Auracan » Interviews » Entretien avec Luc Brunschwig

Entretien avec Luc Brunschwig

Luc Brunschwig chez Bamboo à Montreuil en janvier 2011 © Manuel F. Picaud / Auracan.com
Luc Brunschwig chez Bamboo à Montreuil en janvier 2011 © Manuel F. Picaud / Auracan.com
  «Ma passion est de parler de ce qui se passe derrière les façades, les masques, les miroirs…»

Né en 1967 à Belfort et habitant à la campagne entre Tours et Blois, Luc Brunschwig vient de fêter ses 20 ans comme scénariste de bande dessinée. Pour l’occasion, il s’offre un nouvel éditeur - Bamboo - pour relancer dans la collection Grand Angle une série grand public au héros atypique mais attachant. La série Makabi publiée initialement chez Dupuis retrouve en effet une nouvelle jeunesse sous le nouveau titre Lloyd Singer. Le premier cycle de trois albums vient d’être réédité. Toujours très souriant, Luc Brunschwig explique pourquoi ce changement et ce qui attend les lecteurs. Pour Auracan.com, l’auteur présente également ses nouveaux projets chez Futuropolis. Assurément 2011 sera une année très riche en événements pour un scénariste qui apprécie l’approfondissement psychologique de ses personnages !

Dessin préparatoire de Lloyd Singer © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle
Dessin préparatoire de Lloyd Singer © Luc Brunschwig et OlivierMartin / Bamboo, collection Grand Angle
Lloyd Singer n’est-il pas le prototype du super héros ? Sous une allure banale, il est capable de dégager une force et un pouvoir de persuasion hors norme…
Pour moi, il n’est pas un super héros à l’américaine qui serait tombé dans un bain radioactif, mais plutôt un homme banal capable de venir en aide aux autres de par sa seule volonté. C’est la théorie de la main tendue : à certains moments de notre vie, est-on capable de tendre la main quand on nous le demande plutôt que de rester bloqué sur nos préoccupations quotidiennes ? Lloyd est justement un homme particulièrement sensible à la demande des autres et qui fait tout son possible pour intervenir et essayer d’aider les gens au mieux. Makabi est curieusement l’expression égoïste de son besoin d’aide propre. Il est le personnage qui lui vient au secours alors que lui en tant que Lloyd vient au secours des autres !

D’où vient cette expression Makabi ?
Beaucoup d’équipes de football juives portent le nom de Makabi (Tel Aviv, Haïfa…). En fait Makabi se rapporte à un épisode de l’histoire ancienne d’Israël. Des résistants juifs se sont élevés contre l’invasion grecque qui a eu lieu quelques siècles avant Jésus Christ. Judas Maccabi a pris la tête de la révolte. A l’instar de Charles Martel, il avait un énorme marteau et tapait comme une brute sur ses adversaires. Makabi veut dire marteau qui frappe fort. Par extension, les résistants juifs se sont appelés les makabis. Et donc quand on pense à un héros juif, on pense naturellement à Maccabi (ou Makabi), la personne qui s’est dressée contre l’envahisseur grec.

Couvertures des T1 à T5 de la série Lloyd Singer © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle
Couvertures des T1 à T5 de la série Lloyd Singer © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle

Comment s’est construite cette série ?

Extrait de Lloyd Singer - T4 - planche 10 © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle
Extrait de Lloyd Singer - T4 - planche 10 © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle
Le personnage décalé qui est Lloyd Singer est à l’image de mon frère Yves qui est expert-comptable, ressemble à Woody Allen et a une relation très facile avec les femmes, parce qu’il est avec elles en dehors de tout rapport de séduction. Il s’est considéré très longtemps comme asexué et du coup ne mettait aucune pression de séduction dans sa relation avec les femmes. Elles le ressentaient de façon très positive et devenaient amis avec lui au bout de cinq minutes, sans qu’il cherche jamais à en profiter. Il gérait dans un cabinet d’expertise comptable une équipe essentiellement féminine et il y avait une excellente ambiance. Quand Dupuis m’a demandé de créer un personnage récurrent pour la collection Repérages, j’ai eu l’idée de raconter des histoires à la manière de Largo Winch mais vécues par mon frère avec sa psychologie et sa manière de faire. Contrairement aux héros habituels, qui tombent les femmes au premier regard, lui est en retrait et met en avant les victimes auxquelles il porte secours. Le personnage de Lloyd Singer s’est construit autour de cette idée d’empathie, de compréhension, de rapports simples et fluides avec les femmes.

