La Conjuration des Vengeurs
Tome 1 : La Vallée des hommes
Scénario : Joëlle Savey
Dessins : CyrilleTernon
Couleurs : Catherine Moreau
Glénat, collection La Loge noire
Qui cherche à décapiter la Franc-Maçonnerie ?
En créant chez Glénat, il y a plus de dix ans, la collection La Loge noire, aujourd’hui arrêtée, Didier Convard avait osé aborder la thématique de la Franc-Maçonnerie en bande dessinée avec sa riche saga, le Triangle secret complétée depuis par ses extensions, I.N.R.I. et Les Gardiens du Sang. Avec ce polar ésotérique au travers des siècles, il y interroge finalement autant les mythes fondateurs du christianisme que de la Franc-Maçonnerie. Un ouvrage passionnant, les Arcanes du Triangle secret écrit par Joël Grégogna sous la direction d’Alain-Jacques Lacot est d’ailleurs sorti cet été aux éditions Véga pour décortiquer la richesse de cette œuvre . Cette fois, Didier Convard supervise l’édition de l’adaptation en bande dessinée du roman La Conjuration des Vengeurs, paru aux éditions Dervy, par Laurent Ducastel et Jacques Viallebesset. Il a réuni pour ce faire Joëlle Savey pour l’adaptation scénaristique et un jeune dessinateur Cyrille Ternon, qui avait notamment dessiné le polar Silien Melville chez Vents d’Ouest avec Jean-Blaise Djian.
Mais qui peut en vouloir à tel point aux dignitaires de la Franc-Maçonnerie ? L’histoire démarre au temps de la révolution française en fin 1793 et présente un maître papetier, Martial Viallebesset et l’érudit Samuel Debure, tous deux membres de la Loge Hermès l’esprit libre universel qui se réunit à l’Auberge du Louis d’Argent. Exactement 212 années après toujours à Paris, la Grande Maîtresse de la Grande Loge Universelle Mixte, Mathilde Jubelas, est retrouvée pendue à l’aide d’une corde à 12 nœuds. Elle est la 3e dirigeante d’une obédience maçonnique à trouver ainsi la mort en six mois. Le Capitaine Marc Delano, policier au caractère bien trempé et aux méthodes tordues, se voit confier la résolution de ces meurtres à la mise en scène spectaculaire et particulièrement macabre. Assisté d’un historien de ces sociétés secrètes, Robert Anderson, lui-même franc-maçon, il va tenter d’élucider cette affaire. Le coupable désigné serait l’extrême-droite, mais la réalité pourrait être plus complexe et impliquer un groupe très organisé. Ne s’agirait-il pas d’une vengeance ? La clé serait bien plus ancienne et pourrait bien trouver son origine dans le mythe d’Hiram, architecte du Temple de Salomon…
Pour le profane qui veut avoir une première approche de la Franc-Maçonnerie, cet album propose de se plonger dans un univers plus discret que secret. Au travers de cette enquête palpitante qui n’épargne pas le lecteur, y compris par des clichés à lire au second, voire troisième degré, il essaime des détails, des gestes, des représentations ou des mythes de ces ordres fraternels. Ici tout est symbole et une lecture attentive permet d’en percevoir des sens. Contrairement au Da Vinci Code de Dan Brown, auquel il fait de nombreux clins d’œil, il ne tente pas de révéler un secret, mais plutôt à dénoncer des préjugés issus de la fameuse thématique du complot judéo-maçonnique. La mise en images informatique par le jeune dessinateur offre une représentation précise des décors et des personnages, malgré quelques raideurs. Le dessinateur continue de progresser de même que sa coloriste Catherine Moreau qui a choisi une plus grande sobriété que le diptyque précédent. Au final, ce premier opus pourrait bien figurer le début d’une nouvelle série passionnante dans les arcanes de la Franc-Maçonnerie. A découvrir sans hésitation.
Pour le moment, l’épilogue de ce diptyque intitulé Les Nobles Voyageurs est prévu pour juin 2012 !