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Entretien avec Héloret

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Héloret © Manuel F. Picaud / Auracan.com
« J'aime en général les dessinateurs dont le style est aux antipodes de ma propre production. »

Depuis 1995, Stéphane Robin signe sous le pseudo Héloret. L’artiste breton, 43 ans, a démarré la BD chez Glénat, où il dessine le Bateau-feu écrit par Christophe Gibelin (4 tomes parus de 1995 à 2002).

En 2003, notre talentueux mais trop discret dessinateur démarre une fructueuse collaboration avec Pierre Boisserie. Après les trois tomes de la série Eastern parus chez Dargaud, Auracan.com vous dévoile en exclusivité les premières images d'une superbe trilogie signée des deux auteurs et annoncée chez 12 bis : Robin ! Une nouvelle interprétation du mythe de Robin des Bois...

Parallèlement, Héloret participe aussi à L'ultime Chimère, la nouvelle grande saga de Laurent-Frédéric Bollée aux côtés de cinq autres dessinateurs : Philippe Aymond, Brice Goepfert, Griffo, Olivier Mangin et Fabrice Meddour. Discret certes, mais infatigable !

Rencontre avec un auteur trop modeste mais bourré de talent.


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L'ultime Chimère T1, extrait © Héloret - Bollée / Glénat
Avez-vous toujours voulu faire carrière dans la bande dessinée ?
Je n’ai pas toujours su que je voulais faire de la BD, mais ce qui est certain, c’est que je voulais bosser dans le graphisme. J’ai pensé un temps à la pub avant de me rendre compte que ce n’était vraiment pas mon milieu ! C’est aux Beaux-arts de Rennes, en troisième année, que j’ai décidé de passer le concours de l’atelier BD d’Angoulême. Là, j’ai fait la connaissance de Christophe Gibelin au moment où il commençait la série les Lumières de Lamalou avec Claire Wendling. À ma sortie de l’atelier, Christophe m’a proposé de bosser avec lui. Nous avons créé la série le Bateau-feu pour Glénat. Et la BD est devenue mon unique activité professionnelle.

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Eastern, crayonné de recherche © Héloret - Boisserie / Dargaud

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Robin T1
extrait de la planche 8, crayonné
© Héloret - Boisserie / 12 bis
Quels sont vos auteurs référents ?
Sur le plan graphique, je ne pense pas avoir d’influences particulières avérées. Mais j’aime en général les dessinateurs dont le style est aux antipodes de ma propre production. En fait, j’admire chez les autres mes propres manques... Je pense à des auteurs comme Denis Bodart ou Christian Rossi par exemple.

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Robin T1, projet de couverture
© Héloret - Boisserie / 12 bis
Ne seriez-vous pas un peu sévère avec vous-même ?
Il y a sans doute des auteurs complets, mais je pense que la plupart des auteurs ont toujours quelque chose qui pêche. Mes admirations vont donc là où j’ai l’impression que j’assure le moins. Mes dessins doivent avoir des qualités… Mais la qualité essentielle est de ne pas voir ses qualités, mais au contraire, être conscient de ses défauts pour y remédier. Moi, je ne vois que mes défauts !

Dans quelles circonstances avez-vous connu Pierre Boisserie ?
J’ai rencontré Pierre Boisserie au festival de bande dessinée de Buc en 2002 où j’avais été invité à la sortie du 4e tome de Bateau-feu. J’y ai aussi rencontré Éric Stalner d’ailleurs ! Ayant appris que je terminais ma série avec Christophe, il m’a proposé un scénario où étaient jetées les bases de l’histoire d’Eastern. Pierre propose toujours un canevas assez lâche sur lequel nous retravaillons ensemble, chacun rebondissant sur les idées de l’autre pour les préciser, les modifier… Le scénario est ainsi rebâti par touches successives.

