Décidément, la "grande" presse a
enfin compris que la bande dessinée comptait dans la
vie culturelle et économique. Ainsi, le mensuel grand
public Capital, qui se penche, comme son nom l'indique
sur l'actualité de l'économie et des finances
des Français, titre en couverture "SUCCÈS
- Dargaud, le nouveau roi de la BD". Je ne vous cache
pas mon étonnement face à cette "une"
lorsque je suis allé faire le plein de magazines !
En seulement deux pages, Cédric Piétralunga
(inconnu au pays des bandes dessinées) nous explique
comment Claude de Saint-Vincent a sauvé de la
faillite les éditions Dargaud. Rien que ça !
On se croirait dans un mauvais épisode de Dallas
L'article revient rapidement sur le procès Astérix,
la perte des droit du best-seller qui s'ensuivit, et l'arrivée
de Saint-Vincent, ancien élève d'HEC pour sauver
le fonds. Rappelons tout de même que Dargaud, avec ou
sans Astérix, était déjà
l'éditeur français historique dans le domaine.
En somme, l'article n'apportera rien au connaisseur qui pourra
s'amuser à relever les approximations du journaliste,
tandis que le néophyte comprendra, plus ou moins à
tort, que Saint-Vincent a sauvé la société
en rachetant des séries comme Blueberry (chez
Dargaud depuis son origine, à l'exception de quelques
albums estampillés Dupuis), Blake et Mortimer
(une série achetée six années avant la
perte d'Astérix), ou en recrutant Laurent Gerra
pour scénariser Lucky Luke. On regrettera ce
tissu d'approximations, alors que le sujet traité n'est
pas inintéressant, l'éditeur ayant réellement
redressé (au prix d'un lourd endettement interne) une
maison d'édition qui a eu chaud !
Bref, cet effort de la presse non spécialisée
pour parler de notre média préféré
s'illustre, une fois encore, par la méconnaissance
des journalistes pour l'histoire et les coulisses de la bande
dessinée. J'allais oublier une dernière chose
: "le nouveau roi de la BD" ne serait-il pas plutôt
Jacques Glénat, l'heureux éditeur de
Titeuf, le sale gamin de Zep aux millions d'albums
vendus ? CQFD.
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