Le Tueur
Tome 12 : La Main qui nourrit
Scénario : Matz
Dessins et couleurs : Luc Jacamon
Casterman
Les faiblesses de Mariano
Rares sont les séries auxquelles on associe immédiatement un ou des auteurs. Le Tueur en fait indéniablement partie. Matz et Jacamon ont réussi l'exploit de rendre attachant un personnage de prime abord complètement antipathique. Un tueur à gages glacial dont le scénario nous fait partager les pensées à travers de longs narratifs à la première personne. On est particulièrement bien servi de ce côté avec La Main qui nourrit , nul doute que les quatre premières planches s’attireront les ires des opposants à la corrida… Mais que voulez-vous, le tueur ne se refait pas !
Pourtant, notre homme est moins sûr de lui et de ses "amis" que lors des deux premiers cycles de ses aventures, à commencer par Mariano, son ex-apprenti, entré en politique et porté sur la coke. Une faiblesse qui ne va pas simplifier la vie du tueur, particulièrement méfiant depuis l’assassinat d’un agent de la CIA.
Le dessin très typé de Luc Jacamon répond encore une fois idéalement au parcours amer, cynique et semé de cadavres imaginé par Matz pour ce héros bien particulier. Trait acéré, compositions de planches et cadrages audacieux, le travail du dessinateur colle parfaitement à cette improbable odyssée. Les déplacements du personnage lui permettent, en outre, de nous offrir de splendides paysages. Des images que l’on pourrait qualifier de paradisiaques dans un documentaire touristique, mais qui s’inscrivent dans un scénario tendu et côtoient celles du tueur réglant ses problèmes… à sa manière ! On saluera aussi le contraste entre la couverture aride du tome 11 et la nature aquatique de celle-ci.
La série est une valeur sûre du rayon thrillers. Mieux, La Main qui nourrit remédie à la légère baisse de rythme ressentie avec l’épisode précédent. En spécialiste du genre, Matz a concocté un cliffhanger qui appelle au prochain album. Cette fois, plus de doute, le troisième cycle des aventures du Tueur est lancé !