Entretien avec Romain Hugault
Une rencontre passionnante à l'occasion de la sortie de Tomcat, la première bande dessinée de Romain Hugault tirée de faits historiques qui met en lumière la première femme pilote de chasse embarquée dans la marine américaine.
« C’est une histoire féministe et même s’il y a des missiles, du kérosène et des boulons, ça n’empêche pas de faire une bonne histoire intéressante »
Quels arguments donnerais-tu pour donner envie de lire Tomcat ?
Ne pas se fier à la réputation embêtante qui dit que les BD d’avions, que un, c’est forcément pour les garçons, que deux, c’est forcément pour les geeks qui lisaient les Buck Danny de leurs grands-pères et que c’est un genre comme un autre. Une bonne histoire, c’est une bonne histoire. Que ce soit une bd de pirates ou de cow-boys, si c’est super bien fait avec passion et amour, ça peut faire des albums intéressants pour tout le monde. J'ai une dame qui est venue me voir et qui m’a dit « Écoutez, j’y connais rien en avion, j’en ai rien à faire mais j’adore cette histoire car c’est une femme qui se bat dans un milieu d’hommes. C’est une histoire féministe et même s’il y a des missiles, du kérosène et des boulons, ça n’empêche pas de faire une bonne histoire intéressante.
Comment s'est fait la rencontre avec Anastasia et comment avez-vous travaillé avec elle ?
Alors, Anastasia, c'est suite à ma collaboration pendant seize ans avec Yann, qui s'est très bien passé, très bien fini, il n’y a pas eu du tout de friction, rien du tout, j’avais fini Angel Wings, cela faisait 8 ans que j’étais sur le même personnage et j’avais envie de changer un peu d’air. Et je cherchais par contre la perle rare qui est un ou une scénariste qui aime les avions. C’est compliqué, même Yann me disait qu’il y avait des dessinateurs que ça embête. Lui adorait ça mais c’est comme faire une histoire de voitures, une histoire de western, si l’on n’aime pas ça à la base, c’est compliqué !
En plus, souvent dans les histoires techniques comme ça d’aviation, l’avion et toute la technicité du vol qu’il y a autour, l’histoire de l’aviation, comment vole un avion, pourquoi, quels sont les pannes, les défauts, les qualités amènent des éléments de scénario aussi. Yann me disait qu’à l’époque, que le Panther à l’époque, quand il tirait, ils n’avaient pas mis d’évent pour les gaz et du coup, les nez explosaient. En fait, les mecs tiraient et au lieu d’atteindre leurs proies, ils se retrouvaient à être les cibles. Tout ça pour dire, que les trucs techniques amènent des scénarios. Donc, il faut un scénariste qui aime ça. Et Anastasia que je ne connaissais, qui ne venait pas du tout de la BD. C’était dans mon studio à Paris, j’ai une copine qui est scénariste pour des séries télé, dans l’animation à qui je parlais de mon désarroi de ne pas savoir avec qui bosser maintenant et qui me l’a présentée.
Moi, j’ai toujours bossé avec un ou une scénariste parce que je considère que c’est un vrai métier. Ce n’est pas quelque chose que l’on fait par-dessus la jambe. Je fais déjà double casquette avec le dessin et la couleur. Je ne sais pas raconter des histoires et surtout les dialogues. Elle m’a dit « il y a Anastasia, ces parents sont tous les deux pilotes, elle fan d’avion et elle aurait rêvé de faire un Angel Wings. Je l’ai rencontré et ça ç’est super bien passé. Après, c’était vraiment un truc à quatre mains, ce n’est pas son scénario que j’adapte. On a travaillé ensemble. Par exemple, c’est moi qui ai eu l’idée, bah attends, il y a deux histoires. Parce que l’idée, c’était que je voulais raconter une histoire avec un F14 Tomcat qui est un avion magnifique, mythique, le héros de mon enfance. C’était Top Gun, c’était ce qui m’a donné la passion de l’aviation. Mais je cherchais une histoire encore un peu fictive mais bon, je risquais de tomber dans les écueils de Top Gun, du film. Et puis, je me suis renseigné et j’ai vu qu’il y avait un avion qui avait fait deux trucs mythiques et je me suis dit, pourquoi ce ne serait pas de raconter l’histoire de cet avion même si les deux histoires n’ont pas grand lien, ça raconte la vie de l’avion. Et donc, c’est parti