Casterman
perdrait-elle déjà son âme?!
La
semaine dernière, Gianni Valardi, l'administrateur délégué
de la branche livres de Rizzoli est venu en Belgique pour
s'expliquer quant aux stratégies de son groupe. Les journalistes
du quotidien belge Le Soir en ont profité pour recueillir
ses confidences.
Rappelons que le groupe milanais, a racheté l'année dernière
l'éditeur parisien Flammarion, alors propriétaire de Casterman.
L'homme
se veut rassurant quant à la pérennité des éditions Casterman
et Flammarion: « Chaque maison doit continuer à développer
sa propre personnalité. Le développement du livre illustré
repose sur deux critères: l'identité et la continuité éditoriale.
Chaque maison d'édition est dépositaire de son histoire;
c'est à conserver, sinon on fait des dégâts ».
Gianni Valardi souhaite développer des synergies éditoriales
entre la France, l'Italie et la Belgique et bénéficier du
savoir-faire de Casterman en matière de bande dessinée qui
a beaucoup à apporter à l'Italie où le groupe Rizzoli est
plus faible en cette matière.
François
Schuiten, l'auteur des Cités Obscures, n'est pas
de cet avis: « Quel est le poids de Casterman au sein
d'une structure aussi grande que Rizzoli ? Une réelle inquiétude
croît chez les auteurs, pas seulement due au rachat. En
lançant actuellement la nouvelle collection «Forte Têtes»,
les nouveaux responsables de Casterman choisissent des voies
éloignées de ce que Casterman a toujours voulu faire, c'est-à-dire
une politique éditoriale ambitieuse est exigeante. [.] Au
profit d'une hypothétique rentabilité, le risque se résume
à perdre l'image Casterman. »
Jean-Claude
Servais souligne que la tendance actuelle des auteurs
est au «tour d'attente». Certains, tels que Tardi, Ferrandez
ou Boucq, sortent un ou deux albums chez d'autres éditeurs
au cas où.
Il
semble que la plupart des locomotives éditoriales de l'éditeur
du reporter à la houppe attendent désespérément une politique
éditoriale stable, cohérente et ambitieuse. Il serait dommage
que ceux-ci roulent sur d'autres voies.
NA
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