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Entretien avec Vanyda

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Vanyda

Début 2004 : Vanyda nous offrait avec le charmant premier opus de L'immeuble d'en face de nombreux petits riens qui scandent la vie d'un immeuble. Début 2007 : Vanyda rouvre enfin les portes de son Immeuble d'en face … Entretien.

Aviez-vous souhaité, dès le début, donner une suite à L'Immeuble d'en face ?

J'avais prévu une suite dès le départ. C'est plutôt Vincent Henry, mon éditeur de La Boîte à bulles, qui m'avait demandé de faire un premier tome qui se suffise à lui-même, afin qu'en cas d'insuccès, on puisse s'arrêter là. Finalement, comme le premier tome a eu un bon accueil, j'ai réalisé le tome 2. J'espère même en faire un troisième. En fait, certains événements ont été écrits alors que j'étais encore à l'école des Beaux-arts de Tournai. Ainsi, j'avais déjà défini la trame principale.

Pourquoi avoir attendu près de trois ans pour le faire ?

Depuis le début, L'immeuble d'en face est un projet à part, puisqu'il n'était pas destiné à être publié autrement que dans le fanzine Porophore , créé avec David Bolvin et François Duprat. À côté de ça, j'avais commencé avec François Duprat à démarcher des éditeurs pour le premier tome de L'année du dragon qui devait être mon seul projet professionnel. Mais les choses se sont précipitées lorsque Vincent Henry a décidé d'éditer L'immeuble d'en face . Je me suis donc retrouvée avec deux séries en cours ! L'année du dragon  ayant été signée, et comme nous avions planifié la sortie d'un tome tous les ans, j'ai repoussé la suite de L'immeuble d'en face  après avoir bouclé le troisième et dernier tome de  L'année du dragon . Entre-temps, Casterman m'a proposé de partir une semaine en Corée du Sud au mois de mars dernier pour participer au collectif Corée . J'ai réalisé de façon un peu précipitée vingt pages pour ce collectif. D'autre part, j'ai également signé avec les éditions Dargaud pour un nouveau projet chez Kana. Ces différents imprévus expliquent qu'il se soit passé beaucoup de temps entre les deux premiers volumes de L'immeuble d'en face .

Qu'est-ce que vos lecteurs vont découvrir dans ce deuxième tome ?

On retrouve les personnages là où ont les avait laissé : mêmes personnages et même lieu donc. En effet, certains lecteurs m'ont demandé si ce tome 2 se passerait dans « l'immeuble d'à côté » ! Claire et Louis font toujours des soirées, Béatrice s'occupe de ses deux enfants, et Jacky et Fabienne s'occupent de leur chien… Tout comme dans le premier volume en somme, sauf que quelques petits grains de sables vont venir perturber ce quotidien bien huilé. Les lecteurs vont également découvrir de nouveaux personnages secondaires, voire tertiaires. Le récit avance par petites touches, j'ai toujours peur d'en dire trop tout de suite. Disons que les relations amorcées dans le premier tome s'affirment…

Quelles sont vos influences graphiques ?

Elles sont très diverses. Dès l'enfance, j'appréciais les dessins animés japonais, avec des séries comme Olive et Tom , Les Chevaliers du zodiaque et surtout Les Samouraïs de l'éternel . Bizarrement, les séries destinées aux filles me passionnaient moins, même si je les aimais bien. Ce qui m'intéressait était d'imaginer ce qui se passait entre chaque match de foot ou chaque combat : du coup, je recopiais les personnages et je leur inventais un quotidien !

Et pour ce qui est de la bande dessinée ?…

J'ai ensuite découvert la bande dessinée proprement dite grâce à Thorgal vers l'âge de dix ans, puis à l'adolescence, grâce à Julien Boisvert  de Dieter et Michel Plessix, La Balade au bout du monde  de Makyo et Vicomte, et surtout Sambre  d'Yslaire. À quinze ans, j'ai découvert Akira et plus tard, lors de mes études à l'école des Beaux-arts de Tournai, grâce aux échanges avec d'autres élèves, j'ai découvert Jean-Philippe Peyrault et Frédéric Boilet qui racontaient en bande dessinée le quotidien sans forcément raconter une aventure. Cela a été une vraie révélation : à l'époque, il s'agissait d'un genre encore assez rare en BD. Pour l'anecdote, lorsque nous avons cherché à publier L'année du dragon , certains éditeurs étaient plus ou moins intéressés, mais n'avaient à l'époque pas de collection dans laquelle mettre ce genre d'histoire.

Votre univers est également marqué par le manga, non ?

Quand les traductions massives de manga ont commencé, certains titres comme Asatte Dance , Next Stop … sont venus confirmer cette envie de faire de la bande dessinée sur ce thème. Je pense que les mangas m'ont influencée dans le dessin mais surtout pour la mise en scène. Aujourd'hui, mes influences sont multiples : des mangas pour filles ou femmes (Kiriko Nananan, Ai Yazawa), mais aussi des films comme Little Miss Sunshine , Crazy , Les poupées russes , A taste of tea … des films qui regroupe en général une galerie de personnages. J'apprécie aussi certaines séries télévisées comme Six Feet Under .

Vous aimez mettre en scène le quotidien…

… la vie en général. Le quotidien influence beaucoup mon travail. J'aime observer mon entourage, ma famille, les gens dans le métro… Autant de sources d'inspiration. Les mauvaises choses, comme de mauvaises bandes dessinées, de mauvaises séries télé, de mauvais films m'inspirent également : certains passages, certains personnages, certaines situations y sont intéressants mais, à mon goût, mal exploités. La frustration de voir des bons éléments mal utilisés excite mon imagination !

Le mot de la fin ?

Si un jour, je devais faire une bande dessinée d'aventures, j'adorerais pouvoir en réaliser une comme sait si bien le faire Matthieu Bonhomme…

Pour en savoir plus : le site de Vanyda

A lire : notre critique du tome 1

Propos recueillis en novembre 2006 par Brieg Haslé
Copyright © Brieg Haslé / Auracan.com 2007
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Visuels © Vanyda / La Boîte à bulles
Photo Vanyda © Laurent Mélikian
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Brieg F. Haslé
16/01/2007