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Entretien avec Fabrice Douar

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Fabrice Douar
Fabrice Douar © DR

Bienvenue dans les sous-sols imaginaires du Révolu

A l'occasion de la sortie de Les Sous-sols du Révolu, deuxième bande dessinée co-éditée par les éditions du Louvre et Futuropolis, Auracan a voulu en savoir un peu plus sur la démarche du Louvre. Entretien avec Fabrice Douar, éditeur dans la maison d'éditions du musée national et initiateur de cette collection originale.

Comment et pourquoi est née cette collection de bandes dessinées ?

Fabrice Douar - Cette collection s'inscrit dans la volonté du président-directeur du musée du Louvre, Henri Loyrette, depuis sa nomination, de faire entrer l'art contemporain – performances, expositions ou autres – dans le musée, qui est dévolu à l'art « ancien ». Les collections du Louvre couvrent toutes les périodes depuis l'antiquité à 1848, date de départ des collections du musée d'Orsay. Le Louvre s'ouvre vers des échanges entre ses collections et ce qui se crée aujourd'hui. La bande dessinée est un médium contemporain, et s'inscrit donc naturellement dans cette démarche.

Quand l'idée d'une collection de BD est née, nous avons cherché un co-éditeur. C'est notre pratique habituelle. Futuropolis est un label d'auteur, dont le leitmotiv est la recherche de qualité, ce qui correspondait à notre démarche. Le Louvre est un univers très riche qui peut décourager. Avec Futuropolis, nous avons travaillé à mettre en œuvre notre projet, qui était de trouver des auteurs développant un univers personnel très fort et de leur proposer une confrontation avec le Louvre. Nous avons sélectionné des artistes, en mixant les univers graphiques d'auteurs et nos envies personnelles. Sébastien Gnaedig, le directeur éditorial de Futuro, et moi-même avons donc établi un premier choix, puis nous avons contacté les auteurs sélectionnés. Tous, mêmes ceux qui n'étaient pas disponibles, ont bien accroché à la démarche.
Dans un deuxième temps, certains auteurs retenus ont fait part de leur appréhension, ils ont visité le Louvre à plusieurs reprises. Dans un troisième temps, l'idée de la carte blanche a emporté les décisions. Nous ne voulions pas que cela ressemble à une « commande », nous n'avons donc imposé que deux contraintes : un one-shot, et un lien avec le Louvre – une œuvre, le bâtiment, une salle, etc., qu'importe, du moment qu'il y ait un lien.

Comment regardez-vous ce deuxième album ? Côté fabrication, cela n'a pas été simple.

Fabrice Douar – Marc-Antoine Mathieu a choisi une approche différente de celle de Nicolas de Crécy dans Période glaciaire [NDLR : sorti en octobre 2005]. Là où Nicolas de Crécy interrogeait les œuvres et notre regard sur l'art, Marc-Antoine Mathieu crée un univers qui est comme le Louvre, mais pas tout à fait, une sorte de monde parallèle dans lequel il interroge non l'œuvre, mais le discours sur l'art. Il s'inscrit donc bien lui aussi dans la problématique du directeur du Louvre – confronter art contemporain et art ancien. Marc-Antoine Mathieu interroge aussi la notion de conservation, la notion du temps, il fait parler les métiers, les gens qui travaillent sur l'art.
En ce qui concerne la fabrication, outre le format carré, il a fallu trouver une prouesse technique pour résoudre la mise en abîme, le trompe-l'œil, voulu par Marc-Antoine Mathieu. L'auteur est coutumier du fait, non pour le plaisir d'en faire, mais bien pour résoudre des interrogations personnelles. Autre difficulté, il a fallu trouver un moyen de faire un noir sur noir, ce qui n'était pas simple. Ce côté défi pour raison d'auteur était motivant.

Vous aviez annoncé 4 titres pour cette collection. Vous êtes à mi-chemin. Qu'en est-il aujourd'hui ? Allez-vous changer d'option ?

Fabrice Douar – C'est vrai que nous avions prévu 4 titres. A chaque sortie, nous organisons une exposition des planches originales. Celles des Sous-sols du Révolu seront exposées du 18 octobre 2006 au 8 janvier 2007, en mezzanine de l'accueil des groupes sous la pyramide. Une rencontre avec l'auteur est aussi programmée le 27 octobre. Le troisième sera scénarisé par Jean-Claude Carrière et dessiné par Bernard Yslaire. Le scénario a déjà bien avancé, et Yslaire devrait commencer maintenant. Le dernier album sera réalisé par Emmanuel Guibert. Pour la fin de cette série, il est probable que le Louvre organise une exposition rétrospective, vraisemblablement dans la salle dévolue aux expositions d'art contemporain.
Par ailleurs, nous réfléchissons à lancer une seconde série, de 4 ou 6 albums, mais pas plus, parce que je pense que nous aurons fait le tour. Le Louvre n'a pas vocation à être un éditeur de bandes dessinées.

Propos recueillis par Mickael du Gouret.
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Photo de Fabrice Douar © DR

Visuels extrait des Sous-sols du Révolu de Marc-Antoine Mathieu © Editions du Louvre / Futuropolis
A lire : l'interview de Marc-Antoine Mathieu, l'auteur des Sous-sols du Révolu.
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Mickael du Gouret
10/10/2006