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Notre Mère la guerre - Tome 2 : Deuxième complainte, par Kris, Maël (Futuropolis)

Notre Mère la guerre

Tome 2 : Deuxième complainte

Scénario : Kris
Dessins et couleurs : Maël

Futuropolis

La Grande Guerre comme au cinéma

Près d’un siècle plus tard, la Première Guerre mondiale n’en finit pas d’inspirer les auteurs de BD. Cette guerre était-elle la mère de toutes celles qui ont suivi ? Etait-elle la plus emblématique de la boucherie ? Est-elle celle qui a créé les nouveaux ordres et désordres de notre planète ? Si cette nouvelle série ne répond pas directement à ces questions, elle plonge sans fard dans l’horreur. Les auteurs Kris et Maël n’ont pas à rougir de passer après Tardi, le maître absolu de cette période. Ils font revivre la tranchée avec un tel réalisme qu’on a l’impression d’y assister. Mieux qu’un film…


Le scénario de Kris est une enquête sur plusieurs assassinats
sur le front, un endroit où pourtant les morts ne manquent pas... Le récit est rapporté bien plus tard – 20 ans après - par Roland Vialatte, lieutenant de gendarmerie à l’époque chargé de l’enquête à la demande du capitaine Janvier. Homme cultivé et humaniste, chrétien pratiquant, l’enquêteur n’est pas au bout de ses peines dans ce décor sinistre. Sur les premières lignes, ont été affectés des jeunes délinquants même pas majeurs. Cette section commandée par le caporal Peyrac affronte une offensive allemande meurtrière qui décime les deux tiers de ses effectifs en janvier 1915. Et pourtant une quatrième victime improbable est découverte. A la serveuse Joséphine, l’infirmière Mariette et la journaliste Irène, s’ajoute la prostituée Mathilde Doorne…

Il peut paraître surprenant de s’intéresser à quatre meurtres quand tant d’hommes périssent comme de la chair à canon. Mais comment l’Armée pourrait elle tolérer un tueur en série, signant le plus souvent ses actes et s’attaquant à des femmes ? En trouvant cet angle d’attaque, Kris pénètre au cœur de l’action, ou plutôt des massacres, souligne le courage et les bassesses, l’héroïsme et les révoltes, la solidarité et les lâchetés, en fait l’humanité contrariée de cette guerre. Variant les styles selon les interlocuteurs, Kris a choisi un narrateur principal littéraire. Le jeu est subtil et très agréable à lire. Enfin, la mise en images de Maël en couleurs directes est éblouissante. Son trait léger couvert par des couleurs pastelles dans des tons bruns, gris et bleus souligne l’essentiel et notamment les expressions du visage, magnifie les mouvements et fait véritablement revivre ce calvaire.

L’un des albums les plus réussis de la rentrée.
La série est désormais prévue en quatre épisodes au lieu de trois initialement.

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Manuel F. Picaud


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