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Entretien avec Pierre Boisserie (2/2)

Boisserie
Pierre Boisserie
© Rita Scaglia / Dargaud
« Je préfère très nettement travailler en équipe. »

Entré dans la cour des grands scénaristes français de bande dessinée grâce à Éric Stalner, Pierre Boisserie multiplie depuis les projets et les concrétise avec son principal complice, en solo ou avec d’autres coscénaristes : la Croix de Cazenac, Eastern, Dantès, Voyageur, Flor de Luna, Robin, le Temps des Cités...

L’actualité du scénariste est des plus riches. Dans le cadre de notre grand dossier Éric Stalner & Pierre Boisserie, voici la seconde partie de notre rencontre exclusive avec un scénariste passionné et de grand talent. Un créateur d'univers qui n’arrête jamais.


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extrait de Flor de  Luna T2 © Lambert
Stalner - Boisserie
Glénat
Quelles sont vos séries en cours ?
Disons que la Croix de Cazenac est achevée. Il me reste juste les dialogues du tome 10 à faire. Chez Dargaud, j’ai travaille sur Dantès, et j’ai toujours le one-shot le Concile des Arbres qui traîne et qui verra peut-être un jour le jour… Nicolas Bara en a réalisé plus de 40 planches. C’est un Long Courrier de 60 pages. Nicolas est un garçon très doué, mais très étrange. Il a mis cinq ans pour dessiner notre précédent one-shot, le Chant des Malpas. Cela fait déjà deux ans qu’il est sur le Concile des Arbres. Sinon, il y a d’autres projets chez Dargaud mais encore rien de concrétisé. Malheureusement, Eastern [dessin de Héloret, 3 tomes parus] est pour l’instant mis en stand-by parce que les ventes ne sont pas assez bonnes. Même chose chez Zenda pour Libéra dont les ventes sont abyssales. Après, chez Glénat, il y a les séries Voyageur et Flor de Luna, ce qui est déjà largement suffisant déjà.

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extrait de Ils se sont évadés. Sulak © Lambert - Boisserie
Ploquin / 12 bis
Vous avez également de nouveaux projets chez 12 bis…
J’ai signé deux séries qui sont en cours de réalisation. Dominique Burdot et Laurent Muller [patrons de 12 bis, anciens responsables éditoriaux de Glénat, ndlr] étaient l’âme de Glénat. Autant il n’est pas question, pour moi, d’arrêter de travailler pour Glénat parce que je suis engagé avec eux et qu’il n’y a pas de problème, autant il n’est pas question que je ne travaille plus avec Dominique et Laurent. C’est avec eux que j’ai monté tout le projet Voyageur. J’ai appris et fait beaucoup avec eux. On s’entend très bien. C’est aussi une histoire d’amitié.

Le premier projet chez eux est réalisé avec Frédéric Ploquin, un nouveau venu dans le monde de la bande dessinée, qui nous a récemment fait le plaisir de répondre à nos questions…
Dans un premier temps, il y a effectivement Ils se sont évadés, un collectif sur les évasions, adapté d’un bouquin de Frédéric Ploquin, journaliste à Marianne, spécialisé en criminologie. Il a commencé une série de bouquins qui s’appelle Parrains & Caïds, sur les mafias françaises. Le T2 était consacré aux évasions et on l’a adapté sous forme d’histoires courtes illustrées en BD. J’y signe deux courts récits, l’un avec Luc Brahy et l’autre avec Éric Lambert. Ce collectif Ils se sont fait évadés est sorti le 25 septembre. Il comprend une dizaine d’histoires courtes en BD et quelques récits illustrés par Sylvain Vallée.

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extrait de Ils se sont évadés. Ferrara
© Brahy - Boisserie - Ploquin / 12 bis
Ce collectif est une mise en bouche pour une nouvelle collection sur les mafias françaises : Mafias & Co où de nombreux auteurs de BD réalistes vont intervenir... Vous y préparez d'ailleurs une série avec Luc Brahy.
Effectivement, j’écris avec Frédéric Ploquin le Temps des Cités, une série sur l’émergence des mafias dans les cités en France des années 80 jusqu’à nos jours. L’album dessiné par Luc Brahy devrait sortir en octobre. Prévu dans un premier temps en trois tomes, c’est une histoire d’un groupe de jeunes, de la deuxième génération d’une cité. Ils vont commencer à émerger dans les pas de la mafia traditionnelle et progressivement faire leur nid pour prendre leur place et créer leur propre mafia. C’est d’actualité. Frédéric connaît parfaitement le sujet. En fait, chez 12 bis, l’idée est d’explorer plusieurs mafias comme cela, par plusieurs auteurs. Je m’occupe de la mafia des cités et il y en a d’autres qui vont écrire sur d’autres familles mafieuses. Des projets sont en négociation avec Richard Malka, Henri Fabuel, Jean-Claude Bartoll et peut-être aussi Fabien Nury sur la French Connexion. L’idée est de réaliser une grande collection de polars assez noirs sur les grandes dynasties mafieuses françaises.

