Maudit Mardi !

Tome 2

Scénario, dessins et couleurs : Nicolas Vadot

Sandawe

Méfiez-vous des mouettes !

L’éditeur belge participatif Sandawe publie le second volet de sa plus grande réussite pour le moment. En accordant leur confiance à Nicolas Vadot dont Le Lombard publiera en octobre l’intégrale de Norbert en octobre 2012, il a réalisé un pari gagnant encensé par la critique et les lecteurs. Pourtant cette histoire surréaliste à la manière d’une fable n’était pas évidente.

Comment réagiriez-vous si vous preniez réellement racine sur une plage sur une île isolée et qu’une mouette vous annonce que vous mourrez un mardi ? Achille ne veut pas s'en laisser conter. Non seulement l’habile bricoleur parvient à maîtriser son handicap, mais il tire profit des six autres jours où il ne peut rien lui arriver. Il décide de quitter Skellington pour se rendre dans la mégalopole moderne de Hawkmoon pour y retrouver son premier amour, Rebecca. Mais tant d’années après, les retrouvailles ne sont pas aussi chaleureuses qu’il les escomptait et quand le déclic se refait il n’assume pas vraiment son infirmité de bois. Et il finit par se morfondre dans une ville scabreuse où sévit un mystérieux tueur en série qui lui ressemble…

Tandis que le premier épisode situait le personnage et le nœud du problème, le second s’oriente davantage vers le thriller dans la cité sombre. L’habilité de l’auteur est de marier le fantastique et le réalisme, en variant les styles, en changeant le rythme du découpage, en instillant des images oniriques ou encore en variant les tons jusqu’à l’humour. Son trait épais et charbonneux se mélange joliment avec des couleurs tranchées et harmonieuses. Le dessinateur propose d’ailleurs un making-of et une bande son (New Blood de Peter Gabriel). Le message de cette fable reste difficile à interpréter. Le scénariste évoque la nostalgie du passé, la solitude, l’handicap et la mort programmée. Finalement, ne sommes nous pas tous confrontés à cette situation ? On pourrait percevoir une philosophie épicurienne faisant fi de malheureux présage en profitant pleinement de l’instant présent.

Carpe diem