comme ça, et l’idée que j’ai eue, c’est de dire que c’est l’avion qui raconte sa vie. L’avion va se scratcher et comme un humain, quand on va mourir, votre vie se déroule devant vos yeux et on commence comme ça. Et l’idée de base pour pas faire un truc barbant parce que c’est très technique, c’est un combat aérien qui se déroule dans les années 80, c’est très missiles, radars et du coup, ça peut être complétement abscon ou rébarbatif et du coup pas intéressant. Et en fait, l’idée était de se dire que c’était l’avion qui a des émotions qu’il raconte en voix off et les humains aux commandes sont à la limite plus des robots, ils sont très techniques. C’est marrant de prendre le truc à l’envers et les tous premiers lecteurs de l’album sorti en avant-première à Saint-Malo disent étrangement que l’on s’attache à l’avion et c’était mon but ultime. Pour moi, je suis tellement passionné d’avion que de voir un avion mythique, un avion que je n’ai jamais vu, ça peut me faire pleurer. C’est débile mais j’ai un tel amour de l’aviation. Et le but, c’était que l’on arrive à se lier avec cet avion. En plus, il y a plein de choses qui se sont rajoutés après dans ma vie qui fait que c’est un album bourré d’émotions pour moi.
Est-que ça été difficile de réaliser une bd tirée d’une véritable histoire, celle de Kara Hultgreen, première femme pilote de chasse embarquée dans la marine américaine ?
Ouais, c’était pas évident parce que, autant dans Angel Wings ou dans mes autres séries, comme je créé les personnages, je fais ce que je veux, tout en étant déjà dans un dessin très historique avec le bon boulon au bon endroit, le bon char à tel endroit. Pas d’anachronisme même dans une histoire fictive. Là, je suis au plus près de la réalité. J’ai vu des photos noir & blanc un peu floues et j’ai vu qu’elle avait une montre chrono et j’ai retrouvé des personnes qui m’ont dit que c’était telle montre. J’ai dessiné à tel endroit, me suis assuré quelle voiture elle avait, m’apercevoir que la couleur du hangar était différente que celle quelques années plus tard. Voilà, j’étais au plus près ! Le but, c’est un avion très complexe et je veux que des anciens pilotes de Top Case disent « Ah, p…, bien joué, tu as même mis le mode suivi de terrain… Machin ». J’essaie d’être le plus taré et irréprochable possible.
Le problème, c’est que quand on dessine une histoire fictive, une histoire réaliste, l’histoire aussi doit être comme ça. Donc, je me suis appuyé, de loin, sur les mémoires qu’a écrit sa mère, où elle racontait sa vie. J’ai essayé d’être le plus neutre possible eu égard à la polémique qu’il y a eu lorsqu’elle Kara Hultgreen s’est tuée. C’est la première femme pilote décédée après un an d’exercice, fort de quarante huit appontages et ce n’était donc pas une minette qu’on avait prise là, d’autant plus qu’elle avait déjà piloté des avions réputés difficiles. Aujourd’hui encore, à l’occasion de posts de certains de mes dessins, on trouve sur les réseaux sociaux des remarques désobligeantes comme quoi elle n’aurait jamais dû être dans un Tomcat, elle n’était pas prête, la Navy l’a poussée… Oui et non, oui ils ont poussé parce qu’il fallait sortir des scandales de sexisme et même de viols dans la Navy, c’est ce que l’on raconte un peu dans la bd. Il fallait qu’il y ait des femmes mais ce n’est pas pour autant qu’elle n’avait rien à faire ici, c’est pas pour autant que l’avion, à 0,4’’ seconde près, elle aurait été encore vivante. Le crash a duré 3’’, qu’est-ce que vous faites-vous en 3’’ quand vous avez une bagnole qui débarque, qui vous pique de la droite et vous grille la priorité ? C’est très compliqué et surtout très facile de refaire l’histoire. C’est marrant de constater, que 30 ans après, c’est encore polémique ! On vous l’avait dit, pas de gonzesse aux commandes, c’est un truc de mec de faire la guerre avec des avions. Donc, c’est aussi ça, et puis comme je l’ai écrit dans ma préface, je me suis attaché à ce personnage puisque ma mère est décédée à l’atterrissage il y a 2 ans. Donc, voilà, ça été un peu, un album cathartique où j’ai fait mon deuil. J’ai essayé de faire du mieux que je pouvais.
