Auracan » chroniques » La Guerre dans la BD
La Guerre dans la BD, Mike Conroy (Eyrolles)

La Guerre dans la BD

Mike Conroy

Eyrolles

« Quelle connerie, la guerre ! »

Ces dernières années, la bande dessinée a accentué son intérêt pour les deux dernières guerres mondiales. Composante incontournable de l’humanité, ou justement son inhumanité, depuis la nuit des temps, la guerre est en fait un sujet prisé par le neuvième art. Dans son ouvrage didactique, joliment documenté et illustré, l’Anglais Mike Conroy tente de brosser un panorama, loin d’être exhaustif, du traitement des différentes guerres depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Les Editions Eyrolles ont la bonne idée de publier la traduction en langue française de
War Comics, a graphic history édité en Grande-Bretagne par Idex en 2009.

Si le cinéma s’est emparé très vite de la guerre, Mike Conroy explique que ce thème n’a pas pu naître au début des bandes dessinées publiées dans les journaux dans un format plus humoristique, mais a attendu l’édition des Comic books dans les années 30 et s’intensifieront dans les années 40 avec même une revue spécialisée War Comics. L’explosion des événements internationaux n’interrompra plus l’essor de ce genre qui s’intéressera aux conflits de toutes les époques. L’ouvrage est divisé en sept chapitres en insistant davantage sur la période moderne. Deux chapitres sont consacrés aux Guerres de l’Ancien monde et la guerre sur le Nouveau Monde. Les cinq suivants couvrent le XXe siècle et le début du troisième millénaire depuis la Première Guerre mondiale aux Conflits contemporains.


La plupart de la riche et rare iconographie et des nombreuses références bibliographiques se rapporte à la bande dessinée britannique, avec un chapitre complet consacré à sa production, et au genre comics américain, mais l’ouvrage ne passe pas à côté de Tardi pour le premier conflit mondial ou Nakazawa pour Hiroshima, et cite aussi l’israëlienne Rutu Modan avec Exit Wounds ou Joe Sacco avec Palestine. A part ces exceptions, le choix de Mike Conroy reste bien anglo-saxon et passe totalement à côté de la BD franco-belge et survole l’avant XXe siècle. Il faut dire que l’auteur de plusieurs ouvrages sur la BD est le créateur des Eagle Awards, prix du public britannique depuis 1976 et ex-rédacteur en chef de Comics International. Cela dit les analyses pertinentes montrent bien la diversité des approches du sujet au travers les différents auteurs, supports et époques. L’auteur décrypte de nombreuses séries et les nouvelles tendances. Et comme il le souligne dans son introduction, avec la reprise du vers de Jacques Prévert dans Paroles (1946), il n’entend pas glorifier la guerre mais « retracer les parcours entachés de sang qu’a suivi l’Homme de ses origines primitives à son prétendu statut de ‘‘civilisé’’. »


Cet ouvrage viendra donc utilement compléter le livre La Grande Guerre dans la Bande dessinée (5 Continent éditions) et Traits résistants - La Résistance dans la bande dessinée de 1944 à nos jours (éditions Libel), ou dans la même collection du même éditeur, La Propagande dans la BD de Fredrik Strömberg.

Partager sur FacebookPartager
Manuel F. Picaud
11/11/2011