Charles Kraehn (T4) et Gianfranco Alessandrini (T5). Particularité narrative : les quatre premiers volets donnent chacun le témoignage de l’un des protagonistes, le dernier opus levant le voile sur le drame qu’ils vécurent ensemble sans le comprendre. Giroud signe ici une construction narrative particulièrement complexe et joliment maîtrisée.
Toujours chez Dupuis, au sein d’une démarche peut-être moins littéraire - le lancement de cette série était en effet accompagné d’un plan de communication sentant à plein nez le concept éditorial -, le jeune scénariste Alcante a développé Pandora Box, une lecture moderne des sept pêchés capitaux. Souvent pertinents, les albums signés Didier Pagot (T1 et 8), Radovanovic (T2), Steven Dupré (T3), Roland Pignault (T4), Érik Juszezak (T5), Alain Henriet (T6) et Damour (T7) sont parus entre janvier 2005 et mars 2006.
Déviations et invitésLa mode est aussi de faire intervenir des auteurs invités sur des séries animées par leurs créateurs. L’on songera notamment à Kookaburra Universe, une série complémentaire à Kookaburra permettant à différents auteurs de développer des personnages et des époques se rattachant à l’univers créé par Didier Crisse. Ainsi sont déjà parus chez Soleil cinq albums signés Crisse (T1), Ange (T2 et 3), Jean-Charles Gaudin (T4), Tackian et Miquel (T5) au scénario, et Mitric (T1), Paty (T2 et 3), Briones (T4), Ludo Lullabi (T5) au dessin. Dans le même ordre d’idée, Joann Sfar et Lewis Trondheim, les créateurs des hilarants mondes de Donjon (Delcourt) donnent carte blanche à de nombreux collègues dessinateurs sur les excellents albums de Donjon Monsters. BFH |
Même volonté de proposer des dates de parutions très rapprochées aux éditions Delcourt avec la série L’Histoire secrète imaginée par le scénariste Jean-Pierre Pécau. Afin de dynamiser les publications, les débuts en librairie de cette uchronie historique, principalement mise en images par le dessinateur croate Igor Kordey (T1 et 2, T6 à 10), ont été « boostés » par la collaboration de Goran Sudzuka et de Léo Pilipovic sur les tomes 3, 4 et 5, Kordey reprenant la barre dès le tome 6.
Mais, reconnaissons-le, la palme des séries à multiples auteurs revient indéniablement aux éditions Glénat. Ainsi, l’année 2007 a vu paraître Voyageur, la nouvelle série née de l’imagination de Pierre Boisserie et Éric Stalner. 2008 voit également paraître les premiers tomes des séries Uchronie[s] de Corbeyran et L’ultime Chimère de Bollée.
Comme le précise Boisserie, co-scénariste et dialoguiste de Voyageur :
« Le projet est né dans le bureau de Didier Convard, directeur de collection chez Glénat, le jour où j’ai évoqué l’idée d’une même histoire qui se déroulerait sur plusieurs époques et que l’on raconterait de différents points de vue. Je lui ai parlé de ce voyageur qui serait jeune dans le futur et qui devrait remonter le temps pour le préserver, avec des enjeux différents pour chaque époque. D’où l’intérêt d’attribuer à chacune un dessin spécifique. Il a donc tout de suite été question de travailler avec plusieurs dessinateurs, tous des amis, que l’on connaissait déjà et dont on savait qu’ils s’impliqueraient totalement. »
C’est ainsi que cette nouvelle série, prévue en 13 tomes, est mise en scène par Éric Stalner, également co-scénariste (cycle « Futur », tomes 1 à 4), Marc Bourgne (cycle « Présent », tomes 5 à 8), Lucien Rollin (T9), Siro (T10), Éric Lambert (T11) et Éric Liberge (T12) pour le cycle « Passé ». Enfin, Juanjo Guarnido, auteur de l’ensemble des couvertures de la saga, mettra également en images le dernier épisode que Stalner devait initialement dessiner. Débutée en mars 2007, la série Voyageur s’achèvera en mai 2011.
