Face à face d’albums BD : Cathares et Templiers
En quelques mois, le duo d’auteurs Bruno Falba et Fabio Bono a sorti deux albums chez Soleil et Glénat sur deux univers suscitant les plus folles élucubrations. Les Cathares comme les Templiers sont considérés comme les gardiens de très anciens secrets et de précieux trésors, de quoi inspirer en effet de nombreux auteurs. Ces dernières années, la bande dessinée s’est largement emparée de ce thème. Gros plan sur deux approches parallèles. D’un côté le T.3 des Confessions d’un templier, de l’autre le T.2 de Cathares.
Le troisième épisode des Confessions d’un Templier achève cette trilogie consacrée à l’histoire « véritable » des Templiers. La couverture reprend les codes des précédentes avec la croix emblématique de l’ordre des Templier et un Chevalier face à des Sarrasins. En 1314, Philippe Le Bel a décidé d’abattre le puissant ordre des moines soldats qui s’était fait remarquer au cours des Croisades. Les aveux arrachés aux différents membres les condamnent à mort. Après le procès, il reste au grand inquisiteur, le frère Humbert, de recueillir les confessions d’un Templier. Pas n’importe lequel, mais le Chevalier Jacques de Molay considéré comme le Grand Maître. Et pas sans raison, le trésor des Templiers n’a pas été découvert… Au travers de ce récit, le scénariste tente de reformuler l’ensemble des thèses en présence et élargit finalement à la géopolitique. Ne se serait-on finalement pas débarrassé des Templiers car ils en savaient trop sur les turpitudes diplomatiques ? Servi par un dessin semi-réaliste dynamique, cinématographique et généreux, cette histoire pleine de batailles spectaculaires propose un chemin finalement pas si classique. Même si la lecture en flash-back n’est pas toujours aisée, elle est facilitée par une mise en couleurs différentiée. Ce récit historique n’a hélas pas vocation à révéler des secrets que tout le monde ignore. Dommage ! A rapprocher de la série Croisades, sans le fantastique, réalisée par Jean Dufaux et Philippe Xavier qui ont interrompu le second cycle pour un diptyque intermédiaire chez Glénat sur les Conquistadors.
Le deuxième épisode des Cathares poursuit aussi l’histoire « véritable » des cathares également au Moyen-âge avec encore les Inquisiteurs à la recherche du fameux trésor. Enfin, là aussi, le thème est la persécution d’une population réfugiée au fameux château de Montségur. Et comme dans les premiers tomes de la série le Dernier Cathare d’Arnaud Delalande et Éric Lambert chez 12 bis, ce récit raconte la poursuite de rescapés cathares. Cela se passe 70 ans avant l’épisode des Templiers, en 1244. Qui est donc l’étrange archer en couverture du T.2 de cette série ? Cette personne énigmatique suit les quatre fuyards, l’ancien seigneur de Mirepoix, Arnaud de Belisen et trois Cathares, Poitevin, Hugo et Aicard et les défend discrètement contre ses poursuivants qui bénéficient d’un précieux atout. Ils peuvent suivre la piste des « purs » grâce aux indices laissés par un traitre à la cause… Belle course-poursuite avec des ingrédients d’aventures avec sa belle, ses trahisons, ses retournements, ses batailles ou bagarres dans des décors grandioses. Là encore, Fabio Bono, en progrès, se donne à cœur joie privilégiant des plans originaux inspirés du cinéma. Côté scénario de Bruno Falba, l’épisode est plus neutre sur la connaissance du catharisme et encore moins sur le contenu du trésor. Il faudra attendre le dénouement de cette trilogie pour en savoir plus. Mais les auteurs pourront-ils là aussi choisir une hypothèse ?
Au final, deux séries parallèles possèdent plein de points communs et raviront les passionnés de récits aux confins de l’histoire et de l’ésotérisme, mais surtout de la grande aventure.