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Entretien avec Briac et Arnaud Le Gouëfflec

© Le Télégramme

Briac et Arnaud Le Gouëfflec

« Une quête nocturne entre onirisme, polar et folie… »

Avec La Nuit Mac Orlan (éditions Sixto), le dessinateur Briac (Armen, Les Gens du Lao-Tseu) et le scénariste Arnaud Le Gouëfflec (Vilebrequin, J’aurai ta peau Dominique A.) consacrent un très bel album de bande dessinée à Pierre Mac Orlan (1882-1970). Membre de l’Académie Goncourt, chantre du Brest de l’entre-deux-guerres, maître du "fantastique social", Mac Orlan est l'auteur de magnifiques romans nommés Le Chant de l’Équipage, À bord de l’Étoile Matutine, Les Clients du Bon Chien jaune, L’Ancre de Miséricorde… Rencontre avec Briac et Arnaud Le Gouëfflec sur le port de Brest.

Arnaud, quel est le propos de votre album La Nuit Mac Orlan ?...

Arnaud Le Gouëfflec : C'est l'histoire d'un spécialiste de l'œuvre de l’écrivain Pierre Mac Orlan qui se rend à Brest pour terminer une thèse qui n'en finit plus, appâté par un bouquiniste qui prétend détenir un manuscrit inédit. Mais, très vite, sa trajectoire s'égare dans la nuit brestoise et vire au cauchemar. S'ensuit une quête nocturne entre onirisme, polar et folie…

Votre bande dessinée comprend-t-elle des extraits d'ouvrages de Pierre Mac Orlan ?

Arnaud Le Gouëfflec : Pas à proprement parler, mais il croise en revanche les thèmes de son œuvre qui sont autant de leitmotivs. Je pense à la figure du Diable, du marin, du pirate, au thème du cabaret, de la lanterne, etc... On a conçu l'intrigue comme un jeu de cache-cache avec ces thèmes, obsessionnels dans l'œuvre de Mac Orlan.

Briac, comment s'y prend-t-on pour retranscrire graphiquement les riches univers de Mac Orlan ?

Briac
 : J’ai été séduit par les univers de Mac Orlan réinterprétés par Arnaud Le Gouëfflec. Je crois que si Arnaud m'a proposé ce projet, c'est qu'il pensait que mon style graphique conviendrait aux thèmes "macorlanesques". C'est vrai que j’aime ces thèmes : Brest, son port, l'océan, la nuit et ses lanternes, les personnages outrés... Les deux auteurs m'ont gâté ! En outre, le fantastique que Pierre Mac Orlan qualifiait lui-même de "social" a beaucoup de points communs avec l'expressionnisme, à ce qu'il me semble. Il faut plus s'occuper de l'âme que de la réalité ! Techniquement, j'ai travaillé le traitement pictural en mélangeant encres et acrylique sur un fond enduit. Cela a pour but de renforcer l'atmosphère de chaque scène et de rendre le côté "suintant" qu'Arnaud et moi souhaitions pour cette histoire...

Quelles ont été vos sources d'inspiration ?...

Arnaud Le Gouëfflec
 : J'ai compulsé l'œuvre de Pierre Mac Orlan et le mémoire universitaire de Sophie Laot, une spécialiste de Mac Orlan qui m'a apporté des clefs précieuses. Et j'ai surtout été inspiré par le dessin de Briac : son côté pâteux, expressionniste, inquiétant qui me semblait coller parfaitement avec le sujet !
Briac : Je ne me suis pas plongé comme Arnaud dans l'œuvre mais j'avais, bien sûr, en mémoires deux ou trois romans de Mac Orlan,  et deux films qui m'ont vraiment marqué : La Bandera (réalisé par Julien Duvivier en 1935) et Le Quai des Brumes (réalisé par Marcel Carné en 1938) avec les somptueux décors d’Alexandre Trauner. Et puisque l'on parle d'expressionnisme – toi, mieux que quiconque, sais à quel point ces références comptent – les films de Friedrich Wilhelm Murnau, de Fritz Lang, des peintres comme Soutine, Emil Nolde ou Egon Schiele m'accompagnent pendant la réalisation de mes planches... « Comme d'hab’ ! » me diras-tu !

À visiter : le blog des éditions Sixto

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