À la lecture de la préface, on comprend que la réalisation de cet album a un eu un sens particulier avec notamment un concours de circonstances alors que votre nouveau projet concernait la carrière d’une pilote décédée lors d’un appontage (ndlr. atterrissage sur navire) alors que vous veniez de perdre votre mère, pilote émérite lors d’un atterrissage. Y avez-vu un signe du destin ?
Destin, non parce que les deux éléments un ne sont pas liés parce que j’ai décidé de faire cette BD après le crash. J’avais déjà l’idée de faire ça, l’idée de faire Kara Hultgreen et quand c’est arrivé, juste la question s’est posée : là, je suis face à un os, j’en rêve de faire cette BD depuis longtemps et j’ai un super sujet, manque de bol ça m’arrive dans ma vie, qu’est-ce que je fais ? Connaissant ma mère, sa pugnacité au travail, son amour de mon travail et je pense qu’elle aurait été assez vexée que je me dise, j’y vais pas parce que ça me fait du mal. Au contraire, je vais tout défoncer, je vais faire comme elle aurait aimé, je vais bosser comme un dingue pour faire le plus bel album, le plus honnête qui puisse être.
Pour lui rendre hommage en quelque sorte ?
Tout à fait ! Et j’y suis allé et avec tout ce que je pouvais et j’espère qu’elle est fière de moi !
Votre réponse décline sur la question suivante : « Show must go on » s’avère sûrement une phrase que vous avez dû ruminer après la mort tragique de votre mère.
Ouais
Qu’est-ce qui vous a donné la force de continuer le projet et quelles en étaient les alternatives ?
Les alternatives, c’étaient de faire complètement autre chose. Continuer, oui ! J’avoue que quand j’ai dessiné la scène où l’avion bascule dans l’océan et que ça va être fini, j’ai versé ma petite larme. C’est assez bizarre, je ne fais pas mon fiérot et je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières à cause de ça. Ce n’est pas un argument marketing, c’est juste un album qui m’a donné beaucoup d’émotions que j’ai essayé de rendre pour le lecteur. L’avion, c’est à la fois une espèce de machine qu’on se met autour de soi pour voler dans le ciel. Je ne comprends pas encore qu’en 2024 on dit qu’il faut clouer les avions, ça pollue. C’est quand même l’une des plus belles réussites de l’humanité. C’est ce dont on rêvait depuis des millénaires et notre génération, enfin moi, ma grand-mère a connu l’époque de Blériot et la conquête de la lune. Elle est morte il y a 5 ans, elle a connu le Concorde. En une génération d’humains, on a conquis le ciel et l’espace, c’est un truc extraordinaire, complètement fou ! Et donc, c’est vrai que la machine revêt pour moi, quelque chose d’exceptionnelle et c’est vrai que lorsque l’on vole dans un avion, on fait confiance aux matériaux, à l’ingénieur qui l’a créé. On se fait confiance parce que l’on pilote l’avion et on se dit que dans le ciel, quand vous avez des ennuis dans votre vie, des trucs qui ne vont pas, vous décollez et ouah, tout disparaît ! Je sais que le premier vol que j’ai fait après le décès de ma mère, je suis monté au-dessus des nuages, un ciel magnifique et des beaux nuages bien distincts, un soleil rasant, tout était orange, j’ai fait des arcs-en-ciel dans le ciel et je ne sais pas si vous l’avez déjà remarqué, il y a un effet visuel quand on a, à travers le hublot, son ombre dans un nuage, cela fait un halo d’arcs-en-ciel autour et c’est magique. J’ai donc fait des arcs-en-ciel pendant une demi-heure puis je suis retourné me poser. Dans ces moments-là, on est hors du temps, on est seul au monde et c’est quelque chose que l’on ne peut comprendre si on ne vole pas. Mais même, quand vous partez en avion de ligne, que vous décollez de Paris avec un temps maussade et que vous passez les nuages pour découvrir un grand soleil, c’est un autre monde, on est au paradis et c’est sympa de vivre ça.
Et vous arrivez à partager votre temps pour voler ?
