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L'Homme qui n'existait pas, par Cyril Bonin (Futuropolis)

L'Homme qui n'existait pas

Scénario, dessins et couleurs : Cyril Bonin

Futuropolis

L'informaticien et la belle

Cet album traite d'un mal contemporain, la solitude, mais l'aborde sous un angle original. Choisir d'être solitaire et de n'avoir aucun contact avec autrui est possible avec les technologies d'aujourd'hui. C'est ce qui permet à Léonid Miller de vivre, en se mêlant  le moins possible à la société. Célibataire misanthrope et informaticien, ce personnage indépendant ne se mêle aux autres que pour sa passion : le cinéma. S'il aime aller au cinéma et s'il trouve "que les personnages de fiction avaient une présence bien plus dense et plus profonde que celle de la plupart des gens", il n'est pas acteur de sa propre vie.

Or, un soir, il devient totalement invisible, inaudible, incapable de toucher. En un mot, il disparaît tel un fantôme.  Avec peu d'effets, l'auteur montre comment son personnage se détache de la réalité, jusqu'à ne plus exister. Lui qui n'éprouvait pas le besoin d'autrui est désormais ennuyé : comment satisfaire ses besoins, qu'ils soient nécessaires ou pas, si on n'existe pas ? Avec une narration simple, sans fioriture, Cyril Bonin nous invite à découvrir cet homme, qui va devoir malgré lui, devenir acteur de sa propre vie. Dans un deuxième acte, il met en scène la rencontre de cet homme avec une jolie femme, une actrice.

Le graphisme choisi colle parfaitement au récit : une ligne simple, réaliste et élégante. Raccords avec le scénario, les plans choisis permettent une "ballade". On découvre cet homme, on se promène avec lui, on suit la rencontre. Aucune précipitation, une fluidité magistrale, un rythme maîtrisé de bout en bout. "L'effet" pour montrer l'aspect invisible de Léonid Miller est bien choisi. Alors que le personnage n'existe plus, ce qui est autour de lui n'est que couleur terne. La seule note chatoyante vient de deux endroits : le personnage et la lumière du cinéma.

L'Homme qui n'existait pas est un récit magnifique qui va à l'essentiel, un récit fantastique où l'imaginaire de la situation se mêle au quotidien, une sorte de conte magique plein de références cinématographiques. Après son adaptation La Belle Image de Marcel Aymé dans une veine semblable, Cyril Bonin montre une nouvelle fois comment il maîtrise toute la palette de la simplicité pour un maximum de ressenti. Au final il parvient à transmettre au lecteur un vrai petit bonheur.

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Hervé Beilvaire

 

 

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Chambre obscure - T1 Quand souffle le vent Quintett - T6 Quintett - T1 & 2

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17/03/2012