
Clichés de Bosnie
Scénario : Aurélien Ducoudray
Dessins : François Ravard
Futuropolis
Un récit à vif...
Le quotidien d'un photographe dans un canard local n'a rien d'enthousiasmant, entre les remises de décoration et le match de foot de ligue 2. Aussi, quand Aurélien apprend qu'il pourrait faire partie d'un convoi humanitaire pour la Bosnie, il entreprend de décider Arlette, l'enseignante organisatrice du convoi, à l'accepter dans l'expédition. Nous sommes en 2002, alors que le conflit serbo-bosniaque a cessé depuis 5 ans, et Aurélien veut se faire sa propre opinion des conditions de vie d'une population meurtrie et sans ressources.
Va s'ensuivre un périple de près de 2 000 kms pour rejoindre le cœur de la Bosnie avec un groupe d'adultes qui ont déjà fait le déplacement. De l'étudiant en médecine à l'élève infirmier, ils sont plutôt prompts à lancer des calembours pour tenter de dédramatiser ce qu'ils vont vivre : les veuves qui ont échappé aux massacres, sans espoir d'un lendemain meilleur au "tunnel", un local qui recense les corps issus des charniers et qui n'ont pu être encore reconnus par leurs proches…, l'horreur est au bout de la rue.
Difficile de rester insensible à cette histoire. Le dessin sobre mais efficace, en noir et blanc, de François Ravard colle parfaitement au récit autobiographique d'Aurélien Ducoudray. L'auteur rend compte à la manière d'un reportage que ne pourrait renier le magazine XXI, une des rares revues aujourd'hui à rendre l'information que ses journalistes sont allés glaner sur le terrain.
Du coup, on ne lâche pas d'une semelle cet album de plus de 200 pages avant d'en lire l'épilogue. Un cahier spécial regroupe des photos noir et blanc et vient renforcer un récit fort, comme s'il était besoin encore d'apporter des clichés sur le vif.