Le pari fou de BonifayIl existe un autre cas de figure avec l’incroyable - pour ne pas dire improbable - pari de Philippe Bonifay d’adapter en BD La Compagnie des Glaces, la saga fleuve du romancier G.J. Arnaud (plus de 12.000 pages chez Fleuve Noir !). Pour se faire, le scénariste, qui a prévu pas moins de 100 albums, a créé un studio de création. Pas un studio à l’ancienne, mais un studio virtuel où chacun participe via Internet : « Le traditionnel studio BD ne convient pas, il faut l'adapter selon le principe des studios de dessin animé : un grand nombre d'intervenants, des techniques pointues, l'utilisation de l'informatique... ». C’est ainsi qu’au fil des mois, les participants du studio Jotim se succèdent aux commandes, et la chaîne de création est longue : Ann Boinet accumule la documentation ; Philippe Bonifay et Pascale Sorin élaborent scénario et dialogues ; Christian Rossi (1er cycle), Béatrice Tillier, Olivier Brazao et Olivier Boiscommun (2e cycle) signent les roughs des futures planches ; une batterie de dessinateurs (parmi lesquels Jérôme Lereculey, Thierry Maurel, Juliette Derenne, André Le Bras, Lee Oaks, Loïc Malnati, TieKo, Jim, Jean-Marie Michaud…) se partagent les tâches (personnages principaux et secondaires, créatures, décors, véhicules…) ; Pascale Sorin « monte » les planches avec les dessins de chacun ; un encreur et une dizaine de coloristes interviennent ; Lidwine (1er cycle) et Béatrice Tillier (2e cycle) illustrent les couvertures. Malgré un début discutable - difficile en effet d’obtenir une cohésion graphique convaincante -, la machine est aujourd’hui mieux huilée : Dargaud Benelux a déjà publié douze opus de cette monumentale adaptation. Ira-t-elle à son terme ?… BFH |
Les nouveautés 2008
Pour sa part, Corbeyran - qui a récemment rejoint Glénat où il signe avec Rollin la trilogie Back World - a inauguré en janvier dernier Uchronie[s]. L’histoire narre celle d’un prescient, un homme capable de voir d’autres réalités par-delà la nôtre et d’influer sur la liberté de pensée et d’action de ses concitoyens… Découpée en trois cycles de trois opus - New Byzance, New Harlem et New York -, la série est respectivement mise en images par Éric Chabbert, Tibéry et Djilali Deffali. Un ultime tome dessiné par Éric Chabbert viendra clore l’ensemble, tandis que Richard Guérineau signe toutes les couvertures.
Dans un registre différent, mais tout autant ambitieux, Laurent F. Bollée voit grand avec L’ultime Chimère, une nouvelle saga en sept tomes publiée de mars 2008 à janvier 2011. En compagnie d’un joli générique de dessinateurs - Griffo (T1 à 5 et T7), Héloret (T1 et 3), Brice Goepfert (T2), Philippe Aymond (T2), Olivier Mangin (T3, 5 et 6), Fabrice Meddour (T4) -, Bollée entreprend de nous raconter, du 26e siècle av. J.-C. à 2129, l’incroyable histoire de la flèche de Nemrod, connue pour être l’arme la plus dangereuse de l’histoire de l’humanité…
Bollée nous précise qu’il a « toujours privilégié un côté assez éclaté du découpage, avec des récits qui ne sont linéaires ni dans le temps ni dans l'espace. Le projet de L'ultime Chimère a été conçu dans ce sens, avec six périodes bien identifiées. C'était assez logique de penser que ce serait parfait pour une équipe à multiples dessinateurs. Maintenant, ce n'était pas à moi de décider : trouver ne serait-ce qu'un dessinateur qui soit libre m'a toujours été très difficile, alors six d'un coup, vous imaginez... J'ai donc préparé le terrain pour cette solution en concevant le projet : si l'éditeur le souhaitait, il était possible de le faire. J'avoue que je l'espérais, parce que j'avais envie de partir sur cette voie et que ça me semblait plus logique et excitant. Je suis donc ravi que Glénat ait tout de suite joué le jeu ! »
Ici aussi, à l’image d’autres sagas comme Le Triangle Secret, Voyageur ou Uchronie[s], toutes les couvertures seront signées par une personnalité participant à l’aventure : Griffo en l’occurrence, principal dessinateur des 7 volets de L’ultime Chimère. Les râleurs pourront râler et les amateurs se réjouir !
