Entretien avec Magda
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Chez Dupuis, ce timide début d'été est placé sous le sceau des Secrets de Frank Giroud, avec les sorties simultanées des premiers tomes d'Adelante, dessiné par Javi Rey, et de Cavale dont le scénario est co-signé par Florent Germaine et mis en images par Magda. Magda, dont on retrouve le talent à travers une double actualité. La publication de ce premier Cavale s'accompagne, en effet, de celle du premier volume d'une très belle intégrale consacrée à Charly sur des scénarios de Denis Lapière. Entre avenir et souvenirs, Magda a répondu présent à nos questions...
Comment avez-vous été amenée à rejoindre la prestigieuse série Secrets ?
Frank Giroud avait envie de collaborer avec moi depuis plusieurs années déjà. Mais j'étais trop accaparée par Charly. Ensuite, à l'arrêt de la série, l'occasion de faire un one-shot avec Marvano s'est présentée, c'était Les petits adieux. L'album terminé, j'ai contacté Frank pour une éventuelle collaboration et il a accepté.
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C'est avec Frank que j'ai le plus de contacts. C'est à lui que j'envoie les mises en pages et les copies de planches. C'est également lui qui me donne son avis. Frank et Florent ont discuté chacun de leurs idées et les ont mis ensemble en leur donnant une cohérence. Ils ont apporté chacun des modifications jusqu'à ce qu'ils soient satisfaits du résultat. C'est Frank qui écrit les dialogues et fait le découpage. Cavale met en scène Nadia et sa mère, et, dans une moindre mesure, Léa et sa mère...
Dans chaque duo, une ressemblance nécessaire. Une difficulté supplémentaire pour la dessinatrice ?
Pas vraiment. Une mère et sa fille ne se ressemblent pas nécessairement. En tous cas, Nadia tient de son père également (le nez, notamment).
Une partie de l'album évoque des émotions essentiellement féminines. Est-il plus facile d'être une femme pour mettre en image de tels sujets ?
Je pense en effet, qu'une dessinatrice peut mieux ressentir certaines choses typiquement féminines, notamment le fait que Léa est enceinte. Il fallait bien faire passer son désarroi face à sa grossesse.
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Le côté profondément humain des personnages est, pour vous, une quasi marque de fabrique, encore très présent même si c'est au sein d'une histoire qui relève aussi du polar...
Il y a une partie polar, mais il y a surtout le désarroi d'une adolescente qui est confrontée au silence de sa mère sur des choses essentielles qui touchent à son enfance, et des conséquences que cela entraîne pour elle. Cavale est d'abord un titre génial qui évoque à la fois la cavale des malfrats, les chevaux et
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Autre volet de votre actualité, la sortie de la première intégrale Charly. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur cette série apparue dans Spirou il y a plus de 20 ans ?
J'ai de la tendresse pour ce personnage que j'ai animé durant 15 ans. Je l'ai même vu grandir ! Graphiquement, j'ai eu le temps de l'avoir bien en main et je prenais beaucoup de plaisir à le dessiner. C'était en effet une belle surprise d'apprendre que Dupuis allait entreprendre des intégrales de Charly et cette fois de tous les albums ! Cerise sur le gâteau : le dossier qu'ils ont concocté [signé Morgan Di Salvia, ndlr] est vraiment très bien fait.
C'est assez curieux, finalement, une nouveauté à défendre, et cette sortie simultanée avec un côté très "patrimoine" ou bibliothèque...
La preuve, lors des interviews, je suis confrontée au fait de devoir parler à la fois d'une série qui me projette dans l'avenir et d'une autre qui me rappelle de vieux souvenirs ! Charly aurait peut-être pu se prolonger bien que Denis Lapière, mon scénariste, avait émis l'envie d'arrêter. Mais le fait d'explorer d'autres univers et de m'essayer à d'autres histoires est tout aussi intéressant.
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Peut-on dire que Charly et Cavale sont aussi deux facettes de Magda ?
Indirectement, oui. Charly reflète mon goût pour la science-fiction et le fantastique ainsi que celui pour les sentiments humains exacerbés et les âmes torturées, ce qui est le cas de Charly. Pour Cavale, c'est pareil pour ce qui est des sentiments exacerbés. Nadia est quelqu'un de torturé également, psychologiquement perturbée, à la recherche de la vérité.
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Oui, elles étaient nettement différentes. D'abord, il y avait encore un prix de planches à l'époque, alors qu'aujourd'hui, il n'y a plus que les avances sur droits. Lorsque les ventes sont insuffisantes, on ne reçoit jamais de droits d'auteur après la parution. De plus, il y avait nettement moins de BD sur le marché, donc les parts étaient plus grandes !
Mis à part la suite de Cavale, avez-vous d'autres projets, d'autres envies ?
J'ai des pistes, en effet. Plutôt genre polar avec des personnages dont la personnalité sera très approfondie. Mais, c'est encore trop tôt pour en parler.
Propos recueillis par Pierre Burssens le 7 juin 2013
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© Pierre Burssens / Auracan.com visuels exclusifs de Cavale © Magda - Giroud / Dupuis Photos © Jean-Jacques Procureur coordination rédactionnelle © Manuel Picaud |