Esteban
Tome 5 : Le Sang et la glace
Scénario et dessins : Matthieu Bonhomme
Couleurs : Delphine Chedru
Dupuis
Le bout de la fuite
Avec la réédition complétée, et sous le titre Esteban, des deux premiers albums initialement publiés (sous le titre Le Voyage d’Esteban) chez Milan, et l’édition du tome 4 Prisonniers du bout du monde, l’an dernier, Dupuis a très joliment relancé cette série particulièrement chère à Matthieu Bonhomme. Et on ne peut que s’en féliciter. Les quatre premiers albums nous ont offert dépaysement dans une région peu fréquentée par les auteurs de BD, Action et Aventure, toutes deux avec un grand A, l’ensemble se greffant sur une intrigue prenante et solide.
Ces ingrédients se retrouvent dans ce cinquième album fort attendu. Les dernières planches du tome 4 nous avaient laissés en plein suspense. Les marins qui se sont évadés du bagne d’Ushuaïa échouent sur les rivages d'une terre glacée, peuplée d'Indiens Tehuelche hostiles aux Blancs. Seule l’intervention d'Esteban les empêche d’exterminer les fugitifs. Quand surgit le navire commandé par le gouverneur d'Ushuaïa, lancé à leur poursuite, Esteban et ses compagnons, acculés, n'ont d'autre choix que de faire face. Rencontres, affrontements et retournements de situation se succèdent sur un rythme haletant sans que soient négligés les aspects plus psychologiques et dramatiques de l’histoire. Ainsi, par exemple, le portrait de Clara, l’épouse du gouverneur, entamé dans l’album précédent, se complète et se révèle particulièrement émouvant.
Le beau dessin de Matthieu Bonhomme évolue, en douceur, vers plus de réalisme, et se rapproche progressivement de son travail sur Texas Cowboys (scénario de Lewis Trondheim, Dupuis), à la fois classique et pourtant complètement actuel. Certaines planches peuvent paraître très chargées mais d’autres offrent de grandes respirations dans des décors grandioses.
Le Sang et la glace clôture un premier cycle de cette très belle série d’aventures qui, comme l’annonce indirectement un des personnages en fin d’album, devrait se poursuivre le plus loin possible, à l’autre bout du monde ! Trop tôt pour parler de valeur sûre ?