Auracan » Interviews » Entretien avec Corbeyran

Entretien avec Corbeyran

Corbeyran © Olivier Roller

Corbeyran © Olivier Roller

« Le vin suscite la passion
et cette passion dépasse très largement
les frontières de notre pays. »

© Corbeyran - Espé / Glénat

© Corbeyran - Espé / Glénat

Prolifique scénariste (bientôt 250 albums !), Corbeyran signe avec Espé une passionnante saga familiale où une jeune femme tente de sauver de la ruine son domaine familial dans le Médoc. Traquenards, coups bas et passions sont au rendez-vous de Châteaux Bordeaux (Glénat) qui connaît en cette rentrée son cinquième chapitre. Pas en reste, Corbeyran anime également d’autres séries se déroulant dans le monde du vin et des grandes propriétés. Rencontre.

Qu’est-ce qui motive le scénariste que vous êtes à mettre en scène une série prenant pour cadre une propriété vinicole dans le Médoc ?

Le vin suscite la passion. Dès lors que l'on commence à s'intéresser au sujet, on se prend au jeu. Le vin est un monde de labeur et d'expressions, de saveurs et de sensations. Il y a presque autant de vignerons que de manières de faire du vin. Et il y a tant de bonheurs à découvrir… C'est un domaine inépuisable ! Et le plaisir vous attend à chaque étape du voyage.

© Corbeyran - Espé / Glénat

Châteaux Bordeaux T5 : Le Classement, extrait de la planche 1 © Corbeyran - Espé / Glénat

Pourquoi avoir opté pour un récit qui s’inscrit dans le registre des grandes sagas familiales ?

La saga familiale est un genre à part entière et je n'avais encore jamais abordé une série de bande dessinée sous cet angle, car aucune de mes précédentes histoires ne s'y prêtaient. C'est vrai, c’est un défi supplémentaire que je me suis fixé. Mais, je voue l’avoue, si on veut surprendre le lecteur, il faut sans cesse se surprendre soi-même.

Alexandra, l’héroïne de Châteaux Bordeaux est-elle influencée par une personne réelle ?

Alexandra Baudricourt a beaucoup de qualité et, en ce sens, elle représente de nombreuses personnes que j'ai croisées au cours de mes multiples repérages sur le terrain, dans les caves, dans les propriétés, chez les négociants de la région de Bordeaux. Ce qui lui arrive (la pauvre !) est un condensé d'à peu près toutes les crasses qui peuvent vous tomber dessus quand vous vous lancez dans l'aventure qui consiste à « produire du vin ». On ne lui a rien épargné. Mais elle est solide et entêtée, je suis certain qu'elle surmontera ces épreuves et qu'elle s'en sortira !

© Corbeyran - Espé / Glénat

Châteaux Bordeaux T5 : Le Classement, extrait de la planche 2 © Corbeyran - Espé / Glénat

Si vous êtes originaire de Marseille, vous vivez depuis de nombreuses années à Bordeaux. C’est forcément un atout pour animer une telle série…

Vous savez, j'ai seulement vécu les quinze premiers jours de ma vie à Marseille, et j'habite Bordeaux depuis près de trente ans maintenant... Vivre dans le quartier des Chartrons est indéniablement un atout géographique. Il faut avoir de la disponibilité pour se rendre dans les propriétés et les nombreuses entreprises qui gravitent autour de l'univers du vin. J'ai un profond respect et beaucoup d'amitié pour toutes ces personnes qui me reçoivent et me conseillent dans le cadre de la réalisation de Châteaux Bordeaux

À la lecture de votre série, on vous devine fort bien documenté. Nul doute que vous alliez sur le terrain avec Espé, votre dessinateur…

Effectivement, je fais office d'éclaireur. Je repère les lieux, je cadre les séquences, j'écoute ce qu'on me raconte, je prends des centaines de photos. Et lorsqu'on se retrouve avec Espé, je l'emmène avec moi et nous arpentons les endroits qui serviront de théâtre aux scènes de notre prochain album. C'est un véritable plaisir et une grande chance de pouvoir tout visualiser avant d'écrire et de dessiner…

© Corbeyran - Espé / Glénat

Châteaux Bordeaux
T5 : Le Classement
extrait de la planche 4
© Corbeyran - Espé
Glénat

Avec plus de 200.000 exemplaires vendus à ce jour, Châteaux Bordeaux est un vrai succès de librairie. Auriez-vous parié sur un tel engouement du public en mars 2011 lorsque vous avez lancé la série avec Espé ?

