Cornelius Shiel
Tome 1 : La Princesse des abysses
Scénario : Patrick Mallet
Dessins et couleurs : Patrizio Evangelisti
Delcourt
Aux frontières du bien et du mal…
C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes. Patrick Mallet (Achab) a parfaitement intégré cet adage. Les ingrédients qui composent son intrigue sont, certes, plutôt classiques : un XIXème siècle réaliste qui se teinte assez vite de fantastique ; un personnage énigmatique, Cornelius Shiel, qui va raconter son histoire à un journaliste… Mais les épices – magie et sorcellerie en tête – relèvent judicieusement le plat.
Et en bon cuisinier, Mallet nous sert le tout avec doigté et savoir-faire. Les allers-retours entre le New-York du XIXèmeet l’Écosse du XVIIème donnent une belle rythmique au récit, évitant ainsi à la voix-off de Cornelius de devenir pesante. Les aventures relatées sont hautes en couleurs, parfois un peu « too much », mais elles ont avant tout le mérite d’éviter le manichéisme propre à ce genre de récit. Dans la lutte incessante entre le bien et le mal, il est agréable de naviguer en eaux troubles, entre les deux.
Les dessins et les couleurs d’Evangelisti sont à la hauteur des enjeux : ils nous en mettent plein la vue. Que ce soient dans les décors et la mise en scène (mention spéciale aux cadrages dynamiques et aux scènes d’action) ou bien dans les personnages, il n’y a rien à jeter. Ce premier tome d’introduction, très dense, fait donc mieux que remplir sa fonction initiale et promet une suite endiablée que nous ne voudrions pas manquer.