Auracan » Interviews » Entretien avec Pascal Bresson

Entretien avec Pascal Bresson

Pascal Bresson © Manuel Clauzier

Pascal Bresson
© Manuel Clauzier

« Il fallait avoir faim
pour faire ce métier de chien !... »

Avec le dessinateur Erwan Le Saëc, le scénariste Pascal Bresson adapte la fresque maritime Entre Terre et Mer du romancier Hervé Baslé. Cette saga historique et familiale avait déjà été transposée, avec succès, en feuilleton télévisuel. La voici proposée en une mini-série de bande dessinée qui comptera trois tomes.

Entre Terre et Mer T1 - le grand banc © Bresson - Le Saêc - Baslé / Soleil

Entre Terre et Mer
T1 : Le grand banc
© Bresson - Le Saêc / Soleil

Pascal Bresson, parlez-nous de la saga Entre Terre et Mer

J'ai découvert la série Entre Terre et Mer dès sa première diffusion à la télévision en 1997. Je crois bien connaître l'œuvre d'Hervé Baslé, tant par ses romans que par ses productions télévisuelles. C’est un conteur dans l'âme, un narrateur proche des gens, qui sait mettre en lumière la pudeur des sentiments des hommes, le courage, l'amour... Tout était réunis pour que cette saga maritime fonctionne. J'ai été séduit par ce feuilleton retraçant la vie des marins bretons, la grande épopée des terre-neuvas partant pêcher la morue sur les Grands Bancs au risque de leur vie. Toute une époque, encore bien présente dans notre mémoire bretonne, surtout ici à Saint-Malo où je vis...

Comment l’avez-vous transposée en bande dessinée ?

J'ai relu le roman d'Hervé Baslé pour me remettre dans l'ambiance et le contexte. Certes, j'avais dès le départ une base : le téléfilm. Mais le plus difficile fut d'apporter un rythme différent. Il a fallu réorganiser le récit, équilibrer les séquences entre les différentes composantes de l'histoire. Déjà entre le roman et la série, la synchronisation n’est pas toujours la même, certains dialogues sont différents. Il faut également éviter de plagier ce qui existe déjà. Il a fallu tout recréer façon BD. La bande dessinée est proche du cinéma. C'est d'ailleurs du cinéma sur papier. J'ai découpé page par page, case par case, soit plus de 140 pages qui composent les trois tomes de la série. Dans ce genre d'adaptation, il ne faut pas trahir, mais respecter l'œuvre et son auteur.

Entre Terre et Mer T1 - le grand banc © Bresson - Le Saêc - Baslé / Soleil

Entre Terre et Mer T1 : Le grand banc, extrait
© Bresson - Le Saêc - Baslé / Soleil

Quelles difficultés avez-vous rencontré lors de cette adaptation ?

Pour adapter Entre Terre et Mer en bande dessinée, ce ne fut pas si simple ! Dès le départ, je ne voulais pas faire du roman-photo, caricaturer les personnages, faire du copier-coller. Les personnages sont ceux de la série, mais le dessinateur Erwan Le Saëc s’est volontairement écarté des physiques des acteurs. Dans un téléfilm, on peut tirer sur la corde, rallonger les scènes, s'attarder plus longuement sur un dialogue, un décor, une action... Alors qu'en BD, le rythme est plus rapide, plus soutenu, plus radical. Il faut aller de suite à l'essentiel. Il ne faut pas que ce soit ennuyeux, il faut captiver le lecteur dès les premières pages ! La bande dessinée, c'est un autre langage, une autre écriture.

Entre Terre et Mer T1 - le grand banc © Bresson - Le Saêc - Baslé / Soleil

Entre Terre et Mer T1 : Le grand banc, extrait
© Bresson - Le Saêc - Baslé / Soleil

Vous semblez impressionné par le destin de ces pêcheurs de l’extrême…

Je suis surtout très admiratif devant tant de courage. Il fallait avoir faim pour faire ce métier de chien ! Ils se faisaient appeler « les bagnards de la mer ». Ces terre-neuvas étaient de sacrés bonshommes. J'ai lu divers témoignages, de nombreux livres sur le sujet : difficile d'imaginer ce qu'ils ont pu vivre. Si j'ai déjà réalisé plusieurs ouvrages sur les terre-neuvas, en travaillant sur Entre Terre et Mer,  j'ai encore appris des tas de choses sur ces hommes de la mer, notamment sur les jeunes mousses qui ont payé un lourd tribu. Que d'émotions ! Il fallait être solide physiquement et mentalement, s’imposer, se battre contre le froid, les tempêtes, la fatigue... Ce n’étaient pas des aventuriers, ils cherchaient seulement à gagner de quoi faire vivre leur famille restée à terre. J'ai la volonté de transmettre, d’être un passeur de mémoire. C'est important la mémoire, surtout lorsqu'on s'adresse aux jeunes !

Entre Terre et Mer T1 - le grand banc © Bresson - Le Saêc - Baslé / Soleil

Entre Terre et Mer T1 : Le grand banc, extrait
© Bresson - Le Saêc - Baslé / Soleil

Partager sur FacebookPartager
Brieg Haslé-Le Gall
15/01/2015