Entretien avec Didier Borg
« Je peux d’ores et déjà annoncer la signature d’un contrat de collaboration avec le site ulule.com »...
Le numérique est une vraie source d’interrogations et de discussions au sein de la profession des auteurs de bande dessinée. Dans sa démarche, Delitoon (www.delitoon.com) tente de proposer un modèle gagnant gagnant. A l’initiative du projet, Didier Borg explique les relations qu’il envisage entre auteurs et éditeurs dans ce cadre. Suite de ce feuilleton dédié à Delitoon !
Un auteur touche-t-il des avances sur droit pour ses webtoons ?
Oui s’il a signé un contrat avec un éditeur. Sinon, ce n’est pas le cas. Delitoon n’est pas une plate-forme d’édition, mais de diffusion et de service. Nous allons cependant créer avec ulule (fr.ulule.com) un modèle participatif qui n’a rien à voir ni avec My Major Company, ni avec Sandawe. L’objectif n’est pas du tout de transformer les internautes en éditeurs, ce qui est une erreur à la fois de terminologie et de vision. Nous ne demanderons pas aux internautes de financer la publication d’un album, de leur laisser croire qu’ils peuvent exercer un tel métier d’éditeur comme chez Sandawe. D’ailleurs, en s’associant à My Major Company, Média Participations a conservé seul son rôle d’éditeur, mais propose au public de financer 50% du projet.
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En quoi consistera la modèle Delitoon exactement sur ce plan ?
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Autrement dit l’auteur y jouera un rôle majeur...
Ce sera à l’auteur d’aider à construire sa communication, à rassembler ses cercles d’amis au sens large qui auront envie de voir son histoire exister. L’investissement de l’auteur habituellement à destination des seuls éditeurs pourra être présenté à des gens qui, pour l’aider à aller plus loin et peut-être pour convaincre un peu plus un éditeur, pourront lui apporter une aide, un financement. Et ces sommes lui permettront de réaliser sa bande dessinée plus sereinement ou tout simplement d’être diffusé sur la plate-forme Delitoon. Et dans ce cas, c’est lui qui touche les 50% des revenus publicitaires, et non pas l’éditeur.
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A l’inverse, un éditeur peut frapper à la porte et demander ce qu’on peut faire avec un auteur qui l’intéresse. Delitoon ne joue qu’un rôle d’ « agent », en mettant en relation sur l’œuvre concernée. Il n’est jamais interdit à un auteur de contacter un éditeur en direct, mais si le projet a été médiatisé et financé grâce à Delitoon, il est logique que Delitoon en partage pour un temps limité un certain nombre de droits, en attendant qu’une œuvre soit utilisable et achetée par un éditeur.
De fait, c’est une révolution du modèle traditionnel, non ?
C’est un tout nouvel écosystème qui va se créer, mais qui traduit un vrai besoin. Aujourd’hui, on a été envahi par des applications de lecture animée dont on n’a pas besoin. En revanche, les auteurs ont besoin de nouvelles formes de financement car les éditeurs ne peuvent plus tout financer. Il faut libérer les librairies en leur ôtant un certain nombre de bandes dessinées, sans pour autant empêcher la création de ces auteurs écartés du circuit traditionnel. Si les 1500 acheteurs habituels sont prêts à dépenser 25 € pour participer à leur œuvre, cela commence à faire un budget intéressant [37 500 €, ndlr]. Le projet vivra sur Internet et pourra ensuite intéresser un éditeur qui remettra investira la somme ét l’énergie nécessaires à la publication en librairie. Et là, cela devient intéressant.
N’est-ce pas la fin du système des avances sur droits par les éditeurs ?
Ce système existe en fait déjà. De nombreux éditeurs (souvent petits) ne font pas d’avance. D’autres donnent des avances réduites. Et pourtant ils ont des auteurs de talent qui viennent frapper à leur porte. Ce modèle-là continue d’exister. Mais Delitoon est une plate-forme de médiatisation supplémentaire et n’interdit pas l’intervention d’un éditeur attiré par un projet.
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Propos recueillis par Manuel F. Picaud en octobre et novembre 2011
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