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Entretien avec Michel Colline

 "La planète Charbon pourrait être une projection de la nôtre dans plusieurs décennies..."

Charbon est une planète minière dirigée par l'Empereur Toxico. Afin de commercer avec les planètes voisines, et pour son seul profit, il règne en maître sur une terre polluée, où la végétation a disparu sous les poussières de charbon. Apollo est fils de mineur. Il travaille dans la mine à vérifier que les galeries soient sûres et entretenues. Il connaît chaque recoin comme sa poche. Mais un jour, alors qu'il fait sa ronde, il entend comme un drôle de bruit... Et il aperçoit une chose qu'il n'avait jamais vu... Ce sera le début d'une grande aventure, d'un nouvel espoir pour Charbon et sa population, à moins, évidemment, que l'Empereur et ses sbires ne viennent pas tout gâcher.

Avec L’espoir, premier volet d’un diptyque, Michel Colline signe une belle aventure susceptible de séduire tous les publics, tant l’album propose plusieurs niveaux de lecture. Son dessin séduira aisément les plus jeunes alors que les thématiques abordées interpelleront des lecteurs advantage matures. L’espoir présente aussi un cocktail réussi entre classicisme et BD actuelle. Michel Colline apparaît pour la première fois sur Auracan.com et a répondu à nos questions.

Michel CollineMon premier album Tueur de cochon est sorti il y a une quinzaine d’années dans la collection treize étrange . L'espoir est mon septième album. Je travaille également comme illustrateur jeunesse notamment  avec la série bd Joséphine pour le magazine Les petites princesses chez Fleurus presse.

Qu’est-ce qui vous a amené à créer Charbon ?

C’est une idée que j’avais depuis quelques années, travailler sur un univers dictatorial où toute nature aurait disparu, en explorant la notion d’ enfermement, d’un peuple soumis par un seul personnage qui dirige tout. L’idée de la végétation est venue après, comme un enjeu assez fort pour, justement, renverser ce dirigeant despotique. 

En même temps, cela signifie qu’il ne faut jamais perdre espoir. L’initiative d’Apollo, un enfant, va entraîner d’autres personnages à sa suite. Il y a deux ans j’ai participé à une résidence d’artiste qui m’a permis d’avancer sur cette idée, et de pouvoir au final, réaliser un dossier complet à envoyer aux éditeurs.

Charbon se déroule sur une autre planète, on est donc dans la SF, or le charbon a lui une image que l’on rattache plus volontiers au passé, à la révolution industrielle, au travail des mineurs...  Avez-vous été sensible à cet aspect, et pourrait-on qualifier votre BD de rétro-futuriste”? (steampunk ?)

Oui j’aime cette idée de rétro- futurisme. La planète Charbon pourrait être une projection de la nôtre dans plusieurs décennies. Ce matériau est toujours utilisé comme combustible dans certains pays et dans certaines industries, et constitue une importante source de pollution. Par ailleurs, l’univers des mines reste fort marqué dans notre mémoire collective, par sa dureté, sa dangerosité et les luttes sociales qui en ont découlé. 

Vous êtes-vous inspiré de cette réalité historique pour certains éléments de la BD (décors, éléments techniques..) ?

Je me suis partiellement inspiré de documents d’archives de villes où l’industrie minière était fort développée, maisla plus grande partie de l’ensemble a été imaginée pour créer, pour Charbon, un univers bien spécifique.

Vous adaptez votre dessin d’un album à l’autre, comment avez-vous défini le style graphique que vous avez adopté pour Charbon ?

J’ai toujours dessiné dans un esprit ligne claire. Pour Charbon j’ai ajouté plus de hachures, plus de densité dans le traitement des décors, des ambiances, en essayant  de rendre cette sensation d'un univers pollué, plus dense, plus étouffant...

Le duo Apollo - Anthracite rappelle quelques grands classiques. Quelles sont vos influences en BD ?

J’ai comme beaucoup était influencé par mes lectures de jeunesses. Pour moi ce sont les auteurs du journal Spirou. J’ai adoré les séries qui y étaient publiées :  Tif et Tondu , Gil Jourdan, Docteur Poche, Spirou, la formidable série d’Yslaire Bidouille et Violette et tant d’autres...  Plus tard ce sont des auteurs comme Chaland, Clerc, Ted Benoit, Franck Le Gall qui m’ont inspiré. Je me souviens aussi avec émotion de mes premières lecture des Blake et Mortimer de Jacobs.

Avec la découverte d’Apollo, on imagine qu’il doit y avoir une préoccupation écologique personnelle derrière cet album. Pouvez-vous nous en parler ?

Ayant vécu à paris pendant pas mal d’années, ce soucis de la pollution, de la destruction du vivant m’à toujours interpellé. Cette idée toujours plus folle de créer des métropoles de plus en plus grandes, mais par ailleurs de plus en plus déconnectées de l’essentiel et pourtant tellement connectées au superflu a quelque chose d’effrayant. Ces villes continuent à s’étendre, mais jusqu’où et jusqu’à quand ?

En combien de tomes est prévue la série ? Et menez-vous d’autres projets en parallèle ?

Charbon sera un diptyque. Le second volet, intitulé La révolte devrait normalement sortir en septembre prochain. Je travaille sur d’autres idées, l’écriture d’une histoire sombre, un polar psychologique et je rencontre aussi des scénaristes pour jeter les bases d’éventuelles collaborations futures.

 +++ A noter que l'éditeur, simultanément à l'album classique, a publié une impressionnante version N/B grand format de "L'espoir"en tirage très limité (300 ex.)


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Pierre Burssens
11/11/2020