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Entretien avec Kid Noize

"La BD devient un peu une référence de mon projet..."

Après le décès de sa mère et un déménagement, Sam traverse une passe difficile et éprouve un puissant mal-être que son père et sa soeur sont incapables de soulager. Sa rencontre abrupte avec un homme à tête de singe, au volant d'une Mustang de 1977, va bouleverser son destin. Qui est donc cet étrange personnage signant ses tags du pseudonyme "Kid Noize" ? Jailli d'une autre dimension du nom de Nowera, ce livreur est là pour lui remettre un paquet qu'il a malencontreusement égaré. Un paquet qui détient la clef de l'avenir de Sam... 

Kid Noize, musicien, DJ et producteur est dorénavant un personnage de BD. L'homme à la tête de singe, son premier album, crée des passerelles avec son univers musical. Certains personnages ont ainsi déjà été aperçus dans ses clips vidéo. Otocto, qui porte son univers singulier en images, signe lui aussi son premier album alors que Kid Toussaint s'est attaché à structurer les idées de Kid Noize en scénario. L'occasion pour Auracan.com d'interviewer non pas un dessinateur ni un scénariste mais...un personnage de BD !

Qu’est-ce qui t’a amené à te mettre en cases ?


Otocto, Kid Toussaint et Kid Noize (© D.R./Dupuis)

La BD fait totalement partie de l’équation, du projet Kid Noize. La musique a pris le pas dessus, car elle était peut-être plus rapide à mettre en place, mais la BD permet de raconter des choses qui ne sont pas possibles à exprimer en musique, même via des clips. Avec la BD, on va pouvoir explorer l’univers du personnage, l’approfondir. Ca permet de mettre à plat ce que l’on a en tête. Il y a quelque chose de très concret dans le dessin.

On connaît ton attachement à la ville de Charleroi (B), est-ce cela qui t’a conduit chez Dupuis ?


Crayonné de la planche 2

Non, je ne me suis pas posé de questions à ce sujet. Pour moi ça paraissait évident, une BD c’était chez Dupuis !  Je n’ai pas démarché ailleurs. Et j’ai eu la chance de rencontrer de chouettes personnes qui ont adhéré à l’idée et ont accompagné ce projet avec enthousiasme. En tout, il a fallu deux ans pour aboutir à ce premier album, ce qui est relativement rapide dans ce domaine.

Un premier album pour toi, mais aussi pour le dessinateur, Otocto…

Plusieurs dessinateurs ont réalisé des essais, et finalement c’est lui qui l’a emporté. L’équipe a bien fonctionné. Je suis arrivé avec des idées, des caisses de photos, de jouets, et Kid Toussaint a canalisé et affiné tout ça pour construire un vrai scénario. J’ai une formation initiale de graphiste, j’ai participé à des story-boards de films et de clips vidéo, mais c’est très différent de la BD. Kid Toussaint en maîtrise les codes, joue avec les pages, les cases. Personnellement j’ai lu beaucoup de BD, je rêvais de devenir dessinateur. Mais la musique a pris le pas sur cette envie, et je me suis également rendu compte que c’était très compliqué, et que ça représente un boulot de fou avant d’aboutir à un album de BD. A l’arrivée, concrètement, je suis totalement novice dans le domaine. C’était vraiment intéressant de découvrir tout ce travail.

L’homme à la tête de singe, la BD, est sortie le même jour que The man with a monkey face, ton nouvel album musical. Était-ce important que ces deux publications soient simultanées ?  

Au début, on n’y avait pas pensé, mais comme la BD permet de donner vie, en dessin, à certains personnages ou éléments présents dans la musique et dans mes clips, l’idée a fait son chemin, comme celle des titres des deux medias. Cette association des deux permet de créer des passerelles entre l’imaginaire et le réel, de concrétiser d’une certaine manière cet imaginaire. Ce choix paraissait donc cohérent, mais c’est aussi un fameux challenge avec de la promo des deux côtés, deux agendas à coordonner etc. On peut aussi y ajouter le webtoon présenté à Angoulême.

Tu as créé Kid Noize, ton personnage. Qu’as-tu ressenti la première fois que tu t’es vu dessiné sous forme de héros de BD ?

De l’angoisse ! Et comme plusieurs dessinateurs s’y sont essayés, beaucoup de craintes à chaque fois. J’ai mis le meilleur de moi dans Kid Noize et l’enjeu était tel que je n’avais pas beaucoup de plaisir à affronter ces premiers dessins. Ensuite, après le choix d’Otocto, quand on a avancé progressivement  dans la réalisation de l’album, ça s’est heureusement apaisé. Le dessin a évolué et continuera probablement à le faire, mais le personnage de Kid Noize aussi, donc pas de problème de ce côté. Ceci dit, j’ai mes cases préférées  dans L’homme à la tête de singe.

L’album est plutôt orienté "jeunesse". Il t’arrive d’organiser des DJ sets destinés aux enfants. S’agit-il d’un public particulièrement important pour toi ?

Oui, car j’essaye de délivrer un message positif, et si celui-ci peut les toucher, c’est gagné ! Je crois que le personnage de Kid Noize a intrigué les enfants, leur a plu, mon univers les a touché et progressivement mon public est devenu intergénérationnel. Je dis parfois que je m’adresse aux 6 à 66 ans !

Lors de séances de dédicaces, le Kid Noize héros de BD rencontre-t-il un public différent de celui du musicien ?

J’ai rencontré une première fois le public BD lors du festival Spirou, à Bruxelles, alors que l’album n’était pas encore sorti. Et là oui, je dirais que le rapport était différent de celui avec le public musical. Maintenant que nous disposons de l’album, je suis très curieux de voir comment cela va se dérouler. De manière très terre-à-terre, il est assez difficile de dédicacer un CD, donc, côté musique, on me demande plus souvent de signer une casquette ou de faire un selfie. Dans la BD, on a prévu de la place pour la dédicace (rires).

L’homme à la tête de singe porte le numéro 1. On se dirige donc vers une série…

Oui, et là on en est à la validation du scénario du tome 2. Progressivement, la BD devient un peu une référence de mon projet, et quand des choix artistiques devront être posés, je me baserai sur certains personnages ou événements de la BD. Je vous l’ai dit, les deux aspects de l’aventure sont intimement liés et se nourrissent l’un de l’autre. Côté BD, chaque album pourra être lu comme un one-shot, mais un fil rouge les reliera. Il est essentiel que l’ensemble ait un sens. L’homme à la tête de singe, qui se déroule à Charleroi, constitue une mise en place, une amorce, mais on va voyager, bouger dès le deuxième, que l’on espère voir publié pour la fin de l’année. Les liens entre BD et musique devraient y être encore plus précis.

On compare souvent la BD au cinéma. Ta musique peut-elle être considérée comme la bande originale de ton album BD ?

Peut-être… Pour moi, L’homme à la tête de singe est une sorte de nouveau départ. Pas musicalement, car je continue à évoluer dans ce domaine, à explorer d’autres choses, comme en témoigne The man with a monkey face, mais au niveau de la communication, du développement du concept sans aucun doute. L’ensemble doit avoir du sens, et on doit le faire connaître. Mon calendrier est chargé : promo de la BD, une tournée qui se précise avec deux gros challenges : la salle du Spiroudôme de Charleroi le 27 avril pour la débuter et l’Ancienne Belgique le 22 novembre pour la clôturer.  Ce sera très fatigant, mais c’est très important !

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Pierre Burssens
29/01/2019