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Entretien avec Philippe Delaby

Dessinateur de la série Murena et d'un nouveau cycle de la Complainte des Landes Perdues, Philippe Delaby est de ses auteurs qui aiment se lancer des défis… et les relever . Il travaille depuis une dizaine d'années avec Jean Dufaux, avec qui il forme une excellente équipe.

La rencontre

Comme c'est souvent le cas avec Jean Dufaux , c'est autour d'une bonne table, que s'est scellée la collaboration entre le scénariste et Philippe Delaby :


Poppée

« Nous nous sommes rendus compte au fil de la conversation que nous avions une série d'envies communes. Ainsi l'Italie s'imposait comme cadre à notre collaboration . C'est en voyant une louve romaine décorant le resto italien où nous mangions, que j'ai parlé de mon goût prononcé pour les péplums. Que ce soit avec des classiques comme Ben Hur, ou Spartacus, des films de série B ou même de série Z, mon adolescence avait été bercée par ce genre de films historiques. Jean en était lui aussi un grand amateur et il rêvait depuis longtemps de retravailler sur un péplum . A partir de là, notre rencontre était presque un coup de foudre. Je lui ai livré mes envies en vrac et peu de temps après, il m'a fourni un scénario. Nous étions en totale osmose. C'est la base d'une bonne collaboration. »

Le sang des bêtes


Tigelin

« Le sixième Murena est un album charnière . Les personnages principaux passent de la lumière à l'ombre . Je l'ai ressenti très physiquement en dessinant certaines scènes. On y est allé assez fort. Les beaux jours ne sont plus là. La folie de Néron est de plus en plus inquiétante. Mais, même en connaissant la tournure que cela va prendre, il y a des tas de choses qui vont se développer autour lui. Notamment des personnages comme Pétrone et Sénèque. Ce dernier vivra ses derniers instants dans le tome 7. »

Rome

Philippe Delaby parvient avec brio à reproduire la Rome antique et ses ambiances. Très tôt, il a été séduit par la cité italienne : 


Néron

« J'aime cette ville depuis l'âge de 12 ans environ. Je l'ai découverte à travers des peintures, des documentaires, des films –notamment ceux de Fellini-, des bandes dessinées –en particulier, la série Alix de Jacques Martin- et des livres. Il y règne une ambiance et une lumière tout à fait étonnante . Curieusement, alors que j'ai visité Naples, Capri, Venise, Pompéi, je ne me suis encore jamais rendu à Rome . Je compte y aller prochainement. Ce sera l'occasion de confronter tout ce que j'ai emmagasiné depuis des dizaines d'années, avec le concret. »

La suite

« Je travaille actuellement sur le prochain album de La Complainte , qui s'intitulera Gwenealord. Cette histoire est plus longue, elle comporte 54 pages . On y introduit un nouveau personnage… terrifiant . La sortie est prévue pour septembre 2008. Ensuite, j'enchaînerai les tomes 7 et 8 de Murena , qui boucleront le deuxième cycle. Le prochain volume aura pour cadre le grand incendie de Rome . Jean m'a promis quelques séquences costaudes . Il éprouve un malin plaisir à me mettre de très grosses séquences. Sa description tient parfois en 3 mots : attention, foule énorme ! Elle est inversement proportionnelle au travail que je vais devoir fournir. Car, bien sûr, il faut dessiner les détails. (Rires). Mais, chaque fois, c'est un pur bonheur . C'est un défi très excitant. Jean est un scénariste qui pousse à donner le meilleur de soi-même. Pour moi, chaque nouvel album n'est pas un aboutissement. Sinon, cela voudrait dire que je suis arrivé à une limite que je ne pourrai pas franchir. Chaque nouvelle histoire est une remise en question naturelle . Sans aucun sacrifice. »


Agrippine - Première des 5 figurines "Murena" réalisées en résine par Like An Angel. La prochaine mettra en scène Massam et Balba en combat singulier.
Tirage : 250 ex./figurine.

Les personnages

Pour créer ses personnages, le dessinateur travaille de plusieurs manières : 

« Pour Lucius Murena, je suis parti de la description de Jean : un jeune homme ténébreux, brun de cheveux, aux yeux clairs. J'ai réalisé une dizaine de visages et j'ai fait mon choix. Pour d'autres personnages, comme Agrippine et Poppée, je me suis basé sur des actrices. Mais, c'est plus la structure du visage qui me sert d'inspiration, je ne veux pas qu'on reconnaisse Carole Bouquet et Sophia Loren au détour d'une page. Ce serait gênant. Pour Néron, c'est différent. J'ai pu retrouver dans la statuaire antique, une multitude de postures le représentant à des époques différentes de sa vie. Cela m'a donné la base. Je me laisse toujours une certaine liberté dans la manière d'interpréter un personnage graphiquement . Certains protagonistes me viennent plus facilement que d'autres. Je les aime tous, mêmes les méchants, comme Massam. Un méchant bien réussi, c'est génial. ».


Massam et Balba en plein combat
Propos recueillis par Marc Carlot en juin 2007
© Marc Carlot - Auracan.com - 2007
Photos de Philippe Delaby © Marc Carlot 2007
Visuels © Delaby, Dufaux- Dargaud
Tous droits réservés

Murena sur auracan.com :

Murena T5 Murena T6
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Marc Carlot
02/07/2007