Les Enfants d'Alix devisent sur Alix Senator
Portrait d'Alix Senator (planche 5) © Mangin - Démarez / Casterman |
Extrait couleurs de la planche 12 d'Alix Senator © Mangin - Démarez / Casterman (Source ; Enfants d'Alix) |
D’aucuns regrettent un dessin plus dans l’air du temps, voire un rapprochement trop visible avec la « nouvelle référence en matière de bande dessinée historique traitant de l’Antiquité » selon Christophe Fumeux à savoir Murena, dessiné par Philippe Delaby. Mais d’autres apprécient la rupture dans la continuité, avec des constructions de planches très sages et le sens de la précision. « Ce sont deux écoles, deux époques, qui ne sont pas forcément à opposer. Jacques Martin restera le classique de référence, Alix Senator est la juste synthèse de ces deux styles », ajoute Christophe Fumeux. « Tant qu’à trancher avec le style du Maître, c’est aussi bien d’avoir choisi un artiste de talent, sachant allier dynamisme et souci du détail », complète Bruno Fermier. Stéphane Jacquet, confirme : « On sent les influences de la série télévisée Rome [1] et de Murena. Mais c'est un projet ambitieux qui peut faire connaître Alix à une nouvelle génération de lecteurs! »
L’Empereur Auguste et son épouse Livie (planche 5) © Mangin - Démarez / Casterman |
Alix Senator avec Khephren et Titus (planche 5) © Mangin - Démarez / Casterman |
Quant au scénario, l’ascension d’Alix comme notable lui donne une plus grande crédibilité pour ses enquêtes dans les arcanes du pouvoir et le sujet permet de « décortiquer les mécanismes des mentalités politiques de la fin de la République Romaine », mais encore l’influence religieuse dans le quotidien de la Ville éternelle. De manière générale, comme le résume Stéphane Jacquet, « on sent chez Valérie Mangin une réelle passion pour Alix. Pour moi, c'est primordial, quand on reprend un personnage de savoir recréer l'ambiance. Et là, on est bien dans Alix, et le fait de le faire devenir sénateur est plutôt une évolution réussie. » Et même la paternité des deux protagonistes Alix et Énak ne pose pas de souci. Bruno Fermier rassure : « A partir du moment où cette série « spin-off » se situe 30 ans plus tard que la série mère, cela semble logique que nos héros ont pu (enfin) fonder une famille et avoir des descendants. C’est d’ailleurs très « martinien » que d’avoir des adolescents qui interviennent ! Après tout, Alix n’a qu’une quinzaine d’années à ses débuts et Énak légèrement moins quand on le découvre dans Le Sphinx d’Or. »
Portrait d'Agrippa (planche 5) © Mangin - Démarez / Casterman |
L’accueil des « experts ès Alix » que redoutait Valérie Mangin est donc favorable. L’inquiétude et les doutes se portent curieusement sur l’avenir de la série principale. Certains comme Bruno Fermier attendent la sortie parallèle du premier Alix dessiné par Marc Jailloux en 2013 et la suite d’Alix Senator et espère « un coup de fouet à cette série mythique ». D’autres comme Stéphane Jacquet y voient une opportunité de « faire connaître Alix à une nouvelle génération de lecteurs ». Tous s’inquiètent d’une qualité trop irrégulière des nouveaux albums d’Alix. Pour la relancer, il faut lui assurer une qualité comme l’éditeur de Blake et Mortimer a su le faire, malgré certaines déceptions là aussi.
En conclusion, si l’éditeur soutient cette nouveauté et espère toucher un nouveau public, ne risque-t-il pas de ringardiser encore davantage la version « old school » ? La sortie, en novembre, du tome 31 d’Alix et les ventes additionnelles sur le fonds serviront de test. Mais assurément Alix Senator devrait être l’un des événements de la rentrée.
Extrait n&b de la planche 12 d'Alix Senator © Mangin - Démarez / Casterman (Source ; Enfants d'Alix) |