Gen d'Hiroshima couronné par le Prix Asie de l'ACBD
C'est à Japan Expo, ce 7 juillet 2007, que le lauréat du premier Prix Asie-ACBD a été révélé. Il s'agissait pour les journalistes et critiques, membres de l'ACBD, de récompenser une œuvre de bande dessinée d'origine asiatique adaptée en français entre juillet 2006 et juin 2007. |
![]() |
C'est Gen d'Hiroshima (tome 10) de l'auteur Japonais Keiji Nakazawa, publié aux éditions Vertige Graphic, qui s'est imposé devant les 4 autres finalistes : Fleur de Park Kun-woong (Casterman), Massacre au pont de No Gun Ri de Park Kun-woong et Chung Eun-yong (Vertige Graphic), L'Orchestre des doigts d'Osamu Yamamoto (Milan-Kanko), Journal d'une disparition de Hideo Azuma (Kana).
L'auteur est un rescapé du bombardement nucléaire d'Hiroshima du 6 août 1945. Il y perdit son père, sa sœur et son frère cadet. C'est donc un récit romancé mais largement autobiographique que l'on retrouve dans les 10 volumes (2700 pages !) de Gen d'Hiroshima. Il retrace le parcours de la famille Nakaoka à Hiroshima. On les suit sur une période qui court de quelques jours avant à plusieurs années après l'explosition. Nakazawa pose une réflexion sur les traumatismes de la société japonaise, tant physiques (maladies résultants de la radioactivité, famine), que psychologiques (rejet des victimes qui rappellent la défaite), ou sociétaux (pauvreté, criminalité). Il dénonce l'impérialisme et l'aveuglement de l'empereur et des militaires, qui a conduit à la guerre. Il critique également l'attitude des Américains qui utilisent les rescapés comme cobayes et qui censurent les informations sur les conséquences de l'explosion nucléaire.
Cette histoire avait vu le jour en 1973 dans Weekly Shōnen Jump , un hebdomadaire japonais très populaire. La publication sera interrompue après un an et demi. Elle reprendra dans trois magazines à moins gros tirages : Shimin, Bunka Hyoron et Kyoiku Hyoron.
![]() Gen d'Hiroshima, aux Humanoïdes Associés (coll. Autodafé) |
La version française connaîtra d'abord une publication sous forme d'un one-shot de 200 pages aux Humanoïdes Associés en 1983. Ce premier volume racontait les événements se situant un peu avant et un peu après l'explosition. Il s'agissait du premier manga publié en français. Il sera réédité en 1990 chez Albin Michel sous le titre Mourir pour le Japon. Finalement, c'est Vertige Graphic qui éditera l'ensemble des 10 tomes, de 2003 à 2007. Ce dernier éditeur proposera prochainement une version de poche, plus accessible finacièrement, notamment aux scolaires.
Notons enfin que trois adaptations cinématographiques en ont été tirées : un film de Tengo Yamada (1976) et deux films d'animations réalisé par Mori Masaki ( Hadashi no Gen (1982) et Hadashi no Gen 2 (1983)).