Elric
Tome 1 : Le Trône de Rubis
Scénario : Julien Blondel d’après Michael Moorcock
Dessins et couleurs : Didier Poli, Robin Recht, Jean Bastide
Glénat, collection Grafica
Ni humain, ni démon…
John Ronald Reuel Tolkien, Robert Howard et Michael Moorcock sont généralement considérés comme les pères fondateurs de l’heroic fantasy (plutôt appelée sword and sorcery à leur époque). Et on pourrait aisément voir en Moorcock l’initiateur de la Dark Fantasy. En effet, autour d’Elric, empereur albinos malade et torturé, c’est un univers sombre et décadent qu’a développé l’écrivain.
Œuvre mythique, la saga d’Elric a été déclinée sous de nombreuses formes, séduisant de multiples illustrateurs, essentiellement outre-Manche et outre-Atlantique. En France, Philippe Druillet s’y est attaché en 1969. Aujourd’hui, sur une adaptation de Julien Blondel, Didier Poli, Robin Recht et Jean Bastide en donnent une narration en images, certes plus classique, mais qui, comme le souligne Michael Moorcock dans son avant-propos, retranscrit idéalement l’essence de sa création.
Et on ne peut qu’être impressionné par le véritable opéra graphique que délivre l’équipe d’auteurs, saisissant la démesure du personnage et de son monde pour la concrétiser en images. On pense à Druillet comme à Clive Barker, mais l’ensemble va bien au-delà des références pour constituer une fresque noire et grandiose baignant dans une étonnante énergie. L’univers d’Elric est, à l’image de la personnalité du héros, complexe et plein de contrastes. La présente adaptation compte, parmi ses multiples qualités, celle d’en démontrer pourtant la cohérence, pas toujours évidente dans les romans originaux parfois inégaux.
Un dossier de 16 pages, regroupant notamment une série d’hommages de différents dessinateurs complète agréablement la première édition de ce Trône de Rubis sans doute vénéneux mais ô combien somptueux !