Entretien avec Laurent-Frédéric Bollée
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Laurent-Frédéric Bollée a l'âme d'un vrai Australien ! Fan de ce pays où il se rend régulièrement, il nous livre aujourd’hui l’imposant Terra Australis – un passionnant (et génial) pavé en noir et blanc de 500 pages qui se dévore d’une traite !
Élaboré depuis de nombreuses années, Terra Australis est l’un des ouvrages bédessinés les plus intéressants de 2013 : imaginez un binôme – un scénariste et un dessinateur – narrant l’histoire de l’Australie moderne !
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6 questions à Laurent-Frédéric Bollée
Terra Australis ? Qu'est-ce que cela signifie ?
Littéralement « terre australe », c’est-à-dire la terre du Sud, cette grande terre que l'on soupçonnait dans l'hémisphère Sud... On l'appelait à vrai dire la « terra australis incognita » car on ne connaissait juste que la côte Ouest (découverte par les Hollandais au XVIIème siècle), et un bout de la côte Est découverte par Cook en 1770... Mais on ne savait ce qu'il y avait au milieu ! Terra Australis raconte donc comment et pourquoi les Anglais sont allés là-bas et ce qu'ils y ont vraiment vécu. Une grande fresque historique, humaine, géographique où l'on évoque des destins méconnus mais authentiques, étonnants, douloureux et émouvants...
Au point d'y consacrer un album de 500 pages ?!
Oui ! Parce que l'Australie exerce sur moi depuis longtemps une grande fascination qui s'est transformée en passion depuis une petite décennie – et via la chance que j'ai eu de m'y rendre à dix reprises ces sept dernières années... Quand j'ai vraiment eu envie de creuser l’histoire de sa naissance (à savoir l'arrivée des Anglais et l'établissement de la première colonie de Sydney), j'ai vite compris qu'il y avait une tonne de choses à raconter. Franchement, l'idée d’un long roman graphique était consubstantielle à l'idée même du livre.
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Pourquoi, à l’instar de vos précédents travaux, telle L’Ultime Chimère, ne pas avoir fait de ce projet une série ?
Parce que justement il s'agissait d'un projet ambitieux, historique, portant une valeur de document pour mes futurs lecteurs. Je devinais aussi que j'y aurai l'occasion de développer une voix off assez littéraire, et mettre en scène de nombreuses données en prenant le temps d'installer des situations et des conversations... Et comme, en plus, mon éditeur Franck Marguin me l'a tout de suite proposé... Non, franchement, c'était un roman graphique ou rien !
« Votre From Hell » comme le dit justement votre éditeur…
Restons modeste !... On y pense à cause de la pagination, par l'ambition, par l’usage du noir et blanc, et même - peut-être - par le style...
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Évoquons votre association avec Philippe Nicloux… Comment avez-vous "vécu" ensemble ?
Après de nombreux contacts fructueux mais non productifs avec des dessinateurs "installés", certains ont su que j’étais à la recherche d'un dessinateur pour un projet de 500 pages... C'est Olivier Balez qui a signalé à son ami Philippe Nicloux qu'il y avait peut-être quelque chose à faire. Philippe a envoyé une lettre par la Poste – assez amusante, très "candidature de job" mais ô combien fondamentale – et on lui a fait faire un essai parce qu'il aurait fallu être fou pour ne pas voir que son style correspondait très bien à mon récit !
En quatre mots et trois phrases, qu'est Terra Australis ?
À brûle pourpoint, les quatre mots qui me viennent à l'esprit sont : épopée, odyssée, Pacifique, Histoire. Et si je devais développer en un peu plus de trois phrases, je dirais : Il y a un peu plus de 220 ans, on ne connaissait rien de la future Australie. 1 500 hommes et femmes, à bord de onze navires, s'y sont aventurés, et pour la plupart, il s’agissait de forçats, de condamnés, de déportés… Terra Australis raconte en 500 pages comment cette gigantesque odyssée a été décidée, comment s'est déroulé cet incroyable voyage et, surtout, comment s'est passé l'établissement de cette colonie dans ce qui allait devenir l’une des villes les plus célèbres au monde : Sydney !
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