Disparition de Bruno Le Floc'h
Une des très rares photos de Bruno Le Floc'h dans son atelier © Brieg F. Haslé / Auracan.com |
Le petit monde du 9ème art est littéralement sous le choc. La profession est unanime pour saluer les immenses qualités de ce gentleman breton. Ainsi, le dessinateur Denis Bajram déclare : « J'apprends le décès de Bruno Le Floc'h. C'était une de ces figures éminemment sympathiques que j'ai eu plaisir à croiser de festivals en festivals. » Pour sa part, le créateur rennais Marc Lizano accuse le coup, et précise : « J'ai été infiniment heureux de le rencontrer et il me semblait être une belle personne. » Fabien Lacaf, homme de BD et de cinéma, salut « un garçon chaleureux, adorable et talentueux », tandis qu’Alain et Dominique Robet, amis de l’auteur, se souviennent « d’un homme aimable dans tous les sens du terme ». De son côté, François Bourgeon, le créateur des Passagers du vent, honore Bruno Le Floc’h en nous précisant qu’il avait « l’élégance d’un Hugo Pratt, certes plus doué en couleurs, car c’était un très grand coloriste ».
Né en 1957, Bruno Le Floc’h est venu relativement tard à la bande dessinée bien que le genre le passionnait depuis toujours. Nourri au magazine Pilote, fan de Gotlib et Mandryka, il va d’abord se faire un nom dans le domaine du dessin animé. Après des études aux Arts Déco de Paris, Le Floc’h met son talent au service de nombreuses séries télévisuelles à destination de la jeunesse. Storyboarder hors-pair, il participe à la création de fameux succès plébiscités par le jeune public, tels Les Tortues Ninjas ou la version animée de Spirou et Fantasio. Remarqué par le réalisateur Jean-François Laguionie, il endosse le rôle de directeur artistique du long-métrage d’animation L’île de Blackmor qui connaît un magnifique succès critique et public en 2004.
Bruno Le Floc'h à Péronne en 2009 © Manuel F. Picaud |
Peu de temps avant, Bruno Le Floc’h rejoint le monde du 9ème art en signant, en solo, le recueil de nouvelles illustrées Au bord du monde où il rend un très bel hommage à la Bretagne de son enfance et aux côtes de son cher Pays Bigouden... Dès l’année suivante, toujours aux éditions Delcourt, il signe le somptueux one-shot Trois éclats blancs qui lui vaut le prestigieux Prix René-Goscinny. Fin connaisseur des courants picturaux des XIXème et XXème siècles, Le Floc’h nourrit ses propres travaux de références artistiques de premier plan, et n’a de cesse, tout au long de son œuvre bédessinée, de truffer ses récits d’allusions, graphiques ou littéraires, à ses maîtres en création : Mathurin Méheut, Piet Mondrian, Jean-Julien Lemordant, Lucien Simon, Hans Bellmer, Francis Bacon, Norman Mac Laren, Roland Topor, Hayao Miyazaki, Joseph Conrad, Gabriel Marcia Marquez, Georges Perec, J.M.G. Le Clézio, Pascal Rabaté, Francisco Coloane, Jorn Riel, Pierre Soulages ou Edmond Baudoin !
L’auteur nous confiait, au cours de notre première rencontre remontant à l’année 2004 : « Pour moi, la bande dessinée, c’est LA liberté ! ». Et Bruno Le Floc’h, fort du succès de Trois éclats blancs, n’aura alors de cesse de nous proposer de petits bijoux graphiques et narratifs : Une Après-midi d’été, Paysage au chien rouge, Saint-Germain, plus rouler vers l’Ouest, et sa récente trilogie Chroniques Outremers, parue aux éditions Dargaud, dont il venait de faire paraître le troisième chapitre.
La rédaction d’Auracan.com adresse ses sincères condoléances à Armelle, aux deux fils de Bruno, et à tous les membres de la famille Le Floc’h-Le Minor, et invite celles et ceux qui aimaient notre ami à lui rendre un dernier hommage, mardi 9 octobre, à 14h30, à l'église de Pont-l’Abbé (Finistère). Au revoir cher ami, et merci !