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Bilan BD de l'année 2010 : toujours plus!

ACBD

En titrant « 2010 : Le marché se tasse, la production s’accroît… », Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD, vient de faire paraître le rapport annuel de l’Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée auquel plusieurs membres de la rédaction d’Auracan.com a participé cette année. Il attire l’attention sur une tendance persistance du marché européen de la bande dessinée en langue française marquée par toujours plus d’albums, de nouveautés, de blockbusters, d’albums traduits, de rééditions, d’intégrales, mais aussi de festivals, d’auteurs, de magazines ou de sites internet spécialisés. Mais le temps n’est plus à l’Eldorado. Tentatives d’explications.

Nombre de publications : croissance ininterrompue depuis 10 ans

Depuis dix ans, le marché de la BD ne cesse de battre des records. Le nombre de livres de bande dessinée publiés en 2010 a encore augmenté de 5,46% par rapport à l’an passé. Au total sont sortis 5.165 titres, soit une centaine par semaine en moyenne, dont 3.811 nouveautés au sens strict. Dans le lot on compte 102 blockbusters bénéficiant de mise en place supérieure à 50.000 exemplaires selon les éditeurs, juste trois de plus que l’an passé. Les traductions se démultiplient avec une hausse de 10% à 2.094. Ce sont quelques exemples du rapport parmi d’autres. Il y a aussi 1.689 auteurs à publier au moins un nouvel album contre 1.396 en 2009. Côté animation, les festivals, les ventes aux enchères, les expositions notamment dans des lieux prestigieux n’ont jamais été aussi nombreux. Plus de 100 festivals sur un total de 351 manifestations en Europe francophone accueillent plus de 30 auteurs . Côté information, les périodiques sont désormais 68 contre 64 en 2009 ; les sites Internet notamment d’auteurs se multiplient et atteindraient les 15.000 !

Croissance des nouveautés portée par les éditeurs alternatifs

Qu’est-ce qui fait dire alors que « le marché se tasse » ? L’orientation des trois premiers trimestres selon les chiffres d’affaires communiqués par Livre Hebdo montrerait que la bande dessinée ne serait plus « l’une des locomotives » du marché du livre avec une baisse du C.A.de 1,5% sur les 9 premiers mois de l'année. Ce constat reste toutefois à relativiser. Encore plus en 2010, les éditeurs ont privilégié les quatre derniers mois de l’année pour sortir leurs bestsellers. En trois mois, ils ont publié 38% du nombre d’albums de l’année et surtout 60% des « blockbusters ». En revanche, l’année 2011 n’a connu ni Titeuf (Glénat) ni Astérix (Hachette), meilleures ventes absolues. Les premiers titres sont tout de même tirés à un demi million d’exemplaires ou à peu près, à l’exemple de Joe Bar Team (Vents d’Ouest), Largo Winch (Dupuis), Lucky Luke (Lucky Comics) ou Blake & Mortimer (Dargaud), sans oublier la série Les Simpson (Jungle) qui approche les 800.000 de tirage sur plusieurs titres et côté mangas les 6 épisodes de Naruto (Kana) pour un tirage total de 1.500.000. Côté business, il faudra sans doute attendre encore un peu pour avoir une idée plus précise.

Des publications concentrées au dernier quadrimestre

Le rapport donne une intéressante photographie comparée des éditeurs et des genres de bande dessinée. Il est un outil précieux et rare pour mieux comprendre les tendances nouvelles et notamment l’essor des éditeurs alternatifs mais le poids prépondérant des 9 éditeurs principaux (72% des titres) où Delcourt est l’éditeur le plus en développement, la croissance des albums franco-belges face à une certaine stagnation des mangas et des comics, la confirmation de la tendance aux valeurs sures et patrimoniales sous forme de rééditions, intégrales ou compilations qui représentent environ 20% du nombre de titres à près de 1.000 ! Il aborde enfin le marché encore balbutiant de la bande dessinée numérique, sujet où tous les acteurs peaufinent encore leurs armes.

Un marché concentré mais ouvert

Qu’en conclure ? D’abord que la création reste très dynamique dans le 9e art. Ensuite que son importance économique est de plus en plus visible. Mais l’abaissement des points morts – niveaux bas de rentabilisation – des éditeurs les conduit à toujours augmenter l’offre que le public peine parfois à voir et que les libraires ne peuvent intégralement mettre en avant. Certes cela favorise et justifie la presse sur tous les supports et incite à davantage d’opérations de relations publiques comme les festivals, les expositions ou des événements de dédicaces ou de rencontres. Reste que si plus d’auteurs font de la BD, ils sont moins nombreux à en vivre bien. Et ça, c’est une menace à long terme !

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Manuel F. Picaud

Rapport 2010 - Une année de bandes dessinées sur le territoire francophone européen © Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD / www.acbd.fr

29/12/2010 - source : auracan.com