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extrait de Robin T1 © Héloret - Boisserie / 12 bis
Et qu’en est-il de votre projet Robin consacré au mythe Robin des Bois avec Héloret, toujours aux éditions 12 bis ?
Je m’amuse comme un petit fou ! Je réalise mon Robin des Bois à moi. J’ai un peu l’impression d’être dans la peau des scénaristes américains qui reprennent les grands personnages connus et qui racontent les origines. En fait, il n’y a pas une histoire de Robin des Bois, mais plein de petites histoires, de légendes, de versions, d’interprétations, etc. J’ai tout relu, je m’en suis imprégné et j’écris ma propre sauce. Je me concentre sur trois personnages, Robin des Bois, Petit Jean et Will Scarlett. Nous allons donc raconter l’histoire des trois gamins dés leur naissance. Le premier tome de Robin s’appellera les Trois Bâtards. J’ai recréé toute la mythologie des personnages, en créant des liens entre eux et tout un univers. Comme dans la légende, Robin se retrouve dans la forêt avec ses compagnons ; ce sont des ados en fait. Héloret n’a jamais aussi bien dessiné ; son travail est époustouflant dans un style un peu plus réaliste que dans Eastern, mais assez figuratif. Je considère Stéphane comme le meilleur encreur qui existe aujourd’hui. On travaille beaucoup ensemble : on discute tout le synopsis et on fait le séquencier. Je réalise le découpage. Il y a donc pas mal de ses idées, de sa dynamique. Du coup, il saisit déjà les choses, les façons qu’il a envie de les dessiner. Enfin, nous avons une très grande chance d’avoir Delf aux couleurs. C’est vraiment de la bombe. Je suis trop content de faire cela ! Quand j’ai proposé ce projet à 12 bis, ils ont tout de suite été enthousiasmés par ce que je voulais faire et ont sauté dessus ! Normalement, cela devrait sortir début 2009.

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extrait de Robin T1 © Héloret - Boisserie / 12 bis

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extrait du Temps des Cités T1
© Brahy - Boisserie - Ploquin / 12 bis
Encore d’autres projets chez 12 bis ?
Chez 12 bis, ça bouillonne beaucoup. Donc plein d’idées, d’envies, des projets déjà avancés mais pas encore définitifs… Je m’y sens très bien. C’est intéressant de démarrer une nouvelle boîte où il y a vraiment un travail d’éditeur – c’est un peu snob de le dire – au sens américain du terme. Au fur et à mesure de l’écriture, Laurent Muller lit les choses, suggère, analyse et on en discute ensemble pour faire évoluer le projet ensemble. C’est évidemment beaucoup plus difficile à réaliser dans une grosse boîte où ils sont très occupés par plein de choses. Je m’amuse bien chez eux avec Frédéric Ploquin et Stéphane Héloret.

La plus récente de vos actualités – hormis Ils se sont évadés – est la sortie du tome 2 de Flor de Luna chez Glénat…
J’ai rarement été aussi content d’un album. C’est vraiment rare que je dise cela. Le septième tome de la Croix de Cazenac m’avait déjà fait la même impression. J’ai trouvé qu’on a fait un super boulot. J’adore cette histoire, j’adore mes personnages. Je crois que cela se sent. J’aime bien écrire des personnages détestables ; cela doit pouvoir s’analyser ! En tout cas, dans Flor de Luna, tout le monde traîne des casseroles et c’est marrant de baigner dans ce genre d’atmosphère. Tous ont de très forts caractères avec une grande part d’ombre.

