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Extrait de Clifton - T14: Le clan Mc Gregor
© Bédu, Le Lombard, 1991
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Pourquoi avez-vous repris Clifton ?
C'est une idée qui a germé dans le cerveau de Jean-Luc
Vernal, qui était rédacteur en chef de Tintin à
l'époque. Il n'avait pas que des mauvaises idées,
finalement ! (Rires). Quoique... Il imaginait que je pouvais
reprendre Bernard Prince. (Rires). Avec lui, je
pouvais tout reprendre. Il trouvait que j'avais tous les styles
et tous les talents. Je me suis lancé dans cette aventure
car j'avais l'impression de tourner en rond avec Hugo.
Je me disais qu'une collaboration avec un scénariste m'apporterait
quelque chose de neuf. J'appréciais le travail de Bob de
Groot et je me suis laissé tenter.
Mais finalement vous avez entrepris d'assumer vous-même
les scénarios de Clifton. Pourquoi
?
La collaboration avec Bob de Groot ne s'est pas déroulée
aussi bien que je l'espérais. Le rythme de notre collaboration
ne suivait pas. Clifton n'étant pas la série
qui retenait le plus son intérêt, elle passait au
second plan. De sorte que j'en arrivais à ne plus avoir
de pages à dessiner. De plus, je n'aime pas jouer le moine
copiste. Je suis parfaitement capable de lire un scénario.
J'entends donc créer les personnages secondaires et le
mettre en scène moi-même. Sinon, où est le
plaisir du dessinateur ? C'est ce qui m'a poussé à
écrire le scénario de cette série.
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Comment vos scénarios ont-ils été
perçus au Lombard ?
Le Lombard les a bien acceptés. Et le public aussi ! J'ai
même reçu un prix du public pour le scénario
du Clan Mc Gregor. C'était la première histoire
de Clifton pour laquelle j'assurais à la fois le
dessin et le scénario. C'était plutôt encourageant.
Je m'attendais à recevoir peut-être un jour une statuette
pour mon dessin et j'ai reçu un vase pour mon scénario.
(Rires).
Maintenant que vous travaillez de nouveau avec un scénariste,
ne vous arrive-t-il pas de souhaiter signer un scénario,
éventuellement pour le faire dessiner par un autre dessinateur
?
J'ai bien une idée de scénario en tête, mais
je ne sais pas encore comment l'exploiter. Mais rien ne presse.
De toute façon, si j'entreprenais autre chose, il faudrait
que je puisse assumer correctement les deux en parallèle.
Il ne faudrait pas que je mette une série en retard parce
que je travaille sur l'autre.
Parfois, je pense que je pourrais confier le dessin à un
autre dessinateur. Mais j'ai un caractère de cochon
(Rires). C'est cela mon problème.
Comment écrivez-vous vos scénarios ?
Ma méthode de travail diffère en fonction de la
série. Hugo était plus fantaisiste. Je travaillais
plus en fonction de l'univers graphique. Je mettais en scène
des personnages farfelus. Je réalisais des brouillons dessinés.
Pour Clifton, la démarche était différente.
Comme il s'agissait d'une enquête, il fallait partir d'un
point A et arriver à un point Z, en ayant tout expliqué.
J'élaborais mon récit en partant de la fin pour
rejoindre l'origine de l'intrigue. Tout en essayant de glisser
quelques éléments pour surprendre le lecteur.
Si je devais à nouveau mettre sur pied une histoire, je
mélangerais probablement les deux techniques de travail.
Clifton par Bédu
© Bédu, Le Lombard
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Le fait d'avoir dessiné des univers aussi différents
que Hugo ou Clifton, vous a permis d'avoir une vision assez large
de vos capacités de dessinateur
Absolument ! En dessin, je ne crains absolument rien mis à
part les vélos. Il ne faut pas trop m'en mettre. (Rires).
Maintenant, quand je veux dessiner quelque chose, j'arrive à
le dessiner comme je l'imagine. Avant j'avais parfois du mal et
je contournais le problème. Finalement ces deux expériences
m'ont plu. Dans Hugo, je me suis imposé des décors
très approfondis et avec de Groot, je devais suivre des
idées précises. C'est une gymnastique intéressante
et cela ouvre des horizons.
Bob de Groot étant dessinateur, impose sa vision.
Alors que Raoul Cauvin ne va pas vous imposer un décor,
une attitude, car il ne sait pas "dessiner"...
Oui. Bob m'imposait sa vision. Mais Raoul a des expressions dans
ses scénarios qui sont très justes. Il m'est arrivé
de ne pas savoir refaire une expression relevée, spontanée
dessinée par Raoul. Il a des moments où je me pose
des questions car il dessine parfois mieux que moi. (Rires).
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