Oui, comme d’hab’, je suis partagé entre la table à dessin, ma petite famille et les avions et c’est dur de tout concilier. Je ne vole pas assez, je rêverais à la fois d’être Maverick dans Top Gun 2, avec mon lit dans le hangar avec mes avions, mes motos et bricoler et puis partir faire mach 10, puis après pilote de chasse. Mais c’est un peu un délire et je pense que Maverick doit se sentir un peu seul. J’ai des potes qui ont tout ça mais qui n’en profitent un peu que le samedi, c’est dur d’être un cow-boy solitaire. (rires)
J'aimerais que vous reveniez sur la réalisation de vos bandes dessinées, à la fois sur le niveau technique, graphique.
Je n’ai pas changé de méthode depuis toujours Le Grand Duc, cela va faire 15 ans maintenant. En fait, j’esquisse au crayon bleu, les masses, les perspectives, je dessine au crayon bien affuté et ensuit, je scanne et je vire le bleu. Il ne me reste plus que le trait et je mets en couleur avec une tablette graphique avec Photoshop. Avec l’arrivée de l’IA, c’est vrai que tous les auteurs, on n’est pas vraiment en stress mais on se dit quand même que c’est préoccupant. En fait, j’ai un dessin tellement réaliste que les gens n’arrivent plus trop à faire la jonction entre savoir si c’est une photo ou un dessin. En fait, j’ai un dessin qui n’est pas assez graphique et je rêverais d’avoir un dessin plus lâché, un truc à la Ralph Meyer. On voit le dessin, l’encre, le trait de pinceau, la matière quoi ! J’ai un dessin d’un peu, un moine copiste et je vois qu’il y a des gens qui ne se rendent pas compte du travail qu’il y a derrière.Quand je fais un effet de vitesse d’une mer, je ne prends pas une photo de mer à laquelle j’ai mis un calque de vitesse, j’ai tout peint à la main au pinceau. Par exemple, je n’ai pas 50 000 calques, un pour la lumière, un pour l’ombre, j’ai le dessin, point ! Souvent, je détache l’avion du fond parce que si je veux le bouger et en fait j’utilise l’ordi comme un pinceau comme si j’étais en méthode traditionnelle.
La méthode traditionnelle ne vous a-t-elle jamais tenté ?
Si, si mais je ne suis pas assez doué. Fraudrait que je m’y mette vraiment. J’ai fait de la peinture, des toiles d’avion avant de faire de la bd. Et c’était un tel rêve de faire de la bd, ça prend tellement temps que je n’en ai pas à y consacrer 6 mois sans parler que j’ai une famille à nourrir, des BD qui me passionnent à faire et c’est le même truc que passer mon temps à l’aérodrome. Je ne peux pas, je n’ai vraiment pas le temps ! Il faudrait que j’ai un burn out qui m’impose de ne plus faire de la bd pendant 2 ans, je me met à la peinture ou faire de la bd traditionnelle mais c’est un boulot. Déjà que c’est compliqué avec les avions. Je ne suis pas sectaire, faut voir.
D’où l’intérêt de réaliser des interviews afin que les lecteurs appréhendent mieux les raisons pour lesquelles il faut tant de temps pour faire un album.
Et encore, je suis un rapide, je mets un an, un an et demi pour faire un album. J’ai 20 ans de carrière et j’en ai fait 27 ajoutés à des pin-ups… C’est un rythme assez soutenu mais je suis conscient de la chance que j’ai, il y a tellement d’auteurs. Quand on voit en librairie le talents des mecs, il y a tellement de trucs géniaux qui sortent et ce, dans n’importe quel domaine et malgré tout j’ai fait mon trou.
Que vous avez fait très rapidement...
Dès le premier album, j’ai eu un prix grâce à Michel-Édouard Leclerc, merci à lui, prix « J’ai coincé la bulle », prix des premiers albums et boum on récompense quelqu’un qu’on aime bien et ce fut moi. Alors, je commençais à peine la BD, j’ai un prix et on m’encourage et je me suis que c’était une chance à ne pas louper. J’ai toujours bossé, j’ai toujours un projet qui pousse l’autre et je sais que c’est une chance que je ne veux pas gâcher. J’ai une grande liberté chez Paquet, je fais des albums que je veux, je n’ai aucun plan marketing. Le prochain projet après Tomcat où j’en suis à la planche 6 et un jour je suis arrivé, j’ai posé la première planche sur le bureau et j’ai dit que j’avais un projet avec tel mec qui parle de ça et on m’a dit ok, j’ai une telle chance.
