Que représente pour vous la série Tanguy
et Laverdure ? Jean-Claude Laidin - Je suis entré
dans l'armée de l'air grâce à cette série ! Quand je
me suis retrouvé à l'armée à l'âge de seize
ans, j'ai eu l'impression d'avoir toujours connu cet univers tant la série
de Charlier était précise. Plus tard, quand je suis entré
à la télévision, c'était pour être journaliste,
comme Tintin, l'autre bande dessinée que je lisais enfant. Yvan
Fernandez - Dans ma jeunesse, je ne manquais aucun des épisodes de
la série télévisée. Je suis venu à la bande
dessinée ensuite, dans les pages de Pilote. Cet univers m'a tout
de suite fait accrocher, d'autant plus que mon père voulait devenir pilote
de chasse pour aller "dégommer" les avions de le légion
Condor. L'aviation est une passion qui se transmet souvent de père en fils.
Comment vous êtes-vous retrouvés aux commandes des nouvelles
aventures des Chevaliers du Ciel ? JCL- Peu après
le décès de Jean-Michel Charlier, son fils Philippe avec qui je
travaille et qui connaît ma passion pour l'aéronautique, m'a demandé
de jeter un il à divers scénarii qu'il recevait. Peu à
peu, de ce rôle d'expert technique, je me suis mis à écrire
un synopsis en 1995. Je n'avais jusque-là jamais fait de bande dessinée,
mais j'avais une expérience dans le cinéma. Il a d'abord été
question que je travaille avec un scénariste expérimenté,
mais très vite, Philippe Charlier m'a demandé d'écrire un
découpage. Une fois réalisé, il l'a présenté
à Bergèse et Uderzo pour avoir leur avis. Puis Yvan Fernandez nous
a rejoint
YF - De fin 1979 à 1994, j'ai été
l'assistant de Christian Denayer. Dany et Eric Loutte ont également fait
appel à mes services pour réaliser quelques décors et avions.
Pendant longtemps, je ne me sentais pas prêt à assumer seul une série.
Je crois que le moment est venu avec cette reprise.
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Et comment vous-êtes vous connu ? JCL-
C'est Philippe Charlier qui nous a présenté. J'ai tout de suite
été impressionné par le talent qu'a Yvan pour dessiner des
avions. Très vite, je lui ai confié l'intégralité
du découpage de Prisonniers des Serbes pour qu'il se mette au travail.
N'est-il pas trop difficile de reprendre une série qui a marqué
votre enfance ? YF - A douze ans, si on m'avait dit que je
dessinerai cette série, j'aurai crié au fou ! J'ai abordé
cette reprise avec la peur de mal faire. JCL- C'est avec beaucoup
de joie et d'étonnement que j'anime ces personnages. J'ai lu et relu maintes
fois les albums écrits par Charlier. J'ai cherché à garder
son esprit en m'inspirant de mon expérience dans l'armée de l'air
où j'étais instructeur parachutiste et pilote. Avec Yvan, nous avons
voulu retrouver l'ambiance des premiers albums. YF - Je ne me suis
pas focalisé sur le style d'Albert Uderzo. Mais comme tout dessinateur,
je suis influencé par certains prédécesseurs
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Avez-vous connu Jean-Michel Charlier ? JCL-
Oui, nous travaillions tous les deux à TF1. Il y faisait ses fameux
Dossiers noirs. Il m'avait d'ailleurs offert un album dédicacé
le jour où je lui ai avoué qu'il était responsable de mon
engagement dans l'armée de l'air. Ça a été un immense
honneur de lui succéder mais ce n'est pas évident. Je n'ai pas ses
extraordinaires talents d'invention. YF - Je n'ai malheureusement pas
connu Charlier. En revanche, j'ai rencontré Albert Uderzo. Après
avoir regardé mon travail, il m'a mis en garde en me disant que j'allais
perdre ma vue à être trop méticuleux ! Il est vrai que je
passe trop de temps à fignoler mes planches
au désespoir de
mon scénariste et de mon éditeur ! Tanguy et Laverdure est
une série très difficile à dessiner : il faut être
très réaliste, très technique. Heureusement, j'ai beaucoup
de documentation, j'en échange aussi avec Francis Bergèse et Eric
Loutte. La couleur est aussi une difficulté. Bergèse m'a conseillé
Jocelyne Charrance. Je l'ai énormément fait souffrir en la noyant
d'indications. Elle a le grand mérite de m'avoir supporté ! Dans
le nouvel album, nous retrouvons Tanguy et Laverdure militaires alors qu'on les
avait laissé barbouzes
JCL- Dans l'armée,
lorsqu'on commet une erreur, on punit puis on élève. Ils étaient
barbouzes, les voici réintégrés. Pour cette nouvelle histoire,
je me suis inspiré de faits réels qui se sont déroulés
en Yougoslavie. J'ai repris des situations dont j'ai été témoin,
j'ai revécu des joies, des peines aussi. L'actualité m'a servi de
support : on les retrouve en plein conflit, d'abord en Italie puisque les décollages
se faisaient de la base d'Istrana, puis en Serbie. J'ai essayé de condenser
en une aventure de quelques jours plusieurs anecdotes qui ont existées,
là-bas ou ailleurs.
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A qui destinez-vous cet album ? JCL- Aux jeunes
! Je n'ai pas trop d'inquiétudes en ce qui concerne ceux qui apprécient
déjà Tanguy et Laverdure. Je pense que tous les pilotes peuvent
se reconnaître dans ces personnages. Mais mon histoire va-t-elle plaire
à des lecteurs plus jeunes ? Je ne sais pas, mais cela me ferait vraiment
plaisir. J'espère pouvoir les faire rêver
Etes-vous prêts pour un nouvel album ? YF
- J'ai hâte de dessiner le prochain. Mais il va falloir que j'aille
"un peu plus vite" ! JCL- Un second synopsis est déjà
écrit. On devrait retrouver nos héros en Guyane, dans une base équipée
de nombreux hélicos qui protégent les tirs de fusées
Les avions de la chasse française y passent une fois par an quand ils se
rendent au Nevada faire des essais de tirs chez les Américains. Tanguy
et Laverdure seront évidemment du voyage
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