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 Les Seigneurs de Bagdad, par Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, collection Vertigo Deluxe (Urban Comics)

Les Seigneurs de Bagdad

Scénario : Brian K. Vaughan
Dessins : Niko Henrichon

Urban Comics, collection Vertigo Deluxe

Parabole sur la liberté

Irak, 2003
. Alors que les bombes pleuvent sur Bagdad, plusieurs d'entre elles explosent autour du zoo. Les animaux, libres, s'échappent. Parmi eux, quatre lions vont découvrir que la liberté peut être chèrement payée. Tiré d'une histoire vraie, ce roman graphique fut édité une première fois aux éditions Panini. Voulant rendre hommage aux dessins de Niko Henrichon, le choix du format s'était porté sur celui de la BD. Une mauvaise idée, qui est réparée par cette nouvelle édition du label Urban Comics.

L'histoire de ces quatre lions s'apparente à une quête, celle de la liberté. L'environnement (le zoo, puis la ville), ainsi que les différentes épreuves vont mettre à mal les fauves. A travers quatre personnages, Brian K. Vaughan raconte comment la liberté est perçue par les lions. Safa est une vieille lionne borgne qui a vécu dans la savane, Noor est aussi une femelle, plus jeune. Les deux mâles sont Zii, l'adulte et Ali le lionceau. Tous se poseront des questions et le lecteur pourra voir dans leurs réponses plusieurs interprétations : la dictature, la guerre, l'invasion, la liberté... Malgré ce thème rhétorique, le scénario n'est pas une suite d'idées philosophiques. Rythmé, passionnant, il met en contraste la captivité tranquille et la liberté dangereuse.

Niko Henrichon se charge de la partie graphique. Ici, il n'y a pas d'anthropomorphisme. Seul le langage des animaux nous est révélé. Tout le reste est ancré dans la réalité. Le trait est magnifique et les animaux sont reproduits dans les moindres détails. Si les personnages principaux sont des animaux, le dessinateur réussit le tour de force de nous faire ressentir leurs émotions. Grace à lui, l'odyssée de ces animaux sauvages nous touchera.

Les Seigneurs de Bagdad
fut récompensé comme le meilleur roman graphique de l'année 2006 par le site IGN. Le scénario est ambitieux, développe de nombreux thèmes sans pour autant alourdir la narration. Le dessin, réaliste, montre le prix de la liberté en temps de guerre (cadavres, violences). Urban Comics permet de remettre ce récit à la place qu'il n'aurait jamais dû quitter. Au sommet.

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Hervé Beilvaire

Du même dessinateur :

Noé - T1

Pour en savoir plus : Site de Niko Henrichon

16/05/2012