Mattotti,
entre voyages et confidences
L’artiste italien nous propose deux ouvrages atypiques publiés
au Seuil : un carnet de voyage dans la jungle du Cambodge et un carnet
de croquis dans l’intimité d’une chambre…
L’Italien de Paris
Lorenzo Mattotti est né en 1954. Après
des études
d’architecture à Venise, il s’oriente vers le
graphisme. Au début des années 1980, il fonde avec
d’autres
dessinateurs qui souhaitent renouveler l’esthétique
et le langage de la bande dessinée, le groupe Valvoline. En
1984, il réalise Feux, un ouvrage qui est considéré comme
un événement dans le monde de la bande dessinée
et qui remportera de nombreux prix internationaux. Durant les années
1990, il illustre des livres pour enfants, de Pinocchio à Eugenio (Grand
Prix de Bratislava 1993, une des plus grandes distinctions de l’édition
jeunesse.) Tout en dessinant de nombreuses illustrations pour des
journaux américains et européens (Le Monde,
Télérama, The New Yorker, Vanity, Libération…),
il imagine également des albums de bandes dessinées
(Le Bruit du Givre (Le Seuil), Caboto, L’homme à la
fenêtre,
Docteur Jekyll et Mister Hyde (Casterman)). Si le travail de
Mattotti, au fil des livres, évolue dans un souci constant
de cohérence,
on y trouve l’éclectisme d’un artiste qui choisit
d’explorer sans cesse de nouveaux territoires. Mattotti poursuit
ses recherches graphiques et picturales, s’imposant ainsi comme
l’un des grands noms de l’illustration contemporaine.
L’artiste
vit aujourd’hui à Paris.
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A la rencontre des temples khmers
Souvenez-vous du hors-série réalisé par le
magazine Géo à la fin 2002 : La bande dessinée part en
voyage, l’occasion pour de grands noms de la bande dessinée
de signer de superbes reportages aux quatre coins du monde. Lorenzo
Mattotti a pris la route du Cambodge pour visiter le site exceptionnel
du temple d’Angkor. Les éditions du Seuil ont la bonne
idée de nous proposer, sous la forme d’un élégant
carnet de voyage, l’intégralité des dessins réalisés
sur place par l’artiste italien. Pour ressusciter la culture
khmère, le dessinateur use de nombreuses techniques : aquarelle,
pastel, fusain, encre de chine… Entre la pierre sculptée
par l’homme et la jungle sculptée par la nature, Mattotti
fait jaillir de ces ruines des éclats lumineux, orange, émeraude… Des
bouddhas hiératiques guident le lecteur qui se mue, au fil des
pages, en voyageur émerveillé. La rencontre de deux êtres
Entre confidences, étreintes et gestes de tendresse, Mattotti
nous invite dans la chambre d’un couple amoureux. En 77 dessins
et sans aucun mot, l’artiste dessine au crayon les attitudes
de deux êtres dans leur intimité. Le lecteur se fait observateur,
contemplateur de ce recueil qui adopte un format à l’italienne… Après
cette balade amoureuse, langoureuse mais jamais voyeuriste, vient l’interrogation
finale. Où est donc passée la femme à la fin de
l’ouvrage ? Est-elle partie, laissant l’homme seul ? Est-elle
juste allée se rafraîchir à la salle de bains avant
de mieux revenir ?… Ces rapides croquis, parfois simplement esquissés,
sont la fidèle reproduction d’un carnet personnel de l’auteur.
Un bel ouvrage.
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