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Entretien avec Éric Liberge

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Éric Liberge / DR
« L'envie de raconter mes univers et de les mettre en forme... »

En à peine dix ans de carrière, Éric Liberge, 43 ans, lauréat du prestigieux Prix René-Goscinny 1999 pour Monsieur Mardi-Gras Descendres, s’est taillé rapidement une solide réputation. Après avoir notamment publié quelques œuvres fantastiques – Tonnerre Rampant et Métal –, l’auteur complet a lancé en 2004, avec le scénariste Denis-Pierre Filippi, une fort belle série d’aventures prévue en cinq tomes : les Corsaires d’Alcibiade (Dupuis). Rencontre exclusive avec un virtuose de la BD toujours prêt à élargir sa gamme... La preuve : il publie en cette rentrée Aux heures impaires, un petit bijou narratif et graphique dédié à la vie secrète des oeuvres du musée du Louvre, poursuit les Corsaires d'Alcibiade, prépare la nouvelle trilogie l'Empire du Rêve et dessinera un épisode de la saga Voyageur de Boisserie et Stalner !

Êtes-vous un pur autodidacte en bande dessinée ?
Pas totalement, j’ai pris quelques cours de dessin. Après le bac, j’ai suivi des études en Langues Étrangères Appliquées. Mais, j’ai toujours fait de la bande dessinée. D’abord pour moi, puis dans l’optique d’être édité et d’en faire mon métier. Sur ce terrain, je suis autodidacte...

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© Liberge / Dupuis
D’où vous vient votre goût pour la bande dessinée ?
De l’envie de raconter mes univers, de les mettre en forme. J’ai la possibilité de faire mes propres histoires, donc c’est encore mieux !

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Aux heures impaires, extrait
© Liberge / Futuropolis - Le Louvre
Quels sont vos dessinateurs et scénaristes référents ?
Druillet, Mœbius et Chaland. Plus largement, l’époque Métal Hurlant de la fin des années 70, le moment où je suis passé de Spirou et Strange à la BD pour adultes ! Vous voulez que je vous cite un ouvrage qui m’a fait basculer ? La Nuit de Druillet. Là, j’ai su que je voudrais en faire mon métier !

Quelles anecdotes gardez-vous de vos débuts en bande dessinée ?
Peut-être la première fois que l’on reçoit son album entre les mains. C’était le tome 1 de Monsieur Mardi-Gras Descendres, en noir et blanc, paru chez Zone Créative. Le résultat concret était encore plus beau que ce que je m’étais imaginé. Ça marque forcément. Et sinon : les festivals, les rencontres avec les lecteurs... Des moments toujours plaisants.

Comment avez-vous rejoint la grande saga Voyageur du duo Pierre Boisserie et Éric Stalner qui vous en ont confié le tome 12 ?
Pierre et Éric sont des copains, et le sujet est venu comme ça, par hasard au fil d’une discussion. Ils cherchaient quelqu’un pour faire le dernier tome sur l’Antiquité... Et comme je n’ai jamais dessiné cette époque et que cela me tentait, je leur ai proposé de le faire !

La musique est-elle à l’origine de votre rencontre avec Pierre Boisserie ?
J’ai connu Pierre au cours des festivals, et toujours en discutant, il a abordé la musique (il est bassiste). J’ai moi-même fait de la musique pendant une dizaine d’années. On a donc autre chose à parler que de BD, et ça fait du bien !

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l'Empire du Rêve, quelques extraits
©
Liberge / Dupuis
Et vous avez été séduit par le projet Voyageur
Le concept est intéressant, et le découpage par époque qu’ils en ont fait laisse libre cours à l’intervention du dessinateur. À lui de s’impliquer aussi dans l’histoire. Du moins, c’est ce que Pierre m’a dit. Donc cette manière de faire me plait.

Dessiner la période gallo-romaine, est-ce un nouveau défi ?
C’est une période que j’ai envie de dessiner car je sens que j’ai des choses à dire par rapport à cette période très reculée, très instinctive et brutale, en décadence. Pas si loin de nous en fait…

J'imagine que vous n'avez pas déjà entamé cet album prévu pour 2011 ?
Pour le moment, je suis sur d’autres projets, et je me réserve le temps d’aborder tout cela le moment venu. Par contre, je sais que je serai limité au trait puisque je ne ferai pas les couleurs. Un autre petit défi !

Suivez-vous parallèlement ce qui est dessiné par les autres auteurs ? Cela influencera-t-il votre propre partie ?
Je regarde les albums qui existent déjà, mais je ne veux pas être influencé par quoi que ce soit pour l’instant. Lorsque je commencerai à travailler dessus, je ferai le point pour tous les aspects de cohérence dans l’histoire, etc. Par contre, je vois graphiquement à quoi ça pourra ressembler.

Pensez-vous que ce type de fonctionnement dans une série à auteurs multiples puisse servir d’exemple ?
Il faut qu’il y ait au départ une bonne alchimie entre les gens. On fait de la bande dessinée pour se faire plaisir avant tout. Maintenant, il y a des tas de séries qui fonctionnent de cette manière. Cela fonctionne bien sur de longs concepts comme Voyageur : l’occasion pour tout le monde de façonner l’histoire petit à petit... Ça peut apporter plein de bonnes choses.
 
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Aux heures impaires, extrait
© Liberge / Futuropolis - Le Louvre
Passons à votre actualité et à vos projets. Futuropolis publie en cette rentrée d'automne votre nouvel album Aux heures impaires...
C’est l’album que j’ai fait cette année, un projet de rêve, encadré par Le Louvre et Futuro. J’ai eu carte blanche, j’ai donc pu faire ce que je voulais à partir du Louvre. Le personnage principal est un sourd, et un bon tiers de l’album se passe en langue des signes, autre petit défi à mettre en BD ! Mais l’histoire lorgne vers le fantastique, à la mesure du musée du Louvre, justement.

Puis vient le triptyque l’Empire du Rêve annoncé chez Dupuis à partir de 2009, une histoire qui se passe pendant la Seconde Guerre mondiale...
L’Empire du Rêve est effectivement prévu en trois tomes. On y suivra trois personnages et leur croisée de destins à travers toute la durée de la guerre. La colonne vertébrale du récit est le courage humain : il y a beaucoup à dire !

Prévoyez-vous toujours une suite aux Corsaires d’Alcibiade ?
Absolument. Les tomes 4 et 5 des Corsaires d’Alcibiade passeront avant l’Empire du Rêve, pour justement laisser à place à mon projet et sortir les trois tomes sans trop d’écart.
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Aux heures impaires, extrait © Liberge / Futuropolis - Le Louvre
En ai-je oublié ?
Après l’Empire du Rêve, je développe un autre projet en deux tomes qui me tient très à cœur et que je rumine depuis très longtemps ! Mais il est encore trop tôt pour en parler…

Propos recueillis par Manuel F. Picaud en juillet 2008
Propos présentés et introduits par Brieg F. Haslé et Manuel F. Picaud
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© Manuel F. Picaud / Auracan.com
 
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Manuel F. Picaud
17/09/2008