De son côté, de septembre à novembre 2008, Dargaud se prépare à faire parler de la nouvelle série Empire USA, programmée de manière à ce que le dernier tome paraisse durant les élections présidentielles américaines. Le belgo-américain Stephen Desberg - scénariste à succès des séries IR$ et Le Scorpion - inaugure cette nouvelle série contemporaine composée de 6 tomes : « un projet énorme qui me tient à cœur avec six dessinateurs dont la galerie de personnages est réalisée par Marini et Reculé. » Au générique, nous retrouvons Griffo (décidément très productif), auteur de toutes les couvertures et des tomes 1 et 4, tandis que les autres opus seront mis en images par Alain Mounier (T2), Érik Juszezak (T3), Daniel Koller (T5) et Henri Reculé (T6). Sans oublier, deux guest stars de choix : Enrico Marini signe les dessins préparatoires des principaux personnages de la série, tandis que le scénariste Yann participe à la conception des dialogues… En sus d’un album transitoire à paraître en 2009, un second cycle (une « saison 2 » comme le formule l’éditeur) est déjà annoncé pour 2010…
Enfin, de nouveau chez Glénat, Frank Giroud peaufine le lancement de Destins : une série à multiples auteurs réunissant la fine fleur des scénaristes en vue du moment. Comme l’a fort bien formulé notre ami et collaborateur Manuel F. Picaud : « Dans quelques mois commencera cette nouvelle série qui associera une vingtaine de dessinateurs et scénaristes. Encore plus fort que la collection Sept qui rassemble chez Delcourt sept dessinateurs et sept scénaristes sur des histoires où le chiffre 7 est le fil rouge… Avec Destins, Frank Giroud propose l’écriture de plusieurs destins possibles pour son héroïne dont il démarre l’histoire sentimentale et dramatique : Destins est construit comme un arbre de décision correspondant aux dilemmes qui se posent à l’héroïne. Les albums qui suivront le premier tome répondront à une option de son destin. » Au scénario, nous retrouverons ainsi Philippe Bonifay, Pierre Christin, Éric Corbeyran, Florent Germaine, Virginie Greiner, Kris, Pierre Makyo, Valérie Mangin, Matz, Frédéric Richaud et Rodolphe.
Certains des titres ici évoqués le montrent : les lecteurs apprécient pouvoir disposer de deux à trois nouveaux tomes d’une même série chaque année, et les éditeurs ont saisi les enjeux de développer des sagas à épisodes aux sorties rapprochées. En cette période de folle production, où l’amateur n’a que l’embarras du choix et préfère parfois attendre plusieurs années pour acquérir une série complète qui ne frustrera pas son impatience et ses envies de découvertes, la solution inaugurée, plus ou moins volontairement, par Convard et Giroud a depuis fait des petits. Ne parlons plus de nouveau phénomène éditorial : envisageons désormais ces séries franco-belges à auteurs multiples comme un genre à part entière.
Propos des auteurs recueillis par Brieg F. Haslé entre 2001 et 2008 Article initialement publié, sous une forme différente, dans [dBD] Spécial Salon du Livre de Paris 2008 Visuels © les auteurs et leurs éditeurs |