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Au royaume des aveugles - Tome 2 : Trompeuses apparences, par Olivier Jouvray, Fred Salsedo (Le Lombard)

Au royaume des aveugles

Tome 2 : Trompeuses apparences

Scénario : Olivier Jouvray
Dessins : Fred Salsedo
Couleurs : Greg Salsedo

Le Lombard

Souriez, vous êtes filmés !

En 2060 la multiplication des caméras, des réseaux sociaux et des systèmes de surveillance automatisés ont donné raison à ceux qui avaient annoncé la fin de la notion de vie privée. Presque tout le monde s'en accommode, hormis quelques groupes d'activistes comme celui qu'a rejoint Laurette. S'étant engagé dans la police pour rechercher celle-ci, son frère Adil réalise que les choses sont bien plus complexes que ce qu'en perçoit le citoyen lambda. Quant à Francis, leur père, il cache également bien son jeu sous ses allures de policier retraité bougon.

Révélée avec le formidable Nous ne serons jamais des héros (Le Lombard – collection Signé), l'association d'Olivier Jouvray et des frères Salsedo se poursuit de belle manière avec ce triptyque qui relève autant du polar ou du thriller que de la science-fiction. Quel est le cerveau qui coordonne ces "yeux", caméras omniprésentes dans une ville de Londres (à peine caractérisée) qui donnerait facilement l'impression d'être elle-même virtuelle ? Les grands éléments de l'intrigue ont été distribués dans le tome précédent (Les Invisibles) mais le scénariste enrichit son histoire et brouille les pistes en multipliant les faux-semblants et les manipulations. Qui est vraiment qui ? Quel est le rôle de la police, des politiques, des insurgés ? Qui tire réellement les ficelles de ce système ? Le noyau familial Laurette-Adil-Francis se reconstitue, mais ce que laissait soupçonner le premier album au sujet de Francis Morrison est largement dépassé par ce que nous en dévoilent ici les auteurs.

Olivier Jouvray met en scène des personnages complexes et finalement très "humains" avec leurs qualités et leurs défauts, en faisant également montre d'une grande justesse dans les dialogues. Le dessin de Fred Salsedo (assorti des couleurs froides de son frère Greg) lui répond une fois de plus idéalement, favorisant l'expressivité plutôt que l'académisme (ce qui peut surprendre, convenons-en, quand on le découvre pour la première fois). À l'époque d'une société de l'image et de la communication, Au royaume des aveugles inspire la réflexion. L'équipe constituée par ses auteurs mérite pour sa part d'être suivie avec beaucoup d'attention.

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Pierre Burssens

07/09/2013