Caza,
de la Terre Fixe à l'animationL'uvre de l'une des figures
de proues de la première version du magazine Métal Hurlant,
au milieu des années 1970, vit une seconde jeunesse aux éditions
Delcourt. Philippe Caza y a republié l'ensemble des Chroniques
de la Terre Fixe : Le Monde d'Arkadi, tomes 1 à 6. L'auteur
n'a pas lésiné sur les moyens. Les découpages de certaines
planches du premier album ont été adaptés afin d'y apporter
une autre énergie. Un véritable travail artistique, puisque des
cases ont été également modifiées et toutes les couvertures
redessinées. Philippe Caza est enthousiaste de voir enfin le sixième
et (provisoirement) dernier album des Chroniques de la Terre Fixe réédité
: "Noone vient de paraître. J'ai attaqué début septembre
le septième tome, Le Château d'Antarc. Le synopsis et le découpage
sont terminés". Paradoxe truculent, Caza est édité
dans une maison d'édition au catalogue largement fourni en science-fiction
et où la moyenne d'âge des auteurs ne doit pas dépasser les
trente-cinq ans. Lorsqu'on lui fait remarquer qu'il existe une filiation entre
son travail et ceux de ces jeunes auteurs, Philippe Caza reste modeste : "Je
suis moi aussi un jeune auteur Delcourt, vu que je n'y suis publié que
depuis trois ans ! (rires). Il est vrai que certains apprécient
mon travail. Cela me fait plaisir quand l'un d'eux vient me voir avec les yeux
pétillants en me disant qu'il a collectionné tel objet. C'est d'autant
plus gai lorsque j'ai moi aussi de l'estime pour leur travail. Claire Wendling,
par exemple, me parlait récemment d'une boîte d'allumettes, éditée
par Dargaud, avec un de mes dessin. Je ne m'en souvenais qu'à peine".
Parallèlement à la réalisation du septième
Chroniques de la Terre Fixe, Philippe Caza supervise
la réalisation d'un film d'animation, Les Enfants
de la Pluie. L'auteur a donné le premier coup de
crayon sur des esquisses en 1997, et y a consacré l'essentiel
de son temps pendant dix-huit mois.
Caza a signé lui-même cette adaptation du roman
A l'image du Dragon de Serge Brussolo. Le dessinateur
qualifie le récit d'horrible, mais terriblement d'actualité
: "Deux peuples vivent dans un monde coupé
en deux, au gré de la saison pluvieuse, et de la saison
sèche
L'une des races vit dans la lumière.
Lorsque le temps est à la pluie, elle va se réfugier
dans les cavernes, sous peine de mourir. L'autre vit dans
l'humidité et se pétrifie lors de la saison
sèche. Rien ne pourrait prédisposer à
une rencontre entre ces deux peuples. Et pourtant, une guerre
naîtra pour des raisons politiques
"
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"La production est franco-coréenne,
explique Philippe Caza. Le réalisateur, Philippe Leclerc, est
actuellement en Corée et surveille l'avancement du studio de réalisation,
co-producteur du film. Par contre, le travail préparatoire a été
effectué par un studio de quinze à vingt personnes, près
de Montpellier. N'habitant pas très loin, je m'y suis rendu tout les deux
jours pour partager mes recherches, superviser la création des personnages,
valider les décors
" Philippe Caza se montre enthousiaste
face à l'implication des nouvelles technologies dans l'animation. Fort
de diverses expériences, dont Gandahar (1978) de René Laloux,
l'auteur analyse leurs répercutions : "Les technologies informatiques
apportent un plus évident, même lorsque l'on crée une image
en deux dimensions. Sur un plan pratique tout d'abord : voyager dans les répertoires
d'un cd est bien plus facile qu'être noyé dans des celluloïds
et des décors papiers. Mais surtout sur un plan artistique : recherches
de couleurs, travail des ombres, des décors modifiables à l'infini
Sans parler des maquettes virtuelles de décors modélisés
en 3D. Ceux-ci permettent de dessiner des décors 2D en réalisant
les meilleurs choix". Grâce à cette méthode de travail,
les graphistes peuvent sélectionner les meilleurs plans et les éclairages
adéquats en y promenant leur caméra dans un monde virtuel. Lorsqu'on
lui fait remarquer que Giraud et Druillet, deux autres maîtres
de la science-fiction, travaillent également pour le dessin animé,
Philippe Caza ne se montre nullement étonné : "Il y a un
renouveau dans l'animation : Pensons aux films japonais, qui commencent enfin
à nous arriver, et également à la technologie Flash. Il est
donc tout naturel que certains graphistes travaillent pour ces médias." Rendez-vous
pris le 2 avril 2003, pour la sortie du film dans les salles obscures françaises
A
l'heure où l'éternelle polémique des dédicaces rejailli
sur différents forums de discussion, Philippe Caza nous dévoile,
à travers un texte sarcastique,
un regard particulièrement éclairé sur l'accueil des auteurs
dans les festivals. |
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