Sparte
Tome 1 : Ne jamais demander grâce
Scénario : Patrick Weber
Dessins et couleurs : Christophe Simon
Le Lombard
Chasse à l'homme ?
Le Lombard renoue de plus en plus sur les séries historiques. Quelques années après une première tentative avortée, Christophe Simon revient au Lombard pour cette nouvelle série. Non pas comme auteur complet comme la dernière fois, mais comme dessinateur d'un projet concocté par le pétillant Patrick Weber, scénariste, journaliste et historien, passé lui aussi par l'univers Martin. Cette première BD de Christophe Simon en dehors de la collection Jacques Martin se poursuit donc au Lombard où Patrick Weber a signé l'album 1066 sur la Tapisserie de Bayeux et le polyptyque les Fils de la Louve. Quelques mois après la relance d'Orion par Marc Jailloux, la Grèce antique est à nouveau à l'honneur. La couverture fait d'ailleurs penser à une synthèse de 300 de Frank Miller et de ce T.4 d'Orion. Du côté, non pas de la Cité d'Athènes, mais de la ville rivale Sparte.
Le récit se déroule au deuxième siècle avant Jésus-Christ principalement à Sparte. La ville est dirigée par le Basileus (ie, le roi) Nabis. Le tyran engage le meilleur chasseur de prime de la cité, Diodore pour lui ramener Agesilas. Ce spartiate charismatique s'est en effet érigé en sorte de Zorro et combat la corruption par des moyens radicaux. La liquidation d'Hector, un proche du roi est la goutte de trop que le despote machiavélique ne peut tolérer davantage. Accompagné de son meilleur ami Nestor, le bel hilote désigné va tenter d'attirer sa proie dans un piège. Mais il n'est pas au bout de ses surprises et pendant ce temps, le secret qu'il garde jalousement pourrait bien être percé...
Le scénariste Patrick Weber fait particulièrement bien revivre l'esprit et la structure sociale spartiate. Derrière la mission principale se cachent heureusement des intrigues plus complexes au cœur du pouvoir où la véritable identité des personnages occupe une importance primordiale. De son côté, Christophe Simon a modernisé le style Martin en lui donnant plus de mouvement, plus d'expressivité, en lâchant son dessin, en adoptant un découpage parfois audacieux, mais en tous les cas moins linéaire et en réalisant lui-même à l'informatique les couleurs dans une gamme chromatique soignée et bien différenciée pour les scènes fréquentes de flash-back. Les amoureux de l'Antiquité regretteront peut-être les trop rares reconstitutions archéologiques. Mais le dessinateur a préféré se concentrer sur les acteurs au centre de cette intrigue très humaine. Il se met d'ailleurs en scène.
Les éléments d'une série rebondissements multiples sont posés pour une série antique originale et prometteuse.