Cet album Tomcat marquera assurément votre bibliographie pour diverses raisons : un bel hommage au combat des femmes pour être respecté et reconnue comme l’égale de l’homme mais aussi au travers de la mise en lumière de cet avion, qui grâce à Top Gun est rentré dans la postérité. Exactement ! Pensez-vous, dans l’avenir, continuer à raconter et mettre en image des faits historiques autour de l’aviation ou était-ce une parenthèse ?
Non, le prochain projet revient à une affaire fictive dans un avant réaliste mais ça part toujours de l’envie d’avions, d’une époque et là, je suis parti dans les années 30. Je reprends une série qui parle de l’âge d’or de l’aviation et des avions de course mythiques des années 30 où les pilotes étaient des héros. Il faut savoir qu’à l’époque, un meeting aérien aux États-Unis rassemblait 700 000 personnes. Là, ça a un peu une ambiance Gatsby, Scarface, un peu mafia, costumes rayés avec des grosses voitures, pauvreté après la crise de 1929 et richesse folle des trafiquants. Je fais un truc un peu fun, j’en avais besoin après Tomcat, de marrer et d’y aller à fond. De la couleur, de la couleur et puis art déco. Je vais faire un gros boulot sur le graphisme des planches car je veux que l’on se sente dans Gatsby. Ce sera tout d’abord en tomes et on verra après.
Je suppose qu’au niveau des ventes…
Depuis quelques années, Je ne stresse plus trop sur les ventes. Je sens que j’ai un plancher de lecteurs qui aime bien ce que je fais, j’ai un lectorat fidèle. Je ne suis pas une star de la BD qui défoncent à 200 000 parce que j’ai fait un sujet de ouf. J’ai la modestie de pouvoir dire que j’ai de la chance d’avoir un lectorat fidèle qui me suit sur n’importe quel sujet et qui est cool. Les gens sont sympas en dédicace, j’ai pas de chieurs, franchement, ça se passe vraiment bien.
Réaliser des rêves de gosse s’avère utopique pour bon nombre d’entre nous. Vous vous êtes donnés les moyens pour y arriver, à force de ténacité et beaucoup de travail. Pouvez-vous revenir sur ce parcours, ce qui a vous a marqué et maintenant quelles sont vos aspirations pour la suite de votre carrière ?
Mes parents n’étaient pas du tout dans le milieu artistique, mon père était pilote dans l’armée, ma mère était institutrice et ils n’ont jamais mis de frein à une carrière qui partait pour pas être… Voilà, je faisais des petits dessins, je n’avais jamais pensé faire de la BD. Pilote, ç’aurait été bien mais c’est vrai, mon père m’a dit une fois qu’ils n’étaient pas stressés car ils voyaient que je travaillais. Je n’ai jamais arrêté de dessiner, j’étais timide, introverti et ce qui est chouette, c’est que ma réussite m’a permis de devenir quelqu’un, entre guillemets. Et la chance d’être un gamin qui a deux passions, le dessin et les avions, je vie des deux.
Mais, c’est aussi à force de travail…
Ouais, mais j’ai hâte le lundi de me remettre sur ma planche et s’il ne fait pas beau le dimanche, je bosse. Il y a bien sûr des planches moins rigolotes à faire quand il y a du blabla mais je trouve toujours dedans un truc marrant, intéressant, un petit challenge à dessiner. Je n’ai jamais eu le syndrome de la page blanche. Je me suis par contre demandé après Tomcat, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire !Je me suis dit avec les années 30 que ça pouvait être sympa et quand j’en ai parlé à mon copain Edouard Rousseau, celui qui a fait le dossier final dans Tomcat, professeur d’art et écrivain émérite d’art, qui est fan d’avion comme moi et là, on a commencé à bosser ensemble et c’est un rêve. En plus, bosser avec un pote, on se marre, on fait les c..s, on est à fond et c’est drôle d’être avec un mec. Avec Paquet, ça se passe bien, c’est des gens charmants, il n’y aucun problème.
Propos recueillis par Bernard Launois le 26 octobre 2024.
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Photo © Bernard Launois / Auracan.com
Visuels © Romain Hugault / Paquet