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Entretien avec Bruno Dequier

Bruno Dequier © DR
Bruno Dequier © DR
« Pour un loser, Louca a pas mal de cordes à son arc… »

Des personnages attachants, une bonne histoire pleine de rebondissements et véritablement « tous publics », un dessin semi-réaliste souple et vivant, une vraie fraîcheur... autant de qualités qui font de Louca, découvert en janvier avec Coup d'envoi, une des belles surprises de cette année. Un entretien avec son auteur s'imposait à l'occasion de la sortie de Face à Face, tome 2 qui confirme que son ado un peu coincé a pourtant de quoi jouer dans la cour des grands. Bruno Dequier, jonglant entre BD et animation, nous a accordé un agréable moment.

Comment est né Louca ?

Le Louca que vous connaissez s'est créé progressivement. Ma toute première idée du personnage, j'ai dû l'avoir pendant mes études de dessin. Puis je me suis tourné vers l'animation, domaine dans lequel je travaille toujours, et quand l'envie de faire de la BD est revenue, c'est à lui que j'ai pensé. Un ado un peu loser qui veut s'accomplir offre la possibilité de nombreux développements.

Nathan
Nathan
La preuve, dans Louca il y a l'histoire d'un ado, mais aussi le sport, ainsi qu'une dimension fantastique induite par le personnage de Nathan...

Effectivement, il y a plusieurs approches qui se rencontrent et ça va encore se compliquer par la suite si tout va bien... Pour un loser, Louca a quand même pas mal de cordes à son arc (rires) ! Mais ça me plaît, ça me plaît de raconter son parcours initiatique parmi tous ces éléments. D'autre part, la présence d'aspects aussi différents était importante, afin que la BD ne soit pas considérée comme quelque chose de centré uniquement sur le football.

recherche de personnage : coach
recherche de personnage : coach
Pourquoi le foot ?


Tout simplement parce que j'aime ça, que j'y ai joué quand j'étais gamin et que c'est quelque chose que j'ai beaucoup suivi à une certaine époque. Mais je n'aurais pas pu traiter du côté pro du football, qui draine certains aspects que je j'aurais difficilement pu défendre. Ce qui m'intéresse dans Louca, c'est le sport en tant que tel, avec la notion de dépassement de soi. Il s'agit d'un sport collectif, et c'est une belle chose de travailler en équipe, comme je m'en rends compte dans le domaine de l'animation.

De nombreux auteurs de BD rêvent de voir leurs personnages s'animer, alors que vous, vous choisissez de passer de l'image animée à l'image fixe...

Oui, mais ce sont deux choses complètement différentes, d'autant qu'en animation, je travaille sur de la 3D (un Monstre à Paris, Moi Moche et Méchant 1 et 2, le Lorax... ndlr). Quand j'ai découvert l'animation et son univers, ça a été un véritable coup de foudre pour moi, et je ne pourrais pas imaginer de ne plus en faire. Mais l'animation, c'est également quelque chose de très complexe et de très coûteux. La réalisation d'un film exige des budgets dingues et les montages financiers pour y arriver ! Comparativement, la BD est relativement simple. Avec un crayon et quelques feuilles de papier, on peut créer ses personnages, raconter une histoire et faire vivre tout cela. De l'encre, des couleurs et c'est parti !

extrait n&b de la page 17
extrait n&b de la page 17


Vous axez toute l'histoire de Louca sur quelques personnages pivots, alors que l'on assiste parfois à une multiplication de personnages et de situations. Est-ce une volonté d'aller à l'essentiel ?

Sans doute, et c'est peut-être plus difficile parfois, mais c'est nécessaire si on veut se projeter dans l'évolution de l'histoire, de la série. Le tome 1, Coup d'envoi, était centré sur Louca. Dans le nouvel album, Face à face, on développe, on élargit un peu la distribution, on creuse la personnalité des personnages que l’on connaît, on en fait apparaître quelques nouveaux, et du coup on peut imaginer que dans un futur proche certains prendront une place plus importante... Entre la prépublication de Coup d'envoi dans Spirou et sa sortie en album sont intervenus d'importants remaniements.

Pourquoi ?

En arrivant à la fin de la première version de ce tome 1, mon éditeur et moi nous sentions un peu frustrés d'arrêter sur ce cliffhanger. J'ai entrepris le découpage de la suite du match et il a finalement été décidé d'intégrer cet épisode au premier album. La date de sortie a donc été postposée, pour me permettre de dessiner les planches en question. Mais la pagination initiale de l'album s'en trouvait sérieusement augmentée. Or, nous voulions que le prix d'un album Dupuis standard soit maintenu pour un bouquin de...80 pages. Et nous y sommes arrivés !

extrait couleur de la page 17
extrait couleur de la page 17


Coup d'envoi est sorti en janvier, Face à face vient de paraître, et le tome 3 est prévu en janvier 2014. Une telle cadence était-elle prévue dès le départ ?

Oui, un délai court, en tous cas. Ça m'a amené à « stocker », à travailler différemment, toujours parallèlement à mon boulot dans l'animation, mais je pense que c'est important. Ces 3 albums constituent un premier cycle et c'est chouette pour le lecteur de ne pas attendre trop longtemps pour connaître son dénouement. Mais c'est du travail, ça je vous le concède !

Dès la première case du...premier tome, on découvre le lycée André Quanfrin, c'est plus qu'un clin d'œil...

C'est un hommage, et ça me tenait à cœur de l'inclure dans ma BD. Ca s'y trouvait avant que Dupuis n'accepte le projet, je tiens à le préciser. Pour moi, Franquin est la référence absolue, un monument. Il a apporté énormément à la BD, à de très nombreux lecteurs et à de très nombreux auteurs, et surtout, quel dessinateur ! J'ai lu énormément de BD qui venaient de Spirou, et, quelque part, Dupuis, j'en ai toujours rêvé. Alors, imaginez, Louca édité chez Dupuis, prépublié dans Spirou...ça ne pouvait pas être mieux !

recherche de caractère : Mme Kahl
recherche de caractère : Mme Kahl

Propos recueillis par Pierre Burssens le 10 juin 2013
Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation préalable
© Pierre Burssens / Auracan.com
Merci à Bruno Dequier et Sophie Dumont pour les visuels transmis
visuels tirés de Louca © Bruno Dequier / Dupuis
Coordination rédactionnelle © Manuel Picaud





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Pierre Burssens
17/06/2013