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L’Homme qui assassinait sa vie, par Emmanuel Moynot d'après Jean Vautrin, Emmanuel Moynot , collection Univers d'auteurs (Casterman)

L’Homme qui assassinait sa vie

Scénario : Emmanuel Moynot d'après Jean Vautrin
Dessins : Emmanuel Moynot
Couleurs : Emmanuel Moynot

Casterman, collection Univers d'auteurs

Table rase

Après l’excellent Canicule par Baru, voici déjà la seconde adaptation d’un roman de Jean Vautrin dans une série que lui consacre Casterman et… que supervise Baru. Cette fois, c’est Emmanuel Moynot qui s’adonne à cet exercice délicat, et il est amusant de constater que le dessinateur qui a succédé à Tardi sur Nestor Burma passe à son tour par la case Vautrin, alors que Tardi l’avait fait en son temps avec l’impressionnant Cri du Peuple.

Mais le registre est différent, L’Homme qui assassinait sa vie est en effet un polar bien sombre et sanglant, peu avare cependant d’un humour… tout aussi noir et décalé qui lui apporte une bonne partie de son attrait. Ceux qui ont apprécié Canicule y retrouveront le même ton grinçant. Les personnages sont sans doute plus traditionnels, puisque les principaux acteurs sont ici un ex-taulard qui a décidé de faire de son passé table rase, de manière plutôt expéditive, un vieux policier et un détective privé paumé. Ajoutons-y un autiste égaré, des transporteurs pourris et quelques femmes (vraiment) fatales, le tout bouillonnant dans un climat de magouilles en tous genres. Quand tout ce petit monde se croise ou se côtoie… bonjour les dégâts !

La bonne centaine de pages que compte cet album peut parfois (mais rarement) sembler longue, mais Emmanuel Moynot prend son temps pour installer ses personnages dans l’intrigue. Et progressivement, c’est un savant assemblage qu’il nous restitue. On pourrait en effet imaginer que rien ne prédestinait les protagonistes à se croiser, et pourtant, il va s’en passer des choses à l’approche de Toulouse. Pour les décrire, l’auteur adopte un dessin jeté et des couleurs aussi violentes que l’action mise en scène, et, côté dialogues, conserve quelques "bons mots" des personnages se rattachant à ce que l’on pourrait nommer une philosophie de la pétoire. Moins âpre que Canicule, L’Homme qui assassinait sa vie donne lieu à son tour à une adaptation réussie et procurera aux amateurs de "noir" une lecture jubilatoire et cruellement souriante.

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Pierre Burssens

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14/09/2013