Dans la foulée, le deuxième tome de Dantès est paru le 19 septembre dernier...
Là aussi, c’est un très gros boulot d’écriture. Au dessin, Érik Juszezak a vraiment fait un superbe job et pourtant il a dessiné le T3 d’Empire USA entre deux. Et le T2 de Dantès compte aussi 54 pages. À chaque fois, l’éditeur me dit que le prochain devrait se faire en 46 pages… On voulait boucler le premier cycle en deux tomes. Comme l’histoire est hyper touffue, je ne m’en serais pas sorti en deux tomes de 46 planches. Il aurait fallu que je vire des parties de l’histoire : je n’en avais pas envie. Nous avons écrit les synopsis des tomes 3 et 4 et je suis en train de finir les 5 et 6. On va pouvoir réattaquer tout de suite sur le tome 3. Avec Philippe Guillaume, nous avons bien bossé avec notre éditeur, François Le Bescond. Érik a participé aussi au scénario. De toute façon, je fonctionne toujours comme cela. Je demande un retour du dessinateur sur ses impressions car finalement il est le premier lecteur extérieur au scénario. Un beau travail d’équipe en résumé !

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extrait de Dantès T2 © Juszezak - Boisserie - Guillaume / Dargaud

Votre automne est riche de sorties : le T4 de Voyageur paraît fin octobre...
Ici aussi, il y a eu un gros travail pour clore ce premier cycle du Futur et pour lancer le cycle suivant, Présent, avec Marc Bourgne. Le T4 va sortir avec un coffret de rangement et une cale pour insérer les épisodes précédents. Les gens pourront acheter l’un ou l’autre, ce sera au choix. On fera cela pour les trois cycles. En outre, les trois premières planches du T5 du cycle Présent devraient être insérées en fascicule dans le T4. Le T1 du cycle Présent sort en novembre. Il est bouclé depuis très longtemps. Et l’on va bientôt commencer le premier tome du cycle Passé dessiné par Lucien Rollin.

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extrait de Voyageur T4 cycle Futur T4 © Stalner - Boisserie / Glénat

Voyageur est une grande saga inter temporelle du Futur au Passé via le Présent
Absolument. Il s’agit de trois histoires différentes liées par un même fil rouge entre les trois cycles : un personnage qui a une quête à travers le temps avec un enjeu au bout. Dans le cycle Futur, on a raconté l’émergence de ces héros, comment il y en a un qui va devenir Voyageur et pourquoi il va partir dans le Présent.

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extrait de Voyageur T4 cycle Futur T4
© Stalner - Boisserie / Glénat
Le cycle Présent sera donc un thriller à part entière ?
En arrivant dans le Présent, notre personnage est amnésique. Il est immédiatement recherché par les services secrets. Ils ont tout un dossier sur lui, car avec son physique très particulier – ses cheveux blancs, sa cicatrice sur le front en forme de V et ses yeux verrons – il apparaît au fil des siècles dans de très nombreux documents : des peintures rupestres, une statue à Notre-Dame-de-Paris, une mosaïque dans les Arènes de Lutèce, une peinture du début du XVIIe siècle, une photo de la Seconde Guerre mondiale… Ils ont des témoignages de son existence depuis toujours. Il n’y avait plus d’apparition de lui depuis la Seconde Guerre mondiale où il avait été photographié en officier nazi. Une cellule des services secrets pense qu’il y a un immortel qui se balade sur Terre et que ce type va réapparaître à un moment ou un autre : ils guettent donc son apparition ! On veut le récupérer pour savoir pourquoi il est immortel et pour éviter que sa présence soit révélée au grand public – car cela pourrait créer un précédent épouvantable ne serait ce qu’au niveau des religions. Voyageur va se faire aider par des gens dont on comprendra plus tard qui ils sont et quels sont leurs intérêts…

Le cycle Passé sera-t-il composé de quatre autres voyages dans le temps ?…
Je ne peux pas trop vous en dire : sinon je dévoile trop le cycle Présent. Disons que dans le Présent, Voyageur se rend compte qu’il est apparu dans le Passé à plusieurs époques. Il va comprendre qu’il n’est pas immortel mais qu’il voyage dans le temps. Comme il est apparu à différentes époques, il faut qu’il y aille. Car s’il n’y va pas, il n’y apparaîtra pas et cela changera le cours du temps ; comme on ne sait pas les conséquences du changement du cours du temps, il est obligé d’y aller. Il va donc chaque fois aller dans le temps à une époque donnée sans savoir ce qui l’attend. Il sait seulement qu’il doit y avoir sa statue à Notre-Dame, une peinture de lui réalisée au début du 17e siècle et une photo de lui en officier nazi, etc. Il va donc partir sur les différentes époques. Et comme on le verra à la fin du T4, il n’est pas le seul à partir…

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extrait de Voyageur T4 cycle Futur T4 © Stalner - Boisserie / Glénat