Avez-vous eu le sentiment que la série Eastern souffrait de l'ombre de sa grande sœur la Croix de Cazenac, pourtant dans un genre bien différent ?
Les deux séries, bien qu’ayant des passerelles évidentes, se lisent de façon totalement indépendante. Si Eastern a souffert de quelque chose, c’est que son dessinateur ne joue pas dans la même cour qu’Éric Stalner ! J’espère que la série pourra se poursuivre…

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recherches graphiques pour la série Robin © Héloret - Boisserie / 12 bis
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Robin T1, extrait de la planche 11
© Héloret - Boisserie / 12 bis

Toujours avec Pierre Boisserie, vous commencez la nouvelle série Robin, chez 12 bis, où vous revisitez le mythe de Robin des Bois…

Au moment où Pierre m’a contacté, j’étais occupé à chercher de la documentation sur le Moyen-Âge. Et pas spécialement dans l’esprit avec lequel on va raconter cette histoire, mais je lui avais montré des dessins. Parallèlement, certains éditeurs avaient lancé des collections sur les adaptations de romans et l’avaient interrogé pour adapter des romans. Dans sa liste, il y avait le Robin des Bois d’Alexandre Dumas, mais il a eu davantage envie de reprendre le mythe de Robin des Bois à ses origines et d’écrire sa propre histoire.

Adaptez-vous votre style de dessin à cette nouvelle saga ?
Pour le style graphique, je reste dans l’esprit du dernier tome en date d’Eastern. Le ton général est le même bien que plus sombre par certains aspects. Côté fonctionnement, Pierre et moi travaillons de la même façon que sur Eastern. La sortie de Robin est prévue en trois tomes dont le premier devrait sortir, sous réserve, en janvier 2009. Ensuite, en fonction, de l’intérêt que susciteront ces trois tomes nous complèterons la vie de nos personnages par des histoires bouclées à chaque épisode.

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1ère rencontre physique d'Héloret et Laurent-Frédéric Bollée
au Salon du Livre de Paris 2008 sous les bons auspices
de Brieg F. Haslé et Manuel F. Picaud d'Auracan.com
© Manuel F. Picaud / Auracan.com
Vous participez aussi à L'ultime Chimère, la série à auteurs multiples de Laurent-Frédéric Bollée... Existe-t-il une différence d’approche de travail chez vos scénaristes ?
Le travail sur L'ultime Chimère est vraiment différent. Le scénario est bouclé à la vignette près. Il n’y a pas eu de dialogues avec le scénariste au préalable. En même temps, c’est un travail à plusieurs mains qui demande à être tenu rigoureusement. Pour le dessinateur, c’est aussi confortable après tout, il suffit de se laisser guider.

Comment vivez-vous le fait de travailler avec d’autres dessinateurs sur une même histoire ?
Graphiquement, n’étant pas dépositaire de la série, mais un simple maillon de la chaîne, c’est de manière détendue que j’ai abordé ce travail. Je pense avoir du coup progressé.

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Robin T1, extrait de la planche 4 © Héloret - Boisserie / 12 bis

Comment se sont fait les choix de répartition entre les différents dessinateurs ?
Les différentes parties du scénario ont été présentées à chaque auteur ; le choix s’est fait par affinité avec les différentes époques. Il n’y a pas eu de rencontre entre dessinateurs, c’est Laurent-Frédéric qui a fait le lien.

Appréciez-vous plutôt dessiner des séries sur un ton léger et humoristique ?
Un jour j’aimerais assez tenter, sur une autre série, quelque chose de plus cartoon. Tout dépendra du sujet. J’ai quelques autres projets, mais c’est un peu tôt pour en parler...

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Robin T1, extrait de la planche 8, crayonné © Héloret - Boisserie / 12 bis

Propos recueillis par Manuel F. Picaud en août 2008
Propos présentés et introduits par Brieg F. Haslé et Manuel F. Picaud
Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation préalable

© Manuel F. Picaud / Auracan.com

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Manuel F. Picaud
22/10/2008