Albator, Corsaire de l'Espace

de Shinji Aramaki et Harutoshi Fukui d'après Leiji Matsumoto

Toei Animation

Albator sur grand écran

La planète Terre est devenu un sanctuaire, protégée par la coalition Gaïa. Les colons qui voudraient revenir sur la planète bleue en payeraient le prix fort. Seul Albator, ancien officier de l'armée s'est élévé contre la coalition. il veut à tout prix reprendre la Terre ! Quel est son but ?

Crée par l'auteur Leiji Matsumoto, Captain Harlock (le nom original d'Albator) est connu en France pour deux séries télévisées : Albator 78 et Albator 84. À côté de ces deux séries d'animations, il y a tout un univers étendu qui fait plus ou moins référence au capitaine pirate. Quand en 2012, le long-métrage est annoncé avec la venue de Leiji Matsumoto à Angoulême, les enfants devenus grands deviennent impatients.
L'univers de Leiji Matsumoto et par conséquent d'Harlock se renouvelle tout le temps. De Gun Frontier à Galaxy Express 999 en passant par Captain Harlock : The Endless Odyssey, les personnages restent mais les rôles sont différents. On peut ajouter à cette caractéristique que si l'univers d'origine est celui de Matsumoto, il n'est pas impliqué dans le scénario. Il "prête" son personnage pour ce film d'animation.

Si le doublage français reste correct, on pourra s'étonner de certains choix de traductions. Albator n'est pas un corsaire, mais un pirate. Pour le rappel historique, un corsaire pouvait attaquer tout navire ennemi s'il était autorisé par son gouvernement. Ici, ce n'est pas le cas. Pour un pays maritime comme le nôtre, c'est dommage. D'autre part, si des personnages comme Yattaran (Alfred), Kei (Nausicaa) ou Toshiro (Alfred) regagnent leur patronyme original, pourquoi pas Albator ? Eric Charden avait eu l'idée de combiner celui du rugbyman Jean-Claude Ballatore avec l'oiseau Albatros. Il avait peur que le personnage soit confondu avec le capitaine Haddock. Quarante ans aprés, est-ce toujours le cas ? Nous n'en sommes pas sûrs.

Malgré ces "détails", l'histoire est prenante. En mettant en avant l'équipage du vaisseau, Harlock n'est plus qu'une ombre, un fantôme qui sert de mentor, de capitaine et de guide. Mélangeant les thématiques de la liberté mais aussi de la culpabilité, le réalisateur Shinji Aramaki dresse une odyssée sombre et adulte. Si le design des personnages est superbe, on pourra regretter que Kei soit hyper-sexualisée (au point d'avoir droit à une scène de nu gratuite). Le vaisseau spatial l'Arcadia prend vie sous nos yeux et les combats sont magistraux. Le vaisseau-pirate n'a jamais paru aussi menaçant.

Albator, Corsaire de l'Espace apporte un nouveau regard sur l'oeuvre de Leiji Matsumoto. Tour à tour poétique, violente, voire dérangeante (la conclusion n'est pas loin d'être nihiliste), elle n'en reste pas moins superbe dans sa réalisation. Pour son premier passage au grand écran, on aurait pu avoir pire.