
Canicule
Scénario : Baru d'après le roman de Jean Vautrin
Dessins et couleurs : Baru
Casterman, collection Univers d'auteurs
Soleil (très) noir
Après le Pauvres Zhéros de Pierre Pelot dans la collection Rivages/Casterman/Noir, Baru signe l'adaptation de Canicule de Jean Vautrin, inaugurant une série consacrée aux romans de l'auteur transposés en BD. Si la Beauce de Canicule est inondée de soleil, l'intrigue, elle, est d'une impitoyable noirceur.
Jimmy Cobb, un braqueur en fuite, blessé, dissimule son butin dans un champ et trouve refuge, in extremis, dans une ferme voisine. Refuge illusoire, car la ferme est occupée par une famille cristallisant, à elle seule, un effrayant catalogue de déviances. Chaque membre de cette "tribu", rongée par les rancœurs et la cupidité représente une bombe en puissance. L'irruption du gangster américain, traqué par la police, dans leur quotidien dégénéré a de quoi mettre le feu aux poudres.
En quelques traits, le dessinateur le plus primé d’Angoulême campe une "gueule", et c'est ce qu'il fallait, pour donner vie à cette effrayante galerie de portraits, qui nous emmène dans un voyage désespéré jusqu'au bout de la violence. Hervé Baru définit lui-même cet album, un peu à part dans sa bibliographie, comme une "chronique du pire de l'humanité sur un mode grinçant". Et c'est vrai que l'association Vautrin-Baru parvient à tirer du lecteur quelques sourires crispés, comme ceux des faciès clownesques d'Horace, le "chef de famille", et de son frère. Porté à l'écran par Yves Boisset en 1984, le propos de Canicule n'a pas vieilli et cette nouvelle illustration du quasi leitmotiv "tous pourris" se concrétise en un véritable album-coup de poing.