À l’origine, sur une idée de mon éditeur Jacques Glénat, Châteaux Bordeaux était une envie et un pari. Aujourd'hui, l'envie s'est muée en passion et le pari est en passe d'être gagné. Nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin, car il reste encore de nombreux amoureux du vin à convaincre !

© Corbeyran - Espé / Glénat

© Corbeyran - Malisan
Glénat

Quels retours avez-vous des professionnels du monde du vin ? Quels regards portent-ils sur votre travail ?

Dès les premières semaines qui ont suivi la sortie du premier tome, nous avons été rapidement rassurés. Les retours des « pros » ont été positifs et nous ont encouragé à poursuivre. Châteaux Bordeaux s'adresse autant au néophyte qui découvre le monde du vin qu'au connaisseur, celui dont c'est le métier et le quotidien. Il faut donner du plaisir à tous les lecteurs, et c'est peut être ce grand écart qui est le plus difficile à réaliser. C'est pourtant ce que nous nous efforçons de faire à chaque album, sans jamais perdre de vue la rigueur des intrigues, ni l'exactitude des informations.

Hormis Châteaux Bordeaux qui connaît en ce mois de septembre son 5ème épisode, vous signez d’autres albums se déroulant également dans le domaine du vin… Serait-ce de la boulimie, voire de l'addiction ?!

En effet, on peut parler d'addiction ! Comme je l'indiquais au début de notre rencontre, le vin suscite la passion et cette passion dépasse très largement les frontières de notre pays. Il y a des bons vins (et donc de bonnes histoires à raconter) en Italie, en Espagne, en Argentine, et ailleurs… Partout où la civilisation s’est développée, la vigne a fait son apparition. Fort peu de régions du globe sont épargnées.

Faisons le tour de ces différentes créations : In Vino Veritas, dessiné par l’Italien Luca Malisan…

In Vino Veritas se déroule en Italie et raconte l'affrontement d'un frère et d'une sœur qui n'ont pas la même conception du vin. Ils se détestent, s’opposent, se déchirent… Il va pourtant falloir qu'ils collaborent pour rendre hommage à leur grand-mère, car c'est elle qui leur a transmis le goût et la passion du vin.

© Corbeyran - Espé / Glénat

© Corbeyran - Ruizgé
Glénat

© Corbeyran - Espé / Glénat

© Corbeyran - Sandro
Glénat

Bodegas, mis en scène par le dessinateur espagnol Francisco Ruizgé

Comme son nom l’indique, Bodegas se déroule en Espagne et met en scène un vin excellent dont on ignore tout. Le propriétaire refuse absolument de dévoiler son identité et de communiquer sur les qualités de son travail. Le mystère est posé. Voilà de quoi piquer la curiosité d'une jeune journaliste qui veut faire ses preuves dans le monde de la presse vinicole !

Et enfin, Le Sang de la vigne, dessiné par Sandro.

Certes, ici le sujet reste le vin, mais la démarche est quelque peu différente. Car avec cette nouvelle série, il s'agit d'adapter en albums de bande dessinée les excellents romans de Jean-Pierre Alaux et Noël Balen (éditions Fayard), portés à l'écran par le charismatique Pierre Arditi dans le rôle principal.

© Corbeyran - Espé / Glénat

planche 1 de Bogedas T1 : Rioja © Corbeyran - Ruizgé / Glénat

 

© Corbeyran - Espé / Glénat

planche 1 du Sang de la vigne T1 : Mission à Haut-Brion
© Corbeyran - Sandro / Glénat

Partager sur FacebookPartager
Brieg Haslé-Le Gall
10/09/2014