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Harden - Tome 1 : Sin piedad, par Joaquim Diaz (Le Lombard)

Harden

Tome 1 : Sin piedad

Scénario, dessins et couleurs : Joaquim Diaz

Le Lombard

Ni le feu, ni les balles…

« Si la violence est le moteur d’une histoire, en quoi la dissimuler aurait-il un sens ? » répondait l’écrivain de thrillers Olivier Descosse à un journaliste lors d’une émission télé. Et la violence, elle est incontestablement au cœur de l’histoire d’Ismaël. Engagé dans l’armée pour quitter les gangs chicanos de Los Angeles, il est confronté à une situation qui a empiré à son retour d’Irak. Et puis, il a vécu là des choses qui le dépassent et ont fait de lui un être différent. Quand sa sœur et son neveu sont assassinés, c’est à cet autre Ismaël que s’ouvre la porte…

Joaquim Diaz nous entraîne dans un univers poisseux et hyper-violent pour ce premier tome d’un diptyque extrêmement sombre, thriller à la frontière de l’horreur. L’auteur prend cependant le temps d’installer les bases de son histoire quelque part du côté de l'envers du rêve américain, dans un monde misérable, terrain propice au développement de cette violence, et d’y apporter tout de même assez d’humanité pour rendre son personnage principal et sa famille (décimée) relativement attachants. Qu’a réellement vécu Ismaël à l’armée ? Quelle est l’origine des visions qui le hantent ? Et surtout, d’où vient cette transformation qui lui donne une force surhumaine et semble le rendre indestructible ?

Entre Hulk et Un justicier dans la ville, le scénario nous fait suivre un itinéraire de destruction. Le dessin de Joaquim Diaz restitue une atmosphère explosive et désespérée et… certaines scènes très dures. On déplorera néanmoins une utilisation excessive d’artifices informatiques qui rappelle les images de certains jeux vidéo. À l’arrivée, malgré sa qualité correcte de réalisation, on pourra s’interroger sur le propos même de Sin Piedad (Sans pitié). Une discrète mention « pour public averti » figure au dos de l’album, juste au-dessus de son code-barre. Discrète, trop discrète… alors que les éditeurs hésitent rarement à apposer un sticker - en général plus commercialement porteur il est vrai - sur une couverture de livre.

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Pierre Burssens

13/10/2013