Klezmer

Tome 4 : Trapèze volant

Scénario, dessins et couleurs : Joann Sfar

Gallimard BD, collection Bayou

Nomades en vase clos

On retrouve à Odessa la petite bande du groupe de musique klezmer. Nos héros juifs musiciens, « Baron de mes fesses » le clarinettiste, Vincenzo le violoniste, Tchokola le guitariste (gitan lui), Jaacov l’encore récent banjoïste et leur muse, Hava, chanteuse. Ils doivent se produire ce soir sous un chapiteau de cirque. En attendant, le Baron se morfond. Il tente d’oublier Hava dans un bordel tandis qu’elle dîné avec Jacoov. Rien n’y fait, son visage le hante. Il est triste le Baron. Rattrapé par Tchokola, il retourne au chapiteau regarder les trapézistes avant leur tour de chant. Tous deux y retrouvent Vincenzo qui ce soir va enchanter son public… 

Il y a plein de bonnes raisons d’aimer lire Joann Sfar. D’abord la spontanéité du dessin où l’on comprend que la parfaite anatomie d’un personnage compte moins que sa dynamique. Ensuite sa logorrhée où l’on pige qu’une bulle de 17 lignes de texte écrit en pattes de mouche peut se lire sans efforts pourvu qu’il s’y dise quelque chose. Ou encore ses salves de couleurs, ses atmosphères bouleversées à chaque nouvelle page, qui vous font comprendre combien en comparaison le lexique des couleurs mériterait être mieux exploré par tant d’autres auteurs. Enfin, un scénario qui réussit la gageure de faire évoluer une bande d’artistes nomades dans un lieu unique et clos : un chapiteau de cirque à Odessa.

Curieusement, ceux qui n’aiment pas lire Joann Sfar pourraient arguer des mêmes bonnes raisons. À l’égal des trois premiers, ce tome 4 de Klezmer est la quintessence du joyeux bordel de Joann.

À vous de voir, à vous de lire. C’est unique.