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Entretien avec Philippe Geluck

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Après sept années de bons et loyaux services, Philippe Geluck a terminé sa collaboration avec Michel Drucker dans Vivement Dimanche. Oh toi le Belge, ta gueule ! est un recueil qui rassemble les meilleures lettres aux invités de cette émission dominicaine.

Un septennat non renouvelable

L'arrêt de la collaboration est assez surprenant vu le succès de la présence de l'humoriste belge sur le plateau. Il s'en explique : «  La lassitude n'était pas là. Je travaillais toujours avec le même entrain. Mais j'ai un petit indicateur, qui me signale lorsque je dois m'arrêter. Jusqu'à présent, je l'ai toujours suivi. Je préfère m'arrêter au sommet que sur la pente descendante. Je ne voulais pas faire la saison de trop.  » Il est vrai que l'auteur du Chat n'a jamais attendu que l'audience fléchisse pour passer à autre chose. Sur la RTBF (Télévision Belge francophone du service public), il a animé l'émission enfantine Lolipop pendant 5 ans, et L'esprit de famille pendant 3 ans. En radio, il a participé aux délires collectifs du Jeu des Dictionnaires de Jacques Mercier (sur La Première) pendant 12 ans. A chaque fois, c'est lui qui a pris la décision de stopper. Michel Drucker n'a pu que saluer cette décision : « Il a été surpris de ma décision, qu'il a qualifiée de courageuse, mais il m'a confié que, dans notre métier, peu de gens prennent ce genre de décision, et que c'est sans doute ce qu'il faudrait savoir faire, s'arrêter en plein succès. Pour ma part, j'ai rencontré à peu près tous ceux qui étaient rencontrables. Puisque maintenant, on commence à réinviter ceux qui sont déjà venus à l'émission. Michel reste un ami. Nous nous téléphonons toutes les semaines. Nous nous sommes quittés en très bons termes. Il y a entre nous une amitié et une estime réciproque qui est intacte. »

On peut se demander pourquoi, d'un côté, abandonner Vivement Dimanche Prochain et, de l'autre, poursuivre la collaboration avec Laurent Ruquier : «  A raison de un jour et demi par semaine fois 40, cela donne 60 jours par an consacrés à Vivement Dimanche. En arrêtant, je me suis libéré de trois mois « temps plein ». Chez Ruquier, cela me prend nettement moins de temps car il s'agit d'improvisation. J'arrive les mains dans les poches et on délire sur le plateau. Le temps que je récupère, je vais l'utiliser pour mes proches et moi-même. »

Un titre signé Alain Delon

Malgré ses insolences, personne n'a jamais quitté le plateau en colère : «  En relisant mes textes pour les rassembler dans le livre, j'ai découvert qu'il y avait quelques vacheries. Je ne m'en souvenais même plus. Mais mon ton était plus impertinent que méchant, donc cela passait. De plus, comme je lisais la lettre, cela allait très vite et on ne pouvait pas toujours percevoir les subtilités qui s'y trouvaient. C'est toute la différence entre le parlé et l'écrit.  »

Même au stade de la réalisation du texte et du dessin, tout était fait dans un temps relativement réduit : «  J'écrivais toujours ma lettre le jour de l'enregistrement. Je la commençais le mercredi à 8h du matin. Je me suis toujours mis cette contrainte. Il m'est arrivé de terminer mon texte quand on m'appelait au maquillage. Je réalisais mon dessin après mon travail d'écriture. Et j'ai parfois achevé de le gommer juste avant de monter sur le plateau. Le timing était donc assez serré.  »

Comme signalé en début d'ouvrage, c'est un échange de propos avec Alain Delon, qui en a suggéré le titre : « C 'était lors d'une émission consacrée à Mireille Darc. Alain Delon arrive en saluant le public comme un empereur romain. Et Mireille a une question à lui poser. Elle lui dit : Sais-tu combien j'ai souffert quand tu m'as quittée ? Devant 6 millions de téléspectateur et le public en studio, il devient vert… Mais il se reprend et lui rétorque : Oui, je sais, mais moi, j'ai énormément souffert aussi. Je sais que ce n'était pas si simple de vivre avec moi, mais ce n'était pas facile de vivre avec toi. Là, j'interviens et je lui dis : Vous n'allez pas en plus l'engueuler ! Et il me répond : toi le Belge, ta gueule ! Sur quoi, je lui lance : Oh, toi, le Suisse ça va ! (Rires) . Et il poursuit : le jour où vous pourrez mener une histoire d'amour 16 ans d'affilée, vous reviendrez me voir. Je lui rétorque alors : Vous tombez mal parce que la mienne elle dure depuis 29 ans ! Ca l'a scié, au point qu'il est venu m'en parler en coulisses…»

Ségolène Présidente

Le livre s'ouvre avec la lettre à Ségolène Royal, où Philippe Geluck lui raconte qu'il a fait un rêve dans lequel elle est Présidente de la République. Deux ans avant de la voir briguer le pouvoir… «  Je me dis que c'est peut-être cette lettre qui a tout déclanché. (Rires). Ce serait marrant de le lire un jour dans ces mémoires… Mais non ! Je ne peux pas y croire. »

Dans ses lettres préférées, figure notamment celle à Julien Clerc, où il se demande comment le chanteur fait pour vieillir si bien : « J'étais inspiré. Elle m'est venue d'une traite. J'aime bien aussi celle à Michou à qui j'ai inventé un passé de résistant. C'était un exercice intéressant car, alors que certains invités étaient particulièrement prestigieux, d'autres étaient plus difficiles à mettre en mots. Il fallait donc que je me creuse un peu plus pour trouver une idée amusante à exploiter. J'ai bien apprécié la lettre à Monica Belluchi… surtout quand elle m'a sauté au coup à la fin de la lecture. J'arrive à l'emballer en faisant une déclaration d'amour à ma femme. C'est extraordinaire tout de même. (Rires) »

Ses projets

Ils ne manquent pas : « Il y a un projet de dessin animé avec Le Chat qui est cours. Mais pour l'instant, je dirais que le train est en gare, mais je n'ai pas encore donné le coup de sifflet de départ. Dans l'immédiat, outre le calendrier et l'agenda du Chat, déclinés cette année sur le Chat Président –ce qui devrait mettre tout le monde d'accord-, il y a un très joli objet qui se prépare. Il s'agit d'un calendrier perpétuel édité chez Play-back en collaboration avec Casterman. Cela s'appelle le tour du Chat en 365 jours. Il y a donc 366 pages –puisqu'il ne faut pas oublier les années bissextiles- illustrées par, au moins, deux gags du Chat. Ce qui fait l'équivalent de trois albums. Evidemment, il y a des reprises, mais, à côté de cela, il y a quelque 200 inédits. Un nouvel album du Chat sortira l'année prochaine vers octobre. »

Propos recueillis par Marc Carlot, en octobre 2006
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Visuels © Geluck, Casterman
Photo de Philippe Geluck © J.Davister, Casterman
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Marc Carlot
31/10/2006