Comment faites-vous pour gérer autant de projets en parallèle ?
Sur une période comme actuellement, je dois avouer que je gère au plus pressé. J’ai horreur de cela. Sinon, j’ai l’habitude de prendre plusieurs jours sur un projet pour être en plein dedans et quand je suis suffisamment avancé, je donne assez de matériel aux dessinateurs. Mais je ne travaille jamais sur un projet dont j’écris les 46 pages avant de passer à un autre projet. J’en serais incapable. En ce moment, par exemple, j’ai été pris par le bouclage du 2e Dantès, du 4e Voyageur – en plus UGC est intéressé pour poser une option sur les droits de Dantès, ce qui m’a pris pas mal de temps. Il a fallu que je leur fournisse le synopsis des six tomes ce dont j’ai horreur pour les raisons que j’expliquais. Mais bon, je l’ai fait et cela me servira pour plus tard… En même temps, je ne suis pas obligé de m’y tenir ! Je veux également terminer le script du premier tome du Temps des Cités, avancer sur le script de Robin. Tout arrive en même temps actuellement…

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Pierre Boisserie et Éric Stalner © Pierre Francillon pour Auracan.com
Finalement, vous préférez travailler seul ou en équipe ?
Je préfère très nettement travailler en équipe. Mais en fait cela dépend du sujet traité. Très égoïstement, Robin, je n’aurais pas voulu le partager. Parce que c’est « mon » Robin des Bois. Je sais exactement ce que je vais faire, la manière de raconter, la façon de voir les personnages et cela je n’aurais pas eu envie de le partager avec quelqu’un d’autre. Mais par contre sur des projets comme le Temps des Cités ou Flor de Luna, c’est un vrai bonheur de travailler avec un coscénariste. Ce ne sont pas des projets que j’ai finalement en moi. Ces histoires sont créées à partir de plein de documentation, de manière totalement artificielle. J’adore le côté « on discute et on se raconte une histoire ». C’est un peu comme une cour de la récréation en fait : c’est vraiment un boulot très dur !

En clair, vous avez l’impression de ne jamais travailler.
Oui et non : parce qu’à un moment on abandonne le côté ludique pour tomber dans le côté application. Il faut écrire le bouquin, faire le découpage, les dialogues etc. Bien que ce soit un métier artistique et ludique, on est quand même en train de fabriquer un produit manufacturé. Il ne faut pas se voiler la face. Malgré tout ce que peuvent dire les auteurs qui crachent sur le système commercial, on a quand même envie de vendre nos albums. Et pour les vendre, il y a un certain nombre de facteurs et d’exigences, avec des délais à tenir, un travail d’équipe avec les dessinateurs, les coloristes, les maquettistes, les éditeurs, avec l’impression, la distribution, les commerciaux. Il y a donc une machine derrière. On ne peut pas vouloir s’en dédouaner totalement. Ou alors, on accepte de sortir des albums qui ne se vendent pas et de faire « œuvre d’auteur » : ce qui, entre nous, me fait bien rire !

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extrait de la Croix de Cazenac T7 © Stalner - Boisserie / Dargaud

Et vous avez vite appris ces règles…
Nous sommes tous des autodidactes. On a appris, sur le tas, par la lecture, en analysant les mécanismes, puis en travaillant et en écrivant. Comme j’ai commencé avec Éric, j’ai appris deux ou trois trucs du métier que j’ai forcément intégrés. Ensuite, on voit rapidement si les éditeurs réagissent bien ou pas, comment une histoire se construit sur 46 pages, le fait qu’il faut en permanence rappeler au lecteur où on en est, qui est tel et tel personnage etc. Après, il y a le métier qui rentre. Tout comme au bout de x années de kinésithérapie, je n’avais pas besoin de me demander ce que j’avais à faire à une personne parce que je le savais, aujourd’hui c’est pareil. Il arrive un moment où l’on ne se pose pas la question de ce qu’on doit faire. Parce qu’on le fait.

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extrait de Flor de Luna T2 © Lambert - Stalner - Boisserie / Glénat

Auriez-vous envie d’écrire pour le cinéma ou la télévision ?
Oui, très certainement, mais pas tout de suite !

Propos recueillis par Manuel F. Picaud en juillet 2008
Propos présentés et introduits par Brieg F. Haslé et Manuel F. Picaud
Tous droits réservés. Reproduction interdite sans autorisation préalable
© Manuel F. Picaud / Auracan.com

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Manuel F. Picaud
03/10/2008