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L'auberge de Tiburce Oger

Parce qu'il désirait travailler avec le dessinateur Patrick Prugne, Tiburce Oger publie chez Casterman L'Auberge du bout du Monde . Conte fantastique, le premier tome de cette nouvelle trilogie narre la venue d'un écrivain parisien en Bretagne. S'installant dans une vieille auberge perdue sur la falaise, il va découvrir une bien étrange histoire et d'intrigantes petites créatures…

L'auberge du bout du monde

L'histoire de la création de cette trilogie est d'abord celle d'une amitié. D'ailleurs, le tome 1 ne lui est-elle pas dédiée ? « Patrick Prugne est un ami depuis plus de quinze ans, confie Tiburce Oger. C'est d'ailleurs lui qui m'avait conduit d'Angoulême à Paris pour signer mon premier contrat. » Après avoir réalisé les séries Gorn et La Piste des Ombres , sans oublier la série jeunesse Orull avec Filippi au scénario, Tiburce Oger a enfin trouvé le temps de lui imaginer une histoire. « Depuis des années, je voulais lui en écrire une. Longtemps, je n'ai pas eu d'idées à lui proposer. » Puis le déclic s'est produit : « J'ai commencé à penser à tout ce que j'aimais bien. Je faisais déjà du médiéval fantastique avec Gorn , du western avec La Piste des Ombres , du conte enfantin avec Orull … Mais j'aime aussi la mer ayant passé une bonne partie de mon enfance en Vendée. J'aime la Bretagne pour avoir fait quelques années d'études à Rennes d'où je partais avec des amis à Erquy et Saint-Malo. J'adore cette région, j'aime beaucoup l'ambiance des fest-noz, des ports et cet esprit d'indépendance que les Bretons ont toujours eu. Avec la Bretagne, j'avais le cadre de ma nouvelle histoire. »

Le cadre étant trouvé, la bonne idée ne s'est pas fait attendre : « Je me suis souvenu de tout ce qui me faisait rêver quand j'étais gamin. Je me suis rappelé Les Contrebandiers de Moonfleet , un film de Fritz Lang, dont je gardais en mémoire des images en noir et blanc se passant dans une auberge au bout d'une falaise… » Ainsi, en se remémorant les récits qui enchantèrent ses jeunes années, l'auteur a établi la trame de son histoire. Celle d'une petite fille qui assiste, sur une grève bretonne, à l'assassinat de sa mère avant de disparaître. Bien des années plus tard, elle revient d'entre les morts… Bonne idée, mais encore fallait-il créer une atmosphère : « J'ai cherché à retrouver les ambiances des récits d'Edgar Allan Poe et de Kipling. L'important pour ces écrivains du XIXe siècle était de raconter une histoire, et non de se raconter. Aujourd'hui, en littérature comme en BD, il existe une tendance à l'autobiographie. C'est souvent bien, mais il y a aussi des lecteurs qui veulent une bonne vieille aventure dans laquelle ils ne sont pas forcément impliqués. » Tiburce Oger n'explique pas l'alchimie graphique et narrative à l'origine de la réussite de ce premier tome. « J'ai juste eu, avoue-t-il modestement, la chance d'attraper la bonne histoire au bon moment… et d'avoir trouvé le bon dessinateur aussi. Patrick s'est totalement remis en question : il a fait des recherches pendant un an avant de se lancer sur l'album. Nous nous sommes bien compris tout au long de la création du bouquin. » Un bouquin à découvrir en attendant sa suite : « Moins j'en dévoilerai pour le moment, plus, je pense, cela intéressera le lecteur. »

Article initialement parus dans le n°80 de « La Lettre de Dargaud ».
© Brieg Haslé – La Lettre – 2004.
Illustrations © Casterman, Tiburce Oger, 2004

26/11/2004 - source: auracan.com
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