D’où vous vient cette approche très psychologique de vos histoires ?
Chaque auteur écrit pour des raisons différentes. Ma passion était d’écouter ma mère – juive – et ses amies – qui autour d’un thé discutaient de leur couple, des relations à l’intérieur du couple, de ceux qui ont l’air d’aller bien mais qui battent de l’aile etc. Ma passion est de parler de ce qui se passe derrière les façades, les masques, les miroirs… De creuser la surface. D’où l’idée de toucher à des personnages dont l’humanité s’affirme au fur et à mesure des histoires parce qu’on se rend compte de leurs blessures. Ce sont la plupart du temps des gens cassés, ni blancs ni noirs, mais plutôt dans des teintes de gris.

Pourquoi est-ce que Dupuis a lâché cette série ?
C’est à la fois simple et compliqué. Depuis le rachat de Dupuis par Média Participations, je perçois une volonté plus ou moins avouée de synergie entre les différentes maisons d’éditions du groupe (ndlr : Le Lombard, Dargaud, Dupuis, Kana…). Ces dernières années, Dargaud s’est plutôt taillé la part Ados Adultes. De son côté, Dupuis est aujourd’hui appelé à viser des projets plus populaires et jeunesse. Makabi, arrivé chez Dupuis au moment du développement de la maison vers l’Ados Adultes n’était plus prioritaire, d’autant que les ventes n’atteignaient pas ce qu’ils en attendaient. Ils avaient un retour sur investissement qui n’était pas vraiment là. Le premier tome a été vendu à 20.000 exemplaires et le 4e était tombé à 6.000 exemplaires. Il faut dire que le deuxième cycle avait été lancé avec une maquette différente du premier cycle où Lloyd Singer n’apparaissait même plus en couverture. Ça n’a pas aidé à faire entendre aux lecteurs : « hé, le nouveau tome de votre série préférée est dans les bacs !!! ».

Crayonné du premier cycle de Lloyd Singer © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle
Crayonné du premier cycle de Lloyd Singer © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle

Pourtant ils ont essayé de la relancer sous forme d’intégrale, non ?
Oui ! A la fin du tome 5, José-Louis Bocquet qui est un vrai fan de Makabi a réfléchi à la façon de relancer la série. Pour lui, l’une des forces de Makabi c’était l’histoire une fois complète. Il souhaitait donc proposer le second cycle sous la forme d’un gros roman graphique de 160 pages. Il voulait le présenter aux lecteurs comme l’équivalent d’un polar de l’été qu’on emporte pour le déguster à la plage avec la promo idoine ! Sauf que le commercial n’a pas suivi son idée puisque rien n’était prévu en terme promotionnel. Et puis, ce qui devait sortir comme roman graphique a été présenté aux libraires comme une intégrale (non comme une nouveauté) . Les libraires croyant à un livre en fin de vie ne l’ont pas mis en avant et peu commandé. La mise en place a été de seulement 3.000 exemplaires ! Du coup, on nous a dit qu’il n’y aurait pas de suite, que les ventes étaient vraiment tombées trop bas… Or j’avais encore des choses à dire sur ce personnage de Llloyd Singer ! Comme l’erreur venait de Dupuis, je leur ai demandé de m’autoriser à rechercher un éventuel repreneur. Je voulais trouver un éditeur qui ait envie de relancer les deux cycles et d’accompagner vraiment cette série. J’ai eu très rapidement réponse de Bamboo dont Olivier Sulpice (ndlr. : président fondateur des éditions Bamboo), Hervé Richez (ndlr. : directeur éditorial de la collection Grand Angle) et Greg Neyret (ndlr. : directeur commercial des éditions Bamboo) sont des lecteurs et des fans de Makabi. Ils ont voulu non seulement sauver la série mais aussi lui donner un avenir. Et depuis, ils font un travail autour de Llloyd qui me comble. Ils prouvent qu’il y avait encore beaucoup de choses à faire autour de ce personnage qu’on prétendait fini !

Extrait de Lloyd Singer - T5 - planche 51 © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle
Extrait de Lloyd Singer - T5 - planche 51 © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle

Pourquoi le changement de nom ?
J’avais en fait écrit la série sous le nom de Lloyd Singer. Quelqu’un chez Dupuis a estimé que le nom « Singer » était difficile à prononcer. Et comme le personnage de Makabi a un nom percutant, ils m’ont proposé de l’appeler ainsi, ce qui semblait une bonne idée sur le moment. Le souci est que Makabi n’évoque pas grand-chose pour la plupart des gens. Ca fait penser à « wasabi » et donc plutôt à un personnage japonais. De plus, le personnage de Makabi est pour moi davantage une anecdote dans la vie de Lloyd Singer que véritablement le centre de l’histoire. Je voulais vraiment revenir au personnage central, à la fois intérêt et moteur de la série. Et puis, tant qu’à faire un changement autant tout changer ! En travaillant sur la nouvelle maquette, nous en sommes venus à des couvertures qui mettent davantage en valeur le personnage. Il était donc logique d’accompagner cette idée en remettant son nom en avant.

