La Zone
Tome 4 : Traversée
Scénario et dessins : Éric Stalner
Couleurs : Bruno Pradelle
Glénat, collection Grafica
Sauver la civilisation
Parallèlement à la série Voyageur écrite avec Pierre Boisserie, Éric Stalner s'est lancé dans une série abordant le sombre destin de l'humanité. Toujours chez Glénat, il s'interroge sur les défis de notre planète face au capitalisme dévorant, la pollution grandissante, le réchauffement climatique, les guerres chimiques, la baisse de la fertilité... Anticipant la fin du monde annoncée, il imagine une Angleterre ayant perdu 95% de sa population en 2019. Moins d'un demi-siècle après, le pays en ruine est revenu à l'état sauvage, avec des tribus éparses qui s'organisent pour survivre.
Le savoir réputé responsable de la succession de catastrophes du fait de sa mauvaise utilisation a été tout simplement banni. Quelques sages ont compris au contraire que là réside la solution. La fine équipe débrouillarde autour de l'entreprenant Lawrence tente de sauver ce qui est possible en rejoignant la superbe bibliothèque d’Écosse. Au passage ils pourront découvrir les causes du conflit latent de leur pays envahi par des milices sur armées d'une société multinationale, le conglomérat Winch.
Ce n'est pas la suite futuriste de la série Largo Winch, même si le clin d’œil est amusant et finalement pas si improbable quand le héros humaniste aura transmis son patrimoine à des dirigeants avides. Ce monde inventé par Stalner est sombre. Il aurait peut-être encore pu mieux approfondir les différentes organisations nées du chaos. Ce tome 4 se lit davantage comme un récit d'aventures et une course pour sauver les livres, patrimoine de l'humanité. Quand on connaît l'amour de l'auteur pour la littérature sous toutes ses formes, on n'est pas surpris de ce penchant. La thèse optimiste de l'auteur tend à démontrer que le progrès de l'humanité repose sur le savoir, et non l'argent, la pouvoir et la violence. La démonstration est limpide. Sur le plan graphique, le dessinateur poursuit son style "encrayonné", à la fois dynamique et sensible, bien relevé par des couleurs numériques de Bruno Pradelle.
Un bel épilogue pour une série à vive allure pleine de rebondissements. En même temps l'auteur publie également en solo le T.5 de la série Ils étaient dix chez 12 bis.