Tous les épisodes vont ressortir en album. Quel sera le tirage ?
Les premiers tomes ont été tirés à 6.000 exemplaires. Et les nouveautés le seront à 15.000. Donc à partir du 5e tome.

Extrait de Lloyd Singer - T4 - planche 17 © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle
Extrait de Lloyd Singer - T4 - planche 17 © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle
Au-delà de l’enquête policière, la série Lloyd Singer approfondit l’évolution du héros.
On le voit en effet changer de vie. Au début de l’histoire, il est coincé dans une vie un peu figée. C’est un vieux monsieur de 35 ans qui dans sa tête se ressent comme un bonhomme de 70. Il se sent en retraite affective puisqu’il a pris en charge ses frères et sœurs après la mort de ses parents, alors qu’il n’avait que 13 ans. Aujourd’hui à 35 ans, lui et sa fratrie vivent plus ou moins encore les uns avec les autres, mais au moins il les a emmenés à l’âge adulte ; un peu cabossés, certes, mais ça a l’air de tenir. Il a sa vie d’agent comptable au F.B.I. Il y gère une équipe de femmes. Et tout a l’air de fonctionner plutôt correctement. Il est tellement bien dans cette vie qu’il ne demande pas de changement. Et puis, il va se retrouver impliqué dans une aventure qui vient bouleverser beaucoup de choses à l’intérieur de lui. A partir du moment où il va commencer à évoluer, cela va impliquer aussi toute sa famille, pas forcément de façon très positive. Cela va faire exploser les certitudes de tout le monde. Lloyd est en train de perdre ses repères tout comme ses frères et sœurs. Ses actes ont aussi mis en danger quelques amis à lui. Bref, tout cela provoque beaucoup d’incidences dans son entourage.

Recherche de personnage © Luc Brunschwig et Olivier Neray / Bamboo, collection Grand Angle
Recherche de personnage © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle
Dans le premier cycle, il est comptable au FBI, au second cycle il passe à l’académie du FBI pour en devenir un agent ; que devient-il au troisième cycle ?
Dans le troisième il finit en psychanalyse ! [rires] Il est en effet en psychothérapie familiale. Car justement tout va très mal. L’anorexie de sa sœur est en train de s’aggraver et il faut absolument régler ce problème. Ça va éclairer le lecteur sur les raisons l’ayant poussé à prendre en charge ses frères et sœurs, sur qui étaient ses parents dont on ne sait encore rien. On découvrira que les parents ont eu une énorme influence sur les enfants et cette influence continue de les torturer…

Le troisième cycle sortira à partir de 2012. Il sera dessiné par Olivier Martin (Les Carrés avec Eric Adam chez Vents d’Ouest ; Face cachée avec Sylvain Runberg chez Futuropolis …). Pourquoi ce changement ?
Tous les heurts avec Dupuis ont déstabilisé Olivier Neuray. Quand nous avons appris la mise en place catastrophique de l’intégrale, Olivier a décidé de jeter l’éponge car il ne se sentait pas l’énergie de continuer ce projet pour lequel il avait fait de gros efforts notamment en gardant le tome 5 dans un tiroir jusqu’à la fin du tome 6. Je me suis donc retrouvé le même jour sans éditeur et sans dessinateur… Mais j’avais toujours envie de poursuivre l’évolution de ce personnage que je considère assez inédite dans le paysage de la BD et même le paysage créatif tout court. Olivier Martin m’a répondu assez rapidement et cela nous a permis de faire la proposition à Bamboo d’une reprise.

On peut donc envisager une suite au troisième cycle ?
Absolument si les lecteurs continuent de nous suivre ! Car il y a encore beaucoup de choses à dire !

Dessin préparatoire de Lloyd Singer © Luc Brunschwig et Olivier Martin / Bamboo, collection Grand Angle
Dessin préparatoire de Lloyd Singer © Luc Brunschwig et Olivier Neuray / Bamboo, collection Grand Angle

Parallèlement l’actualité est brûlante chez Futuropolis. Il y a d’abord la suite du Pouvoir des Innocents
Il y a donc une première suite sous le titre Les Enfants de Jessica. Dans Le Pouvoir des Innocents, avec Steven Providence, on avait amené Jessica Ruppert à la tête de New-York. On se demandait : que laisserait-elle derrière elle dix ans après ? Des réformes sans doute, avec des réactions parfois très positives, parfois très négatives de certains mouvements. On se disait qu’il y avait une sorte de décalage entre la politique qu’elle a instauré à New-York et la politique plus générale en Amérique. Nous avons imaginé une grande vague d’immigration de gens victimes du chômage, de la pauvreté, du racisme qui auraient besoin de se réfugier sous son aile . Du coup la mégalopole se retrouvait cernée par un immense bidonville comme au moment de la crise des années 30. Il était intéressant de voir comment l’Amérique pouvait réagir par rapport à une politique qu’on pourrait situer très à gauche dans un pays plutôt très à droite. Dans ce nouvel album, après huit ans comme Maire de New York, Jessica se retrouve comme Secrétaire aux Affaires sociales du nouveau gouvernement démocrate. Elle est numéro 1 du gouvernement. Elle est chargée d’une grande réforme sociale et écologique pour emmener les Etats-Unis vers son avenir. Mais évidemment il y a des forces qui tentent de contrarier ce changement en invoquant la remise en cause des principes fondateurs de la constitution et critiquant la dérive communiste…

Extrait Les Enfants de Jessica - planche 13 © Luc Brunschwig et Olivier Hirn / Futuropolis
Extrait Les Enfants de Jessica - planche 13 © Luc Brunschwig et Laurent Hirn / Futuropolis

Qui est plus précisément Jessica Ruppert ?
C’est une femme qui a travaillé toute sa vie dans le social. Elle a non seulement écrit des livres sur le sujet mais les a mis en œuvre en particulier à New York. Elle sent bien que New York ne pourra pas être l’unique réponse pour la population américaine et qu’il faut absolument étendre sa politique à l’ensemble du pays sous peine de transformer New York en ville de fous.

Qui dit première suite, veut dire qu’il y a aussi une deuxième suite, non ?
L’album Les Enfants de Jessica se passe en 2007 et Le Pouvoir des Innocents en 1997. Entre les deux s’est produit le 11 septembre 2001 qui a modifié en profondeur la vision du monde. Il était difficile de faire l’impasse sur cette rencontre entre le terrorisme intérieur qui serait la cause de la mort de Steven Providence et ce terrorisme censé venir de l’extérieur. L’idée est de voir comment le procès de Joshua Logan s’intègre par rapport aux événements du 11 septembre. Cela va s’appeler Car l’Enfer est ici.

Extrait Car l'Enfer est ici - planche 1 © Luc Brunschwig, Olivier Hirn et David Nouhaud / Futuropolis
Extrait Car l'Enfer est ici - planche 1 © Luc Brunschwig, Laurent Hirn et David Nouhaud / Futuropolis


Extrait de Holmes - T.3 - planche 68 © Luc Brunschwig et Cécil / Futuropolis
Extrait de Holmes - T.3 - planche 68 © Luc Brunschwig et Cécil / Futuropolis
Qui va le dessiner ?
Laurent Hirn va en faire le story-board mais c’est David Nouhaud (Maxime Murène, Delcourt) qui va le dessiner. Cela devrait sortir au deuxième semestre 2011.

Il y aussi le troisième tome attendu de Holmes.
Oui, Cécil a été un peu retardé par la réalisation du dernier tome de Réseau Bombyce aux Humanoïdes associés. Cela sortira aussi au deuxième semestre 2011.

Qu’a-t-on oublié ?
Puisqu’on en est aux reprises, il y a 11 ans j’avais sorti Urban Games aux Humanoïdes Associés. Le premier album n’avait pas eu de suite. Je le ressors chez Futuropolis dans une version plus adulte, entièrement réécrite, sous le nom simplifié d’Urban. Le dessinateur est Roberto Ricci. Je pense que ce sera l’une des sensations graphiques de l’année. C’est prodigieux. La sortie est prévue en juin 2011.

Et les projets 2012 ?

Il y aura le T3 de La Mémoire dans les poches avec Etienne Le Roux chez Futuropolis. Et une nouvelle série qui s’appelle Deux frères qui racontera 21 ans de l’histoire de deux frères juifs. Cela se passera entre 1927, année du passage du cinéma muet au parlant, à 1948, année de la création d’Israël. L’un des frères va devenir l’un des plus grand producteurs d’Hollywood et l’autre frère va être l’un des créateurs de l’Etat d’Israël.

Extrait de Urban - T.1 © Luc Brunschwig et Etienne Le Roux / Futuropolis
Extrait de Urban - T.1 © Luc Brunschwig et Roberto Ricci / Futuropolis

Propos recueillis par Manuel F. Picaud en janvier 2011
Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation préalable
© Manuel F. Picaud / Auracan.com
Merci à Anne Caisson
Partager sur FacebookPartager
Manuel F